Les Madrilènes sont venus à bout des Anglais (3-1), inférieurs dans le jeu mais très malchanceux : leur buteur Salah s’est très vite blessé et leur gardien leur a coûté deux buts.
La finale de la Ligue des champions s’est jouée en trois actes, comme une pièce de théâtre tragique, si vous vous considériez comme fan – même modéré – de Liverpool : d’abord une clé de judo qui amène une blessure grave, puis un geste invraisemblable d’attaquant et enfin une erreur toute aussi saugrenue de gardien. Le dénouement de la pièce a été, samedi 26 mai, la victoire (3-1) du Real Madrid face à une équipe de Liverpool inférieure dans le jeu mais aussi extrêmement malchanceuse.
Dès le début du match, on constatait que l’opposition de style que tout le monde disséquait depuis des semaines était une réalité du terrain. Les Reds sont partis à 140 km/h, attaquant d’emblée une défense espagnole plus lente. Les quinze premières minutes furent un orage pour le Real. Les Espagnols, sachant qu’un orage est forcément temporaire, ont laissé passer. Ils en sont sortis un peu mouillés, et de là ont pris le contrôle du match, déroulant un jeu huilé allant d’aile en aile en passant par les pieds experts de Modric et Kroos.
Premier acte à la 30e minute. L’Egyptien Mohamed Salah tente d’échapper à Sergio Ramos. Celui-ci l’attrape par le bras et le fait chuter, non loin de l’arbitre, qui ne siffle même pas. Mal retombé, Salah sortira prématurément d’une finale qui devait consacrer son statut de Ballon d’or potentiel. Pendant que Ramos cimentait son propre statut parmi les joueurs les plus détestés de la planète (on se rappelle de sa simulation en finale de Ligue des champions 2017), Salah quittait la pelouse en pleurs. La blessure de l’Egyptien est « sérieuse », selon son entraîneur Jurgen Klopp, et sa participation à la Coupe du monde remise en cause.
Sans leur meilleur buteur (44 buts cette année) et clé de leur attaque prolifique, Liverpool jouait comme s’ils étaient à 10 sur le terrain. La domination madrilène sur le jeu allait grandissante en début de la seconde période. Une transversale d’Isco (47e) laisse penser que l’ouverture du score est proche. On n’aurait jamais, jamais deviné qu’elle viendrait d’une relance du gardien de Liverpool directement sur le pied d’un Karim Benzema qui passait par là (50e).
Liverpool aurait pu s’effondrer psychologiquement après cette erreur. Mais on parle ici d’une équipe qui a remonté un 3-0 contre le Milan AC pour remporter la Ligue des champions en 2005. Presque dans la foulée (55e), Sadio Mané égalise sur un corner. Le Sénégalais est le seul attaquant à ne pas avoir été anéanti par la sortie de Salah, à l’image de Firmino et Lallana. En hommage à son coéquipier blessé, il célèbre en priant.
Acte 2 à la 67e minute. Confronté à un centre ni assez bas, ni assez haut de Marcelo, Gareth Bale décide de tenter le retourné. Un geste inouï, non seulement parce qu’il est parfaitement réalisé dans le cours du jeu, ni parce qu’il finit quasiment dans la lucarne, mais parce que Gareth Bale était entré en jeu à peine 122 secondes auparavant. C’était presque son premier ballon.
Acte 3 à la 82e minute. Le Real Madrid tourne autour du 3e but depuis un moment, sans y arriver. La défense de Liverpool, emmenée par les très bons Van Dijk et Lovren, ne rompt pas. Gareth Bale tente alors une frappe un peu molle depuis 30 mètres, en plein sur le gardien. Loris Karius était visiblement rompu, lui, depuis sa première erreur et les sifflets qui ont suivi. Il rate une balle anodine et donne le match au Real. Le gardien allemand repartira de Kiev en ayant encaissé peut-être le but le plus comique et le plus impressionnant de l’histoire des finales de Ligue des champions.
« Gagner la Ligue des champions trois fois de suite, c’est un truc de fou », a dit après le match un Zinédine Zidane, sourire jusqu’aux oreilles et le triomphe modeste. Les Madrilènes sont entrés individuellement et collectivement dans l’histoire dès le coup de sifflet final. Le club accentue sa domination sur cette compétition, qu’il gagne pour la 13e fois. Ils deviennent la première équipe à le faire trois fois de suite, dans la version moderne de la compétition. Sergio Ramos a soulevé le trophée pour la 5e fois de sa carrière, tout comme Cristiano Ronaldo, qui a cru bon de lâcher après le match « ça a été super d’être au Real Madrid », lui qui est en discussions pour une augmentation salariale. Raphaël Varane et Karim Benzema l’ont soulevé pour la quatrième fois.
Zinédine Zidane devient le seul entraîneur de l’histoire à la gagner trois fois de suite. Le Real Madrid n’a plus été éliminé dans cette compétition depuis 2015, et on ne serait pas surpris si cela continuait une quatrième année.