Les États-Unis vont retirer temporairement des soldats du Tchad, a annoncé le Pentagone quelques jours après leur accord pour retirer leurs forces du Niger voisin. Au Tchad, les États-Unis disposent d’une centaine de soldats dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ce retrait, même temporaire, soulève une vague de questions. Explications.
Au Tchad, c’est désormais officiel : les États-Unis ont annoncé ce 25 avril 2024 leur décision de repositionner une grande partie de leurs troupes stationnées au Tchad. L’affaire a été rendue publique en fin de semaine par la fuite sur les réseaux sociaux d’une lettre du chef d’état-major de l’armée de l’air tchadienne adressée au ministre de la Défense.
Dans cette missive, le général Idriss Amine Ahmed indique que l’armée de l’air a demandé à l’attaché de défense américain « d’arrêter immédiatement les activités américaines » sur la base aérienne de Koseï.
L’affaire a fait couler beaucoup d’encre car elle a été révélée le jour même où Washington officialisait le retrait d’un millier de soldats stationnés au Niger voisin.
Ce départ des troupes américaines devrait avoir lieu dans les tous prochains jours mais il pourrait toutefois ne pas être pas définitif. Selon le porte-parole du Pentagone, il s’agit de « repositionner une partie des forces américaines du Tchad, dont certaines sont déjà sur le départ ». Une « étape temporaire dans la revue de notre coopération sécuritaire (…) qui reprendra après l’élection présidentielle du 6 mai », dit-il.
Une éventuelle reprise donc, mais conditionnée à un accord sur un nouveau « statut des forces », le texte qui régit la présence militaire américaine au Tchad, selon la presse américaine qui affirme également que les premiers départs devraient avoir lieu dès ce week-end et se poursuivre jusqu’à mercredi.
« Personne n’a demandé aux Américains de partir ! »
Côté tchadien, le ministre de la Défense, Yacouba Dago, joint par RFI indique que « personne n’a demandé aux Américains de partir ! » Il ajoute : « L’armée de l’air a simplement demandé des clarifications après avoir constaté qu’il manquait des documents pour justifier la présence des Américains sur la base de Koseï. »
Ce départ soulève beaucoup de questions : que faisaient les soldats américains déployés au Tchad ? Et qu’est-ce qui a pu provoquer cette escalade ? Sur la centaine de soldats américains déployés, environ 75 membres des Forces spéciales sont concernés par ce départ, selon le New York Times. Ils soutenaient les opérations de contre-terrorisme au Sahel et dans la région du Lac Tchad.
L’hypothèse d’un retournement d’alliance reste la moins probable. L’existence de dissensions politiques autour de l’élection présidentielle n’est pas à exclure. Mais la plupart des experts penchent vers un moyen pour Ndjamena de faire « monter les enchères » en quelque sortes dans l’espoir d’obtenir des conditions d’accord plus favorables.
L’annonce du retrait des troupes américaines pourrait dès lors être une sorte de « réponse » dans ce qui commence à ressembler à un bras-de-fer.
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