Algérie : Le patron de presse Ihsane El Kadi condamné à trois ans de prison ferme

Afrique

Le patron de presse algérien Ihsane El Kadi, poursuivi pour « financement étranger de son entreprise », a été condamné ce dimanche 2 avril à cinq années de prison, dont trois fermes, a annoncé le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger qui a rendu son verdict en présence de l’accusé. Il a écopé d’une amende de 700 000 dinars (environ 4 800 euros).

Outre la peine de prison, le tribunal de Sidi M’Hamed a prononcé la dissolution de la société Interface Médias, éditrice des deux médias dirigés par Ihsane El Kadi, la confiscation de tous ses biens saisis et dix millions de dinars d’amende (plus de 68 000 euros) contre son entreprise. La société a été condamnée aussi à dédommager l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) à hauteur d’un million de dinars (6 800 euros). « Nous allons faire appel de ce jugement dans les délais requis, selon l’accord préalable avec notre client », a indiqué Me Abdelghani Badi, un des avocats de la défense qui a boycotté l’audience.

Emprisonné depuis le 29 décembre, Ihsane El Kadi, était accusé de « financement étranger de son entreprise », au titre de l’article 95 bis du code pénal. Ce texte prévoit une peine de prison de cinq à sept ans pour « quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage… pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’État, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale. » Le parquet avait requis cinq ans de prison ferme, assortis d’une interdiction d’exercer pour la même durée, à l’encontre du dirigeant d’un des derniers groupes de presse indépendants d’Algérie, qui comprend Radio M et le site d’information Maghreb Émergent.

Ihsane El Kadi est soupçonné « d’avoir reçu des sommes d’argent et des privilèges de la part de personnes et d’organisations dans le pays et à l’étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’État et sa stabilité », avait alors indiqué la Cour d’Alger.

Soutien international

Début janvier, 16 patrons de presse de divers pays, dont le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, réunis par Reporters sans frontières (RSF), avaient appelé à sa libération et à lever les entraves « inadmissibles » visant ses médias. L’arrestation de Ihsane El Kadi et la mise sous scellés des bureaux des médias qu’il dirige ont suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe. Une pétition lancée par l’organisation RSF pour obtenir sa libération a recueilli plus de 10 000 signatures.