Alors que les centaines de chefs d’États, de gouvernements et ministres commencent à arriver à New York pour la « semaine de haut niveau » de l’Assemblée générale des Nations unies, c’est le conflit au Proche-Orient qui est dans tous les esprits. Les explosions des bipeurs et des talkies-walkies de la semaine dernière, ainsi que les raids israéliens successifs sur le Liban, ont fait monter tous les pays arabes au créneau alors que la paix était censée être discutée cette semaine à l’ONU
Avant même le lancement de l’Assemblée générale des dirigeants, les positions se sont durcies un peu plus. Les pays arabes se sont mobilisés et ont demandé à programmer un Conseil de sécurité sur Gaza, où les ministres pourront siéger, le vendredi 27 septembre. L’implication de certains acteurs fait craindre de plus en plus à la possibilité d’un embrasement régional au Moyen-Orient. Vendredi dernier, aux côtés du chef de la diplomatie libanaise, l’ambassadeur syrien a participé au Conseil de sécurité pour condamner l’utilisation d’objets civils dans des attaques.
L’ambassadeur iranien, Amir Saeid Iravani a pu y participer, car son collègue au Liban a été visé dans les explosions et pour lui, Israël a franchi une ligne rouge après maintes provocations ces derniers mois : « Ces crimes atroces contre le peuple libanais font partie d’un schéma plus large de politique agressive du régime israélien. La République islamique d’Iran a mis en garde à plusieurs reprises contre les graves répercussions des activités malveillantes du régime israélien dans la région. Dans l’intérêt de la paix et de la sécurité régionales et des soi-disant pourparlers de cessez-le-feu, la République islamique d’Iran a toujours fait preuve d’une force maximale. Cependant, les atrocités israéliennes démontrent l’engagement implacable d’Israël à déstabiliser la région et à menacer la paix et la sécurité internationales ».
Cette semaine, il faudra donc observer le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. On pensait à New York qu’il arriverait avec une certaine ouverture. Or, si l’on en croit le ton de son ambassadeur, il sera déjà peut-être sur une ligne plus dure.
L’embrasement n’aide pas Washington
Le Premier ministre libanais a annoncé annuler sa participation à l’Assemblée générale, son homologue israélien Benyamin Netanyahu, lui, était prévu. Mais il se dit, à New York, qu’il aurait repoussé sa venue et tout porte à croire qu’il va annuler lui aussi. Il savait en effet qu’il ne serait pas reçu avec le meilleur des accueils, mais prendre l’excuse des opérations militaires contre le Hezbollah est plausible. Cela lui éviterait un affront de taille puisque tous les dirigeants du monde arabe prévoyaient de quitter la salle de l’Assemblée générale en signe de protestation pendant sa prise de parole jeudi 26 septembre ou vendredi 27 au matin.
Cela lui éviterait aussi et surtout de devoir se confronter à son allié, son précieux parrain, les États-Unis. Tout signe d’escalade joue en la défaveur de l’administration Biden et de Kamala Harris, la vice-présidente de Joe Biden, désormais dans la course à la présidentielle. Cela aussi, Benyamin Netanyahu le sait. Or, à moyen terme, il a tout intérêt à ce que Donald Trump revienne à la Maison-Blanche. Et à plus court terme, cela fait dérailler les souhaits de Joe Biden d’œuvrer à une reconnaissance d’Israël par l’Arabie Saoudite.
Les dirigeants des trois pays en avaient parlé il y a exactement un an, et cela ne plaisait d’ailleurs pas à l’Iran. Ils devaient se retrouver à nouveau à New York cette semaine, à la demande du président américain. Mais après les attaques de la semaine dernière, le prince héritier d’Arabie Saoudite a déclaré que son pays « n’établirait pas de relations diplomatiques avec Israël avant la création d’un État palestinien. »