L’équipe de France affronte le Maroc mercredi (20h) pour tenter de décrocher une place en finale de la Coupe du monde pour la deuxième fois consécutive. Face aux Bleus, une surprenante et vaillante équipe marocaine, première nation africaine à se hisser aussi haut dans un Mondial.
Les Bleus à un match d’une qualification en finale de la Coupe du monde ! Le rêve d’une seconde étoile d’affilée pour l’équipe de France devra se confronter à une demi-finale exaltante mercredi (20h) contre le Maroc. Une affiche inédite, chargée de symbole, dans un stade al-Bayt totalement acquis aux Lions de l’Atlas, héros du monde arabe. Les Français ont donc réussi, match après match, à conjurer le sort réservé aux tenants du titre, leurs trois prédecesseurs ont été éliminés dès la phase de poule dans les précédents tournois.
Les joueurs de Didier Deschamps ont su évacuer la trop grande fébrilité défensive apparue avant la compétition au Qatar et surtout surmonter la cascade de blessures qui les a ébranlés, emportant avec elle le Ballon d’Or Karim Benzema. Pour le groupe tricolore, la première partie du contrat est réussie : la FFF avait fixé comme objectif d’atteindre le dernier carré. Mais à voir l’énergie qui émane de ce groupe, il semble bien que DD soit bien décidé à embarquer son équipage jusqu’au bout du voyage, en finale dimanche au stade de Lusail.
« Il faut attaquer fort » face à cet « adversaire redoutable »
« Plus on avance dans la compétition et plus on se rapproche de quelque chose de fort et de grand », clame le capitaine Hugo Lloris. Avec leur mélange de cadres expérimentés et de jeunes loups, les Bleus de 2022 veulent s’inviter dans le grand livre d’or aux côtés des Vava, Garrincha, Zagallo et Pelé, les derniers à avoir réussi un doublé dans la compétition reine, en 1958 et 1962. Attention cependant au Maroc, adversaire inédit pour la France en compétition officielle, galvanisé par ses exploits contre les cadors belges, espagnols et portugais, tous sortis groggy de leurs duels face à une défense de fer et une attaque rapide, technique et déroutante.
« Il faut attaquer fort et essayer de percer ce mur marocain le plus vite possible », anticipe Lloris. Face à cet « adversaire redoutable », l’objectif sera de « se faire plaisir ensemble dans l’effort, dans la difficulté, et se surpasser en équipe ».
France – Maroc, deux pays à l’union contrastée
Au-delà de l’enjeu sportif, France-Maroc constitue un fragment d’histoire entre deux pays à l’union contrariée : l’emprise de la France au Maghreb, avant l’indépendance en 1956, a dessiné des liens de domination et d’amitié mêlés qui rendent ce match si symbolique pour les centaines de milliers de binationaux vivant dans l’Hexagone. « Cela doit rester un match de foot, même s’il y a un historique, même s’il y a énormément de passion », tempère Deschamps. Le choc à al-Khor, en présence du président Emmanuel Macron, « a une saveur particulière parce qu’il y a aussi énormément de Marocains en France, donc ça représente une belle fête », positive Jules Koundé.
Ses anciens partenaires à Séville, le gardien Yassine Bounou et l’attaquant Youssef En-Nesyri, sont devenus les héros de tout un continent en plaçant l’Afrique pour la première fois dans le dernier carré d’un Mondial, de surcroît lors de la première édition organisée dans le monde arabe. Le Maroc veut continuer de gagner « pour l’Europe, pour l’Afrique, pour le Maghreb, pour nos frères d’Afrique subsaharienne », affirme le sélectionneur Walid Regragui, né à Corbeil-Essonnes, une ville populaire située au sud-est de Paris.
Un stade al-Bayt entièrement acquis aux Marocains
Preuve de l’énorme engouement suscité, la compagnie nationale RAM a programmé trente vols spéciaux entre Casablanca et Doha pour acheminer les supporters, parmi les plus nombreux et les plus bruyants du tournoi. Lloris se méfie de ce « climat hostile », « il faudra être prêts, ça va faire du bruit, on ne pourra pas s’entendre ». Les Marocains s’avancent vers ce duel historique avec une fatigue accrue par une rotation limitée et une prolongation contre l’Espagne en huitième. Un voile d’incertitude entoure également plusieurs cadres, blessés, et en premier lieu la charnière centrale Nayef Aguerd-Romain Saïss.
« On attend chaque fois la dernière minute pour prendre une décision, personne n’est ‘out’, personne n’est ‘in' », a esquivé Regragui. L’arrière droit Achraf Hakimi joue également diminué depuis le début du tournoi. Il est cependant espéré pour un face-à-face très attendu avec son ami au PSG Kylian Mbappé, meilleur buteur du tournoi avec cinq unités, une de plus qu’Olivier Giroud.
En cas de qualification, l’équipe de France retrouvera en finale l’Argentine de Lionel Messi, qu’elle a battue en huitième de finale de la dernière édition (4-3), ou la Croatie de Luka Modric, déjà son adversaire il y a quatre ans et demi sur la plus haute marche de la Coupe du monde (4-2). Les Bleus n’y sont pas encore. Il faudra d’abord pousser le nouveau ballon du Mondial, baptisé Al Hilm (« Le rêve », en arabe), au fond des filets marocains. Ces derniers n’ont tremblé qu’une fois au Qatar et il s’agissait d’un but contre son camp.