À Bamenda, tous les deux-roues – dont les mototaxis, appelés « okadas » à Bamenda – sont interdits de circuler de six heures du soir à six heures du matin dans la capitale de la région anglophone du Nord-Ouest. Et ce depuis le 1er décembre. Mesure prise par le préfet du département de la Mezam pour raisons de sécurité. Une interdiction diversement appréciée par les habitants.
Trop d’attaques, d’enlèvements ou tentatives d’enlèvement perpétrés à moto ces derniers temps à Bamenda. L’interdiction est compréhensible pour Sandra, mais elle pèse sur le quotidien. « C’est mieux pour la sécurité. Car c’est à moto que des actes horribles ont été perpétrés ici à Bamenda. Mais ça complique beaucoup les déplacements. Car pour beaucoup de gens, seules les motos permettent de rentrer le soir dans des quartiers où les taxis ne peuvent pas rouler. »
L’interdiction des deux-roues à partir de 18h à Bamenda a été prise quelques jours après l’attaque du 25 novembre contre un bar où une rencontre avec un acteur du Nigéria était organisée. Au moins cinq personnes sont mortes. Mais pour Mayenin Ndi, président de l’assocation des motocyclistes de Bamenda II et de la Mezam, c’est injuste de contraindre tous ses collègues
« Nous, les motocyclistes, nous avons des familles à nourrir. Cette interdiction paralyse l’économie. Nous souffrons. Nous ne sommes pas d’accord avec cette interdiction. Nous n’avons eu aucune notification. Ceux qui utilisent les deux-roues pour des atrocités dans la ville sont des ignorants, mais nous nous faisons notre travail de façon responsable. C’est notre gagne-pain. Cette interdiction doit être levée. »
Le maire de Bamenda, Achombong Paul, lui, appelle chacun à la patience et la responsabilité. « Le préfet a fait ce qu’il fallait. (…) Les agresseurs, les meurtriers, à chaque fois, s’enfuient sur deux roues. Certes, tous les motocyclistes ne sont pas responsables. Mais ils doivent contrôler leur activité, c’est une responsabilité collective. Chaque homme et chaque femme doit être le gardien de la sécurité des autres. »
En attendant, les habitants de Bamenda prennent de nouvelles habitudes, quittent le travail plus tôt ou marchent longuement pour rentrer chez eux.
RFI