La Sonacop, Société nationale de commercialisation des produits pétroliers a 45 ans. « Restructuration – Privatisation ou Liquidation » ? Décryptage d’un expert pétrolier qui fait une consultation gratuite et donne des conseils au gouvernement au lendemain de l’annonce de licenciement du collectif,des travailleurs de la société. Opinion.
ORIGINES DES PROBLEMES
La Société Nationale de Commercialisation des Produits Pétroliers (SONACOP) créée en catastrophe par ordonnance le 04 Décembre 1974 par le Gouvernement Militaire Révolutionnaire (GMR), pour sauver le pays des exigences inacceptables des compagnies pétrolières qui cherchaient de toute évidence à mettre en difficultés le Régime révolutionnaire.
La SONACOP qui vient donc de célébrer dans la douleur 45 ans d’existence le 04 Décembre dernier, se retrouve une fois de plus, à la croisée des chemins ; mais cette fois-ci elle ne devra sa sauvegarde que grâce au patriotisme du Chef de l’État.
Le Chef de l’État, Leader du Nouveau Départ, que toute la nation devra prier et supplier de garder dans le patrimoine national, cette grande Société hautement stratégique qui, même si elle est depuis vingt ans confrontée aux conséquences d’une mal gouvernance généralisée, a été durant 25 ans, la plus grande poule aux œufs d’or de la République.
En effet, le dernier exercice de cette Société d’État précédant une injustifiable privatisation en Décembre 1999, avait dégagé un bénéfice net de plus de 10 Milliards de francs CFA, avec des stocks de produits évalués à plusieurs dizaines de Milliards de francs CFA… (voir le rapport BCEAO et le rapport de l’expert FANDOHAN en 2000, sur la privatisation de la SONACOP).
Les ennuis de la SONACOP ont commencé à partir de cette privatisation inopportune sur tous les plans ; et elle n’a été retournée dans le patrimoine national en Janvier 2008 que grâce à la justice qui a fini par prouver qu’elle avait été achetée par ses propres fonds ; et sa réintégration dans le giron de l’État est intervenue 18 mois après … (voir décision de justice du 14-01-2008 portant annulation de la privatisation de la SONACOP et le décret N0 2009 – 384 du 22-07-2009 portant réintégration de la SONACOP dans le patrimoine national).
L’État qui avait déjà, d’une manière ou d’une autre, facilité cette flagrante tentative de bradage caractérisé d’une grande Entreprise publique qui jouissait d’une excellente et exceptionnelle santé financière, aurait dû, dès le retour de la SONACOP dans le giron de l’État :
– Procéder à la décantation de cette affaire politico-économique qui a entièrement déstructuré la SONACOP, afin de situer les responsabilités spécifiques des parties prenantes ;
– Réaliser une série de diagnostics et d’audits de la société rescapée afin d’évaluer ses forces résiduelles, et d’inventorier ses actifs sains; avant le lancement de la procédure de sa restructuration pour une renaissance rapide. Mais au lieu de cette stratégie, après la réintégration de la SONACOP dans le patrimoine national, l’État avait curieusement laissé les choses aller comme si de rien n’était ; exposant la Société à une série de flagrantes malversations caractérisées.
UNE DÉCISION SALUTAIRE
Alors que les nombreuses tergiversations et improvisations consécutives au retour de la SONACOP dans le giron de l’État ont fini par rapprocher dangereusement cette grande Entreprise stratégique du fatidique seuil de liquidation, le Chef de l’Etat a pris la décision salutaire de sa restructuration, douze ans après l’annulation de sa pseudo privatisation ; une décision que le régime précédent n’avait pu mettre en œuvre, même s’il avait eu le mérite exceptionnel d’avoir obtenu la réintégration de la SONACOP dans le patrimoine national.
