Les obsèques du pape Benoît XVI, décédé le 31 décembre, se sont déroulées ce jeudi 5 janvier 2023 sur la place Saint-Pierre, sous l’autorité de son successeur François. Une image inédite qui invite à se poser la question de l’avenir de la fonction papale.
Près de 50 000 fidèles s’étaient installés, ce jeudi matin, place Saint-Pierre pour les obsèques du pape émérite Benoît XVI. Elles sont présidées par son successeur François, une première dans l’histoire récente de l’Église. La cérémonie, « solennelle mais sobre », selon le Vatican, a débuté en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement.
La messe, de rite latin et en plusieurs langues, était concélébrée par plus de 4 000 cardinaux, évêques et prêtres, mais son caractère exceptionnel résidait dans la présence d’un pape aux obsèques de son prédécesseur, une première dans l’Histoire récente de l’Église. Elle a été célébrée par le doyen du Collège des cardinaux, car le pape François est en fauteuil roulant à cause de ses problèmes au genou.
Aujourd’hui, ici, c’était historique. Ce salut simple et ému du pape François au pape Benoît XVI a été très, très significatif. Cela nous a fait comprendre que ‘l’Église se base sur la communion et l’unité des personnes et pas seulement sur le rôle de chacun.
Enfin, le cercueil de Joseph Ratzinger, sur lequel 195 000 fidèles se sont recueillis en trois jours, a été déposé dans la crypte où reposait le prédécesseur du pontife allemand, Jean Paul II, jusqu’à sa béatification en 2011, date à laquelle son cercueil a été déplacé.
Nombreux chefs d’États
Auparavant, le pape François, debout et appuyé sur une canne, a fait un signe de croix devant le cercueil, l’a brièvement touché puis a incliné la tête en forme de dernier salut. Dans la foule, un groupe de fidèles brandissait une banderole avec l’inscription en italien « Santo subito » (« Saint tout de suite »), un slogan scandé lors des funérailles de Jean Paul II pour demander sa canonisation immédiate.
Parmi les nombreux chefs d’État et de gouvernement présents dans l’assemblée figurait notamment le chancelier allemand Olaf Scholz, compatriote du défunt pape. Les cloches ont retenti à 11h00 (10h00 GMT) dans plusieurs villes allemandes, dont le village natal de Benoît XVI en Bavière, Marktl.
Ces obsèques de Benoît XVI, qu’un de ses biographes, Bernard Lecomte, appelait « le dernier pape européen », marquent la fin d’une époque. La question est désormais de savoir comment va se dessiner l’avenir pour François.
C’est une période insolite qui s’achève, puisqu’on aura eu, pendant quelques années, un pape en fonction sur le siège de Saint-Pierre, comme on dit, et un pape émérite à quelques centaines de mètres…
La démission du pape Benoît XVI, un précédent
La coexistence entre le pape émérite et son successeur en exercice, tous deux en toge blanche, avait créé une situation assez inédite. S’ouvre maintenant la possibilité pour le pape argentin François, alias Jorge Bergoglio, de démissionner à son tour.
Benoît XVI avait ouvert la voie avec sa démission qui fut une première en 700 ans, depuis celle du pape Célestin V, en 1294, montrant qu’il était humain et faillible. Ce souverain pontife estimait que la lourde tâche de diriger l’Église catholique de Rome au XXIe siècle ne pouvait s’exercer sans avoir ses pleines facultés physiques et mentales.
L’air de rien, Benoît XVI a complètement déconnecté la fonction pontificale de la personnalité. Il a dit : « Écoutez, moi, je suis pape pour ce que je suis pape, et par ailleurs je m’appelle Ratzinger et je suis Ratzinger, voilà ». Ce sont deux choses qui sont différentes et il ne faut pas tout confondre. Ça ouvre la voie à une démission, dans les années qui viennent, du pape François. Maintenant, il peut démissionner.
Le pