Les députés ont reçu ce jeudi 23 juin 2022 au Palais des gouverneurs à Porto-Novo le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique Alassane SEIDOU pour répondre des questions orales au Gouvernement liées à la consommation de la chicha posées par l’honorable Nazaire SADO. Au cours des débats menés sous la férule du président de l’Assemblée nationale Louis Gbèhounou VLAVONOU, ils ont été contre la consommation de ce produit nuisible à la santé et proposé au Gouvernement la prise des mesures hardies.
Trois questions ont été posées au Gouvernement. Il est question de savoir les mesures prises par le Gouvernement pour éradiquer ce fléau constitué par la consommation de la chicha; si une autorisation est requise par les bars et discothèques dans lesquels se consomme la chicha; et enfin s’il existe des statistiques au Ministère de la santé par rapport aux affections liées à la consommation de la chicha.
Face aux questions, le ministre Alassane SEIDOU a donné des réponses diversement appréciées par les représentants du peuple. Pour l’auteur de ces questions posées au Gouvernement depuis le 21 septembre 2020, l’honorable Nazaire SADO, le Gouvernement a reconnu les méfaits de la consommation de la chicha et il n’y a pas une législation spécifique en la matière. Selon lui, l’amende proposée pour décourager les consommateurs est suffisamment faible. Pour cela, il a suggéré la prise d’un arrêté interministériel pour décourager le fléau. Pour finir, il a félicité les préfets pour les initiatives prises contre ce fléau par le passé.
Pour l’honorable Norbert AHIVOHOZIN, c’est un phénomène alarmant. Quant au député Florentin TCHAOU, il souhaite que la consommation de la chicha soit encadrée puisqu’il s’agit d’une question économique. Pour son collègue Sanni MAMA, il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités car ce phénomène, a-t-il déploré, décime la jeunesse. C’est pourquoi, il a proposé que la loi contre le tabagisme soit corsée et que l’importation de la chicha soit interdite. Comme lui, l’honorable Sina OUNINGUI Bio Gounou, a tout simplement opté pour une urgence face à ce problème de santé publique. C’est l’honorable Aguêmon BADIROU qui a été percutant dans son analyse. Pour lui, le phénomène de la chicha commence par prendre de l’ampleur dans notre pays. Il suffit d’aller dans les bars les soirs pour se rendre compte de son ampleur. Selon une étude qu’il a commanditée, a informé l’honorable, la chicha qui est consommée par les enfants n’est rien d’autres que de la drogue et ce n’est que d’ici 10 ans voire 15 ans qu’ils développeront de graves pathologies. Face à ce phénomène qui n’arrange que les promoteurs de bars et certains opérateurs économiques, il a opté pour l’utilisation de la loi contre le tabagisme. Dans son intervention, l’honorable Bénoit DÈGLA a fait remarquer que la chicha est dangereuse. » Consommer la chicha pendant une heure équivaut à plus de deux paquets de cigarettes. S’il y a un texte qui interdit la cigarette, il faut la réviser comme la chicha est plus dangereuse que la cigarette et dire comment la consommer… », a-t-il déclaré avant de plaider pour la prise d’un arrêté interministériel en attendant une législation appropriée. L’honorable Mariam BABAMOUSSA est du même avis. Prenant la parole, elle a suggéré qu’il faille corser les mesures et revoir les textes législatifs et règlementaires. Il faut également, a-t-elle poursuivi, soutenir les communes, les Ong qui font la lutte contre la chicha et créer au besoin une semaine de lutte contre ce phénomène. À son tour, l’honorable Chantal AHYI a plaidé pour l’encadrement de la consommation de la chicha et en a appelé à la vigilance des parents tout en mettant un point d’orgue sur la sensibilisation. L’honorable Nathanaël SOKPOKPÉ est resté ferme. « … C’est de la drogue qui est consommée et nous n’avons pas besoin d’amender une loi. Le ministre de l’Intérieur doit prendre ses responsabilités car ce phénomène détruit toute une génération. Mieux avant d’arrêter la consommation de la chicha, il faut arrêter la commercialisation… », a-t-il martelé. En alertant, l’honorable Gilbert BAGANA a déclaré que c’est un fléau national. »… Ce qui se passe dans nos villes est grave. Même ailleurs, la chicha ne se consomme pas comme chez nous. Il faut donc encadrer sa consommation. Ce qui se passe est catastrophique. Nous devons prendre des dispositions et agir contre les produits alimentaires contrefaits… », a-t-il lancé. En bouclant la boucle des interventions, l’honorable Sofiath SCHANOU épouse AROUNA, pense que c’est un problème de société et il importe de se lever pour agir ensemble.
Il faut dire que les députés au cours de cette même plénière ont écouté les réponses du Gouvernement liées aux menaces sécuritaires et à la porosité des frontières béninoises, questions posées par le député Rachidi GBADAMASSI et 18 autres de ses collègues.
Hermann OBINTI