Les députés ont procédé, ce jeudi 21 octobre 2021, au vote de la loi N°° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. C’est à l’issue de la plénière conduite par le Président de l’Institution Louis VLAVONOU. Le Gouvernement était représenté par les ministres Benjamin HOUNKPATIN de la santé, Véronique TOGNIFODE des affaires sociales et de la microfinance et Sévérin QUENUM de la justice et de la législation.
L’interruption volontaire de grossesse est un sujet tabou sous nos cieux. Les statistiques sont alarmantes. Plus de 200 femmes décèdent en silence chaque année des suites d’avortements compliqués et non sécurisés. En 2003, le Bénin avait déjà perçu le danger en adoptant la loi N° 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Ce texte en son article 17, avait autorisé le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans des conditions exceptionnelles notamment quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse, ou lorsque l’enfant à naître est atteint d’une affection d’une particulière gravité. Cette loi a fait son chemin, mais n’a pas pu régler la question des avortements clandestins et meurtriers réalisés dans les coins et recoins du Bénin par des non professionnels de la santé déguisés en avorteurs. La pratique a pris une ampleur inquiétante ces dernières années.
Plusieurs femmes dans le tourment et sans informations, se sont clandestinement livrées aux structures illégales qui leur ont offert la voie de la mort ou celle des séquelles à vie. Face à ce drame, le Gouvernement du Bénin a porté le débat le mercredi 20 octobre 2021 devant les députés à l’Assemblée nationale. Selon les explications données par le Ministre de la santé, l’objectif visé par le Gouvernement est de sécuriser et encadrer la pratique de l’interruption volontaire de grossesse. En d’autres termes, il s’agit concrètement de permettre à la femme amenée à avoir recours à une IVG pour des raisons précisées par la loi, de le faire dans des conditions qui préservent sa vie. Au-delà de la protection de la santé de la femme qui manifeste le désir d’avorter, c’est toute une batterie de mesures qui est envisagée pour encadrer la pratique qui restera dans tous les cas, un ultime recours.
Pour le Gouvernement, il est nécessaire d’en arriver là si l’on veut arrêter le carnage en cours actuellement. Les exemples donnés par le chef du département de la santé sont saisissants. « Des images insoutenables de jeunes filles arrivant dans les structures sanitaires, leurs intestins enveloppés dans un pagne, marchant difficilement, infectées totalement du fait du travail de boucher perpétré par des apprentis avorteurs officiant dans les coins de rue à la recherche de ces proies faciles en détresse; des images de perforations utérines et autres organes de voisinage, de gangrènes utérines, d’hémorragies foudroyantes, de nécroses vaginales et utérines du fait de pratiques d’auto-avortement à l’aide de tiges, d’aiguille à tricoter, d’utilisation de produits corrosifs ou caustiques pour obtenir l’arrêt coûte que coûte de ces grossesses non désirées, toutes choses se soldant par des décès maternels ou des mutilations », a-t-il laissé entendre.
Le sujet a suscité beaucoup de débats et de questionnements de la part des députés. Les inquiétudes tout aussi légitimes ont porté sur plusieurs aspects de la loi modificative. Les positions ont été assez tranchées au départ, mais les explications des membres du Gouvernement ont permis aux élus du peuple d’adopter cette loi modificative qui intervient non pas pour encourager l’avortement mais pour l’encadrer et responsabiliser les acteurs.
Avec gouv.bj