Assemblée générale de l’ONU 2023 : Le Togo est contre l’intervention militaire de la Cedeao au Niger

Afrique

Ce 21 septembre 2023 à New York, le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, s’est exprimé à la tribune des Nations Unies à l’occasion de la 78e Assemblée générale de l’ONU. Alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a pas renoncé à une intervention militaire au Niger, où un putsch a eu lieu le 26 juillet dernier, le chef de la diplomatie togolaise a au contraire insisté sur la volonté de son pays, lui-aussi membre de la Cédéao, de préserver la paix. 

« Le Togo est un pays de paix et le Togo s’oppose à la guerre quelles que soient les raisons, a-t-il déclaré. Depuis notre indépendance le 27 avril 1960, jamais le Togo n’a fait la guerre à ses voisins, jamais le Togo n’a agressé ses voisins ou un quelconque pays, jamais le Togo n’a servi de base arrière pour une quelconque agression contre un pays frère ». Robert Dussey a insisté : « Le Togo est un pays de paix, la paix est dans l’ADN du peuple togolais. Le Togo a toujours été un pays de médiation, qui favorise le dialogue, la négociation et l’entente entre les peuples et les gouvernements. »

Résumé de l’intervention du ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey

ROBERT DUSSEY, Ministre des Affaires étrangères du Togo, a commencé par exprimer son inquiétude quant à l’état « peu reluisant » du monde, se demandant si nos engagements étaient « à la hauteur » et rappelant l’urgence de rétablir la confiance et la solidarité globales.  Il a énuméré les multiples défis auxquels fait face l’Afrique et en particulier son pays, le Togo.  Dans la litanie de « vulnérabilités », la plus préoccupante est selon lui le terrorisme, que le Gouvernement togolais entend combattre avec une stratégie multisectorielle, conciliant les approches sécuritaires et de développement.

Le Ministre a ensuite insisté sur les efforts de son pays en matière de protection environnementale.  Le Togo ambitionne de protéger 90% de ses côtes d’ici à 2025 et il a lancé un programme de reboisement d’un milliard d’arbres, ayant aussi interdit le glyphosate, a-t-il détaillé.  Il a également mis en avant les initiatives pour promouvoir les énergies renouvelables, notamment à travers le projet Cizo qui consiste à fournir des kits d’énergie solaire aux populations rurales vulnérables.  Il a exhorté à une action mondiale plus efficace contre les changements climatiques lors de la COP28, mais il a surtout mis en exergue l’importance de trouver une voie africaine face aux défis régionaux et internationaux.  « L’Afrique sait ce qu’elle veut.  Les peuples africains et du Sud global sont frustrés car ils se sentent insultés, déshumanisés », a-t-il souligné.

Insistant sur le pacifisme profond du Togo, M. Dussey a vanté les succès de son pays en tant que médiateur, citant en exemple la libération de 49 soldats ivoiriens le 6 janvier dernier.  Il a appelé à la cessation des hostilités dans les différents foyers de tension dans le monde et en particulier en Afrique de l’Ouest, avant de dénoncer les ingérences extérieures, affirmant que l’Afrique doit rester maîtresse de son destin.  « Les ingérences ne sont plus les bienvenues dans une Afrique qui a conscience de ses propres responsabilités », a-t-il clamé.  Le Ministre a aussi mentionné la crise soudanaise et les consultations menées par le Togo pour parvenir à un compromis et ouvrir un couloir humanitaire.  Il a incité les parties en conflit à adopter la voie du dialogue.  Abordant la question de la gouvernance, il a annoncé le Forum de la paix et de la sécurité de Lomé, dont la première édition se tiendra au mois d’octobre, avant de critiquer le statu quo au Conseil de sécurité de l’ONU et d’exiger une représentation plus équitable pour le continent africain.

Il a réaffirmé que l’Afrique cherche des relations fondées sur l’égalité et le respect mutuel. « La réalité du monde, c’est qu’il n’a plus de centres de gravité monopolistique.  Le centre du monde est désormais ici et nulle part ailleurs », a-t-il déclaré, précisant que la réforme de « l’architecture multilatérale mondiale » avait été identifiée comme un sujet clef du prochain (neuvième) Congrès Panafricain de 2024, prévu à Lomé.  Selon le Ministre, l’Afrique doit éviter de s’impliquer dans des rivalités extérieures et se concentrer sur ses propres combats, qui sont, entre autres, « la lutte contre le néocolonialisme, la lutte contre la pauvreté, l’industrialisation du continent et la prospérité économique, le combat pour la paix, la lutte contre la désafricanisation de l’Afrique et pour la renaissance africaine et la dignité ».  En conclusion, il a répété sa fatigue face au paternalisme, au mépris, à la condescendance, et à l’arrogance.