Le ministre de la santé, Monsieur Benjamin HOUNKPATIN fait à travers cet entretien, le point de la situation au Bénin au sujet de l’épidémie mondiale du Coronavirus après l’annonce d’un cas détecté au Togo.
Professeur Benjamin HOUNKPATIN, le Togo pays voisin vient d’enregistrer son premier cas de Coronavirus.
La personne infectée serait passée par notre pays. Vous confirmez?
Effectivement. Nous avons eu l’information par la représentation Pays de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) que le Togo voisin a eu effectivement un cas confirmé de Coronavirus. C’est effectivement une dame de 42 ans qui a atterri à Cotonou, qui est resté dans un hôtel, a vu quelques parents avant de repartir à Lomé.
Peut-on avoir une idée sur les contacts que la dame a eus une fois arrivée au Bénin?
Dès que nous avons ce genre de cas, nous réalisons ce que nous appelons un SitRep, c’est à dire une situation report qui nous permet de retracer tout le circuit et d’identifier tous les contacts. Donc, nous avons eu déjà les contacts téléphoniques des parents au Bénin et nous sommes en train de les localiser tous parce qu’il faut les tracer tous et tracer tous les contacts qu’ils ont pu avoir également afin de procéder à la mise en quarantaine et à la surveillance pendant 14 jours pour s’assurer qu’ils ne développent pas également la maladie. Cela est fait et toutes les équipes d’intervention rapide que nous avons au niveau de l’Atlantique et du Littoral ont été déployées déjà et sont à pied d’œuvre pour finaliser totalement le repérage de tous ces cas contacts.
Et la mise en quarantaine interviendra-telle quand?
La mise en quarantaine a déjà commencée. Au fur et à mesure qu’on identifie les contacts la mise en quarantaine s’effectue aussitôt et cela nous permet de contrôler la situation et le mouvement de ces personnes.
Quels est la position géographique de ces contacts-là ?
Nous avons des contacts essentiellement dans la zone de Calavi. Nous avons un repérage exact de ces contacts et nous retraçons de façon excusez-moi policière, (il s’agit de la police de santé publique), l’itinéraire de ces contacts également pour les retrouver au maximum. Il y a également l’hôtel où elle a séjourné où nous avons établi également tous les contacts qu’elle a pu avoir.
Comment évaluer aujourd’hui la fiabilité du dispositif que vous aviez mis en place depuis la survenue de ce virus?
Comme vous avez pu le constater le dispositif pour la prise en charge est déjà en place et déjà assez solide. Par rapport au repérage des cas évidemment, comme je l’avais déjà, le reste c’est vraiment de la volonté citoyenne de chaque individu d’éviter de contaminer ses concitoyens. Parce que lorsqu’on a été dans un pays à risque, en dehors du fait qu’on puisse s’identifier, il faudrait que l’auto-isolement qui est bien expliqué à l’aéroport, avec le plan d’auto-isolement qui est étudié de façon individuelle avec chaque voyageur ayant été dans un pays à risque, malgré cela parfois, il y a certains qui ne respectent pas ces principes. J’en appelle vraiment à l’esprit de responsabilité, à l’esprit civique de chaque citoyen, de chaque voyageur pour que les mesures qui ont été prescrites par le Gouvernement soient strictement respectées.
Et puis la situation au niveau des frontières est quasiment incontrôlable du fait de la porosité de ces espaces. Qu’est-ce qu’il en est concrètement ?
La situation au niveau des frontières est complexe. C’est vrai que nous avons déployé au niveau de toutes nos frontières terrestres des agents qui sont présents avec des thermo flash c’est à dire des thermomètres qui ressemblent à des pistolets pour prendre la température de façon systématique et procéder systématiquement au geste de lavage des mains avec une solution chlorée permettant ainsi donc d’habituer ceux qui passent à ce geste-là. Mais au-delà de cela, il faut également reconnaître que lorsque le sujet n’a pas de signes, tout ce dispositif est inopérationnel. Puisqu’après, il faudra que lorsque le sujet sait qu’il a été exposé, lorsqu’il présente des signes pour avoir été dans une zone à risque, qu’il puisse s’identifier et se déclarer au numéro du SAMU qui est le 95361102 ou le 95361104 pour qu’on puisse le prendre en charge.
Pouvez-vous nous rappeler les conduites à tenir par rapport à cette crise?
Pour les sujets qui sont au niveau du Bénin, le premier comportement à adopter est vraiment le lavage des mains. C’est le geste le plus simple et celui qui va nous préserver le plus. Il faut se laver systématiquement les mains à l’eau et au savon régulièrement à chaque fois qu’on a effectué un contact, il faut le faire. Il ne faut pas hésiter à le démultiplier autant de fois et même à en devenir paranoïaque à la limite. Il faut se laver les mains. La deuxième mesure est qu’il faut éviter de se serrer la main. Il ne faut plus se serrer les mains parce que le contact manuporté peut être source de transmission des germes. Il faut éviter lorsqu’on est malade et qu’on tousse, qu’on est enrhumé qu’on a des maux de gorge et qu’on a une sensation de fièvre après avoir été exposé ; il faudrait qu’on se couvre systématiquement la bouche avant d’éternuer, soit avec un papier mouchoir soit en portant une bavette qui protège aussi bien le nez que la bouche et veiller après à éliminer de façon convenable c’est à dire dans une poubelle ces mouchoirs et bavettes. A défaut de les avoir à portée de main, on peut tousser au creux du coude ce qui permet d’éviter que les mains soient contaminées. En dehors de cela, il y a les aliments. Il faut bien cuir tout ce qui est viande, bien cuire tout ce qui est œuf, éviter de manipuler les animaux sauvages et d’en consommer ces temps-ci. Evidemment et lorsqu’on a été dans une zone à risque et qu’on revient et qu’au cours du voyage on présente des signes, il ne faut pas hésiter. Il faut automatiquement alerter le personnel à bord pour se faire d’abord mettre une bavette et pour se faire prendre en charge. Ces mesures concernent les sujets qui sont chez nous. Mais lorsqu’un sujet voyage et revient dans notre pays, il y a des mesures simples à prendre. Déjà au niveau du contrôle de l’aéroport, il faut s’auto déclarer. Même si nous avons le manifeste de vol qui nous permet de vérifier la provenance de chacun des voyageurs, il faut également avoir ce réflexe de pouvoir dire oui effectivement j’ai été dans tel ou tel pays.
La deuxième chose lorsqu’on n’est pas passé par l’aéroport et qu’on est passé par une frontière terrestre et qu’on est entré sur le territoire il y a trois numéros qu’on peut appeler. C’est le 95.36.11.07, le 51.02.00.00 et le 51.04.00.00. Lorsqu’on appelle ces numéros, on a toutes les informations sur la conduite à tenir par rapport au fait qu’on ait pu avoir été exposé en allant dans un pays à risque. Et lorsqu’on quitte les points frontaliers et qu’on va chez soi, qu’on se mette en auto-isolement parce que l’auto-isolement est fondamental. Il consiste qui simplement à définir un plan pour ne pas aller en contact des autres.
La dernière fois nous avons reçu quelqu’un qui est venu de Milan. A la maison ils ont deux étages. Il s’est réservé le premier étage et les enfants sont en bas. Chacun définit son plan d’auto-isolement de manière individuelle. Et on les accompagne en cela. Les agents de santé vont pour vérifier comment cela se passe pendant les 14 jours. Lorsque la fièvre vient au cours de cet auto-isolement et qu’on commence par tousser, là alors il faut systématiquement appeler le SAMU au 95.36.11.02, au 95.36.11.04.
Ne pas se rendre surtout dans un centre de santé ni dans une pharmacie ni chez un guérisseur. On appelle, on s’isole et le SAMU vient vous chercher pour vous emmener au site d’isolement.
Coronavirus, est-ce qu’on peut en guérir?
Le Coronavirus heureusement et c’est cela qui est l’heureuse nouvelle, 85% parmi nous vont le sentir comme un gros rhume que l’immunité naturelle va permettre de guérir naturellement. Il y a 15% qui pour diverses raisons liées à leur immunité ou qui ont des pathologies qui entraînent un déficit immunitaire, vont développer des formes beaucoup plus graves. De tout ce lot, 2 à 3% aujourd’hui par rapport aux statistiques que nous détenons aujourd’hui vont mourir. En guérir oui et les preuves sont là. Il y a 50% de guérison par rapport aux chiffres qui sont enregistrés dans le monde. Donc c’est assez rassurant.
Un message pour rassurer nos compatriotes pris de panique et autre?
Je voudrais les rassurer en disant que le Gouvernement a pris la mesure des choses et a mis en place le dispositif qu’il faut pour que nous puissions nous assurer d’une prise en charge correcte. En dehors du site de l’école nationale de police, il y a deux autres sites qui sont en cours de mise en place actuellement à Abomey-Calavi et à Natitingou. Donc c’est pour avoir une capacité suffisante pour faire face. Il vaut mieux prévenir que guérir. En dehors de cela je voudrais les rassurer qu’il faut juste respecter les mesures qui ont été prescrites pour se prémunir du Coronavirus Covid-19.
Je vous remercie.
Source : gouv.bj