La communauté musulmane célèbre la fête de la tabaski demain vendredi. En ce mercredi matin, soit trois jours avant cette célébration, les foire de betails de Cotonou et de ses environs sont peu animés. La faute à la cherté des moutons dont se plaignent tous ceux qui se sont heurtés à l’intransigeance des vendeurs.
Les marchés de bétail de Zongo à Cotonou et de Djeffa, situé à 15 kilomètres environ sur l’autoroute Cotonou / Porto-Novo, témoignent de ce climat inhabituel à l’approche d’une des plus grandes fêtes musulmanes. Dans ces deux lieux de négoce, les nombreux commerçants burkinabè, nigériens et maliens qui arrivent dans un incessant ballet avec leurs milliers de moutons sont dans l’attente des clients béninois et nigérians.
Pour Ousmane Mouhamadou, secrétaire général du marché de bétail de Zongo, la rareté des acheteurs s’explique par les prix exorbitants des bêtes.
« Avant-hier seulement je suis venu acheter un mouton à 60.000 FCFA ici. Et aujourd’hui, on dirait que les prix ont quasiment triplé. Le vendeur me réclame 150.000 FCFA pour le même genre de mouton que j’avais acheté», se plaint Diallo Assani.
Après s’être acheté un bélier, il en veut un deuxième qu’il compte offrir à sa mère. Mais devant l’intransigeance du vendeur, Assani n’exclut pas de rentrer bredouille à la maison, quitte à revenir une autre fois.
Zianath, une femme croisée un peu plus tard, a certes pesté contre »ces commerçants véreux » mais s’est résolue à vider son portefeuille pour se procurer un bélier. Contrairement à l’année dernière où elle avait allongé 110.000 FCFA, cette fois-ci elle est obligée de débourser 300.000 FCFA. Tout en comptant les liasses à remettre à l’heureux vendeur, elle n’a pu s’indigner qu’on lui exige autant d’argent pour un mouton qui, dit-elle, ‘’ne devrait pas dépasser les 150.000 FCFA’’.
S’insurgeant contre toute idée de profiter de la situation, Souleymane convoque son statut de croyant qui lui interdit de trop tirer sur la corde. « Le bon musulman que je suis ne peut pas empêcher ses frères d’accomplir le rituel sacré en vendant cher ses moutons. Au contraire, je les vends parfois en deçà de leur prix de revient », souligne-t-il non sans reconnaître qu’il ne peut ne pas tenir compte des frais que lui occasionne le transport des bêtes par camions depuis des pays limitrophes comme le Mali ou le Niger.
Pour Abdoulaye, un vendeur de moutons venu de son Niger natal, il n’est pas question qu’il brade ses bêtes qui sont de ‘’premier choix’’. ‘’Mes moutons ne sont pas à brader. Les acheteurs viennent, mais ils n’acceptent pas mes prix. Or, ils voient très bien que mes moutons sont propres et n’ont aucun problème (handicap physique). C’est pour cela que j’ai foi que je vais tous les vendre avant la fête’’, martèle Abdoulaye dont les béliers coûtent entre 70.000 et 200.000 FCFA.
Ne voulant toutefois pas effaroucher les acheteurs, il assure agir ‘’par solidarité’’ envers ses coreligionnaires car ses beaux moutons devraient normalement se négocier entre 150.000 à 300.000 FCFA.
Beaucoup de Béninois ne croient pas trop à de telles assurances et préfèrent à l’image de Lawal Arimi attendre la veille de la Tabaski ou le jour même pour se payer un mouton. Pour ces derniers qui comptent se rendre au foirail dés après la grande prière, les vendeurs seront obligés de baisser les prix pour éviter d’avoir beaucoup de bêtes à entretenir après la fête.
Selon les statistiques officielles, environ 30% de la population béninoise, estimée à plus de 11 millions d’habitants, pratique la religion musulmane. La fête de l’Aïd-el-Kébir ou Tabaski est prévue vendredi au Bénin.