Il reste à espérer que des prescripteurs occultes ne transforment insidieusement l’engagement du Président de la République à sauvegarder ce joyau de l’économie nationale, en une décision impérieuse de mise en concession ou de liquidation pure et simple ; en effet, dans la situation actuelle de la SONACOP, aucune de ces formules ne pourrait objectivement être envisagée…
La seule et unique décision justifiable par la bonne gouvernance du patrimoine national et le patriotisme, est celle envisagée par le Président de la République, et qui consiste à sauvegarder par une profonde restructuration, cette Entreprise hautement stratégique pour en faire le bras armé de l’État dans le secteur pétrolier ; un secteur hyper sensible qui ne pourrait être entièrement abandonné aux opérateurs privés…
En effet, les stocks stratégiques d’hydrocarbures que tout État souverain est tenu d’entretenir et qui devraient couvrir au moins trois mois de ses besoins domestiques en produits pétroliers, ne pourraient être gérés que par une structure publique ; les Infrastructures de stockage de Bohicon et de Natitingou ont justement été réalisées pour l’entreposage desdits stocks, ces dépôts doivent donc être maintenus dans le patrimoine national.
Je me dois à plusieurs titres de vivement féliciter le Chef de l’Etat et son Gouvernement pour cette décision salutaire de sauvegarde de la SONACOP ; je suis en effet le seul cadre dont le sort est particulièrement lié à celui de cette Société :
– D’abord en ma qualité de membre du collège de ses premiers dirigeants et ce, à des postes hautement sensibles comme celui entre autres, de Responsable « Exploitation, Maintenance et Sécurité des Dépôts » et de Directeur adjoint dans tous les Départements opérationnels ;
– En ma qualité de membre technique du Comité de supervision des travaux de construction de tous les dépôts SONACOP, (ayant donc une parfaite connaissance de leur importance et de leur valeur) ;
– Pour avoir soutenu en 1985 un mémoire sur le thème : APPROVISIONNEMENT DU BENIN EN HYDROCARBURES, à l’issue d’une Formation de haut niveau en Gestion des Affaires, au Centre Africain de Management et de Perfectionnement des Cadres (CAMPC) à Abidjan ; un mémoire qui a mis en évidence les forces et les performances de la SONACOP.
– Pour avoir, à la demande du DG d’alors réalisé en 1993, le premier diagnostic général de la SONACOP, en prélude à la libéralisation du secteur pétrolier ; diagnostic dont le rapport était intitulé : Diagnostic et Essai de Restructuration de la SONACOP.
COMMENT SAUVEGARDER LA SONACOP
- a) – CONSEQUENCES DE LA LUTTE
L’étude intitulée Diagnostic et Essai de Restructuration de la SONACOP a révélé que seules quelques fonctions nécessitaient une réorganisation pour permettre à la Société d’affronter la rude concurrence que l’ouverture du secteur ns manquerait pas d’occasionner ; cette étude a fait de la part du Directeur Général et du Comité de direction, l’objet d’une chaleureuse lettre de félicitations qui a valeur de diplôme.
Ce diagnostic a inauguré une longue séries de plus de trente études et d’articles pour attirer l’attention des décideurs sur l’inopportunité de la privatisation de la SONACOP ; et plus tard sur la nécessité de sa réintégration dans le patrimoine national ; et après son retour inespéré dans le giron de l’Etat en 2009, sur l’impérieuse nécessité d’une profonde restructuration pour garantir une renaissance rapide de cette grande Société stratégique que j’ai longtemps contribué à développer…
En dépit de mon absurde isolement sans salaire depuis 2001 par le Repreneur, en violation des textes en vigueur, certainement pour avoir de tout temps soutenu l’inopportunité de la cession de la SONACOP ; je me suis maintenu exclusivement à la disposition de la SONACOP, dans l’attente de ma réhabilitation ; et ai contre vents et marrées, continué le combat, et l’une de mes dernières études avant le présent article, était intitulée : SAUVEGARDE DE LA SONACOP : POURQUOI ET COMMENT ?? ; une étude dont les conclusions ont été publiées dans le quotidien Les 4 VERITES N0 824 du 30 Décembre 2015 à l’attention de l’Exécutif et des Prétendants à la magistrature suprême.
- b) – STRATEGIES POUR LA SAUVEGARDE DE LA SONACCOP
La stratégie préconisée dans cette étude pour une renaissance rapide de la SONACOP tout en la maintenant dans le giron de l’Etat, réside dans la filialisation de certaines de ses activités…
Cette filialisation consistera à créer une Société-mère contrôlée à 100% par l’État, et dont les principales missions porteront sur le contrôle des fonctions de souveraineté et de sécurité :
– La mise en œuvre de la politique générale du secteur pétrolier ;
– L’Approvisionnement du pays en hydrocarbures ;
– L’Entreposage des produits pétroliers ;
– La Gestion des Stocks Stratégiques d’Hydrocarbures ;
– L’Equipement du pays en infrastructures pétrolières ;
– Etc. …
Les activités de Distribution – Avitaillement des aéronefs – Soutage des navires –Mise en bouteille de gaz – Transport et de Maintenance ; seront reparties sur des filiales spécialisées dont le capital social pourrait être ouvert à l’actionnariat populaire, aux collectivités locales et aux opérateurs privés.
CONCLUSION
L’Etat qui a souverainement décidé en 1999, sous, on ne sait quelles pressions, de se désengager de la plus prospère et de la plus stratégique de ses Entreprises, et qui a miraculeusement pu dix ans plus tard, la ramener complètement désossée, dans le patrimoine national ; se décide enfin, douze ans après l’annulation de sa pseudo privatisation, de la restructurer…
Il est à souhaiter que le Régime du Nouveau Départ arrive à décanter une affaire qui, incontestablement, pourrait être considérée comme le plus grand scandale économique du Renouveau Démocratique ; une affaire qui entache depuis plus de deux décennies chaque quinquennat…
Comme je l’ai fait le 09 Mars 2013 dans le quotidien Fraternité, dans l’article intitulé PLAIDOYER POUR UNE RESTRUCTURATION APAISEE, j’exhorte les travailleurs de la SONACOP au calme, car toutes manifestations intempestives seraient interprétées comme une résistance à une réforme qui ne pourrait que consacrer la sauvegarde au moins partielle, d’une Entreprise que certains parmi eux ont contribué à déstructurer.
En effet, la stratégie de filialisation que je préconise permettra de retenir de nombreux agents parmi les plus performants, sous de nouvelles conditions et ceux qui n’auraient pas cette chance, bénéficieraient certainement des alléchantes conditions des plans sociaux que le Syndicat parviendra à négocier avec le Gouvernement.
Dans le même ordre d’idée, il est à souhaiter que l’Administrateur provisoire puisse se pencher sur le cas particulier de ceux comme moi, dont la carrière a été perturbée suite à la privatisation de la SONACOP, et qui n’ont pas été réhabilités malgré l’annulation de la cession.
Après m’être maintenu par fidélité à l’entière disposition de la SONACOP depuis 2001, pour continuer le combat patriotique de la restructuration et du maintien de la SONACOP dans le giron de l’État, j’espère que le Gouvernement ne manquera pas de me permettre de participer à la mise œuvre de cette restructuration objet d’une très longue lutte, malgré l’absurde tentative de mon éjection de la SONACOP juste après sa privatisation.
Toutes les études réalisées sur la SONACOP depuis 1985, sont à la disposition du Gouvernement au Cabinet EWAS ’ PÉTRO MANAGEMENT & CONTROL sis au carrefour Adjaha à Cotonou tel. 67 76 87 19.
Par : F. ADAHA EWASSADJ
Cadre de la SONACOP ; Consultant en gestion
Promoteur du Cabinet EWAS ’ PÉTRO MANAGEMENT & CONTROL et de l’Institut De Recherche et d’Assistance en Gouvernance (IRAG
Tel : 67 76 87 19
Email ewasfel@yahoo.fr