Le drapeau vert, jaune, rouge flotte sur les Champs-Elysées à Paris, ce mardi 11 avril, pour la visite officielle d’Alpha Condé en France, la première d’un chef d’Etat guinéen depuis 35 ans. Alpha Condé est l’invité d’honneur de François Hollande pendant 48h.
Le président français, qui termine son mandat dans quelques semaines, a souligné la portée symbolique de cette rencontre. Car les relations entre Paris et Conakry, qui a proclamé son indépendance dès 1958, ont longtemps été « tumultueuses », a-t-il rappelé.
« La France n’intervient pas pour gérer ses propres intérêts, assure François Hollande. Elle a à faire valoir la qualité de ses entreprises. La France n’intervient pas pour faire infléchir ou faire changer des règles politiques ou des régimes électoraux. La France, elle est en soutien de l’Afrique parce qu’elle pense que ce continent a un grand potentiel, mais aussi des difficultés qu’il faut régler et que ce qui se passe en Afrique a des conséquences en Europe, ne serait-ce que l’immigration, le terrorisme, l’instabilité. Donc notre intérêt commun – la France, l’Europe, l’Afrique – c’est d’agir pour le développement, pour la paix et pour la sécurité. Et c’est pourquoi il était si important que le président de l’Union africaine vienne ici. C’est la dernière visite d’Etat que j’organise et j’ai souhaité que ce soit à la fois pour Alpha Condé, pour la Guinée et pour l’Union africaine. »
« La Guinée doit trouver sa propre voie »
De son côté, Alpha Condé a souligné l’évolution des relations entre les deux pays. « La Guinée comme l’Union africaine, doit trouver sa propre voie », a déclaré le président guinéen :
« L’Union africaine ne s’autofinançait pas, c’était souvent l’Europe. Or, nous avons décidé à partir de Kigali de consacrer 0,2 % de nos importations au financement pour être autonomes. Mais surtout que les problèmes africains soient désormais résolus par les Africains et je pense que c’est le point de vue du président Hollande. J’espère que ça continuera à être le point de vue des dirigeants français, parce qu’aujourd’hui nous sommes déterminés. Nous voulons coopérer avec les autres pays, mais en tant que pays majeur. C’est-à-dire coopération d’Etat à Etat et avec intérêts réciproques, opération gagnant-gagnant. Pour cela donc, il faut qu’on accepte que l’Afrique définisse sa voie pour le développement et sa voie démocratique. Bien sûr, il y a des principes universels de la démocratie, mais il faut qu’on cesse de prendre l’Afrique comme un seul Etat, il y a beaucoup d’Etats avec des différences, donc il y a moins de dogmatisme. Et qu’on nous laisse définir nos voies parce que s’il n’y a pas de stabilité de continuité nous ne pourrons pas nous développer. »