Au Bénin, les grades du CAMES ne donneront plus automatiquement droit aux fonctions d’enseignant dans le public supérieur, a déclaré le président Patrice Talon lors de l’installation de la délégation générale au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur. Et au chef de l’Etat d’ajouter : « celui qu’on dénomme communément professeur d’université devra être un expert dans sa discipline, et son expertise devra régulièrement être évaluée par d’autres experts de renommée internationale ». Lire l’intégralité du message du président Talon.
Message d’exhortation de monsieur Patrice TALON, lors de l’installation de la délégation générale au contrôle et à l’éthique dans l’enseignement supérieur
Monsieur le Délégué général,
Madame et messieurs les Délégués,
Ce jour consacre à la fois la fin d’un processus et le début d’une nouvelle ère.
La fin d’un processus parce que le chemin a été plus long que prévu pour parvenir à votre installation.
Le début d’une nouvelle ère car l’avènement de la Délégation Générale au Contrôle et à l’Ethique, j’en suis convaincu, sonne l’heure du retour des valeurs dans le secteur de l’Enseignement supérieur au Bénin.
Ce secteur, parce qu’il contribue au plus haut niveau à la formation du citoyen, est essentiel au développement.
Aussi, pour retrouver ses lettres de noblesse, doit-il subir sa cure de réformes.
Si dans un premier temps nous avons travaillé à réorganiser sa gouvernance, il restait encore à s’attaquer au champ de l’éthique, de la pédagogie, de la déontologie et de la qualité.
Car, à la vérité, il est un besoin pressant d’engager l’assainissement des mœurs, de promouvoir la conscience professionnelle et de veiller à la qualité du contenu des enseignements ; le tout afin que l’éthique et la qualité cessent d’être simplement de jolis mots sans contenu réel.
Il fallait donc agir impérativement. Agir pour redonner confiance à nos enfants, aux apprenants ainsi qu’à leurs parents.
Agir pour dire aux enseignants vertueux, dévoués et dotés de connaissances pointues régulièrement mises à jour, qu’ils n’ont pas tort de l’être et à ceux qui s’écartent des normes professionnelles et éthiques, qui, quoique diplômés, n’ont pas l’expertise et se complaisent dans la routine, que cela ne saurait prospérer plus longtemps.
Mesdames et Messieurs les recteurs, les vice-recteurs en charge des affaires académiques, les directeurs d’écoles supérieures, les doyens de facultés, représentants des enseignants du supérieur, les représentants d’étudiants, désormais, au Bénin, celui qu’on dénomme communément professeur d’université devra être un expert dans sa discipline, et son expertise devra régulièrement être évaluée par d’autres experts de renommée internationale.
Il devra savoir transmettre ses connaissances et être d’un professionnalisme irréprochable ; il devra aussi et surtout s’interdire toute relation ou tentative de relation amoureuse avec son apprenant.
Aussi, me plaît-il de rappeler que désormais au Bénin, les grades du CAMES ne donneront plus automatiquement droit aux fonctions d’enseignant dans le supérieur public.
Une qualification complémentaire sera requise.
Madame et Messieurs les délégués,
Au regard de votre mission et de vos prérogatives, vous comprenez aisément mon enthousiasme au moment de vous renvoyer à vos fonctions.
En effet, vous avez compétence pour intervenir aussi bien dans le public que dans le privé, pour faire respecter les règles d’éthique et de déontologie, pour évaluer ou faire évaluer les enseignants, et sanctionner au besoin tout manquement.
Vous êtes donc désormais gendarmes des mœurs, de la déontologie et de la qualité dans le monde universitaire.
Votre action résolue est attendue pour sonner la fin de la routine, de l’incompétence et des déviances professionnelles et comportementales ou pour les faire sanctionner avec la dernière rigueur.
A cet effet, je voudrais féliciter chacun de vous pour le choix porté sur vos personnes.
Qu’il s’agisse des plus jeunes parmi vous ou des plus anciens, vos parcours et vos diverses expériences, vous créditent de la confiance nécessaire pour aborder ce chantier si dense et si délicat.
Je n’ai donc aucun doute que vous saurez vous montrer à la hauteur des attentes de notre nation.
La nation dont les enjeux de développement exigent que nous ayons des enfants bien formés, des enseignants dévoués et responsables ; notamment à l’université.
L’université, ce haut lieu du savoir comme nous disons, où le sens de responsabilité, le sens du devoir et de l’honneur doivent plus que jamais guider les différents acteurs qui y interviennent.
Je sais pouvoir compter sur vous, madame et messieurs les Délégués au Contrôle et à l’Ethique, pour y contribuer fortement.
Mon soutien personnel vous est acquis, comme celui du Gouvernement dans son ensemble.
Il vous appartient maintenant de mériter notre confiance et, par-delà, celle de la nation tout entière.
En cette occasion exceptionnelle d’installation de la Délégation Générale, je me dois de vous rappeler avec insistance que vous devez veiller à la promotion de comportements vertueux, au contenu des enseignements et au bon comportement des enseignants.
Et s’il y a des disciplines pour lesquelles les compétences de contrôle ne sont pas encore disponibles dans notre pays, vous avez la latitude de faire appel à des experts étrangers.
C’est dire que rien ne peut ou ne doit vous empêcher d’accomplir votre mission comme il se doit.
Avec audace, soyez donc les instruments du renouveau de l’Enseignement supérieur au Bénin.
Vous en avez la capacité.
Je vous remercie.