Plusieurs ministres des trois pays réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) étaient à Ouagadougou ce jeudi 15 février. Une réunion quelques semaines après que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait de la Cédéao. Une décision irrévocable, ont répété les ministres. Les trois États sahéliens dirigés par des militaires veulent désormais créer une confédération.
Avec cette réunion au Burjina Faso, les trois pays sahéliens font un pas de plus dans la mise en place de la confédération qu’ils veulent créer. « Ouagadougou nous offre aujourd’hui l’occasion de franchir un pas supplémentaire dans la poursuite de la mise en place des instruments, mécanismes et procédures de notre alliance, ainsi que dans l’architecture juridique de la confédération envisagée par nos trois États », a déclaré le ministre burkinabè de la Défense, le général Kassoum Coulibaly.
« Des références historiques propres au peuple du Sahel »
À ses côtés, les délégations ministérielles burkinabè, malienne et nigérienne étaient présentes. « Ce mécanisme permettra à notre alliance et à la confédération de fonctionner efficacement et au grand bonheur de nos populations », a soutenu son homologue nigérien, le général Salifou Modi. Ce projet de confédération a déjà été évoqué début décembre à Bamako lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des trois pays. Dimanche, dans une interview à la télévision nationale, le chef du CNSP nigérien, le général Tiani, a par ailleurs évoqué la possible création d’une monnaie commune.
Les ministres n’ont pas révisé la charte de l’alliance des États du Sahel mais ils ont convenu que le futur traité portant sur la création de la confédération prendra en compte leur retrait sans délai de la Cédéao. « S’agissant du traité portant création de la confédération, alliance des États du Sahel, les ministres ont noté la nécessité de fonder le traité de la confédération sur des références historiques propres au peuple du Sahel », a déclaré Karamoko Jean-Marie Traoré, le chef de la diplomatie burkinabè. « Les ministres ont par ailleurs engagé les ministres des Affaires étrangères de poursuivre la réflexion sur le traité en vue de son amélioration avant la tenue de la session inaugurale du sommet des chefs d’État », a-t-il ajouté.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé il y a quelques semaines leur retrait de la Cédéao. Aujourd’hui, à Ouagadougou, les ministres l’ont affirmé : cette décision est irréversible et irrévocable puisque l’organisation régionale s’est, selon eux, détournée de son principal objectif d’être au service des peuples.
De son côté, le ministre nigérien de la Défense a une nouvelle fois dénoncé les sanctions imposées par la Cedeao à son pays suite au coup d’État du 26 juillet. Les ministres membres de l’alliance des États du sahel ont condamné ce qu’ils considèrent comme une « confiscation sans fondement des avoirs financiers du Niger par l’UEMOA » à travers la banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. « Les ministres de l’AES exigent la levée sans délai de cette mesure unique qui ne vise qu’à punir injustement un peuple dont le seul tort est d’aspirer à la pleine jouissance de sa souveraineté et à la prise en main de son destin », a ajouté le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop.
« L’AES n’est pas une alternative crédible à la Cédéao »
Cette idée de confédération ne fait, en tout cas, pas l’unanimité au Sahel. Ismaël Sacko, membre de la plateforme d’opposition Appel du 20 février, qui rassemble les partis politiques et organisations de la société civile réclamant le retour à l’ordre constitutionnel, l’AES est une solution pour les régimes militaires sahéliens, mais pas pour les populations. « La création de cette organisation n’a pas été décidée en référendum et la population n’a pas été associée. L’AES n’est pas une alternative crédible à la Cédéao », juge le président du Parti social démocrate africain (PSDA), visé par une procédure de dissolution initiée par les autorités maliennes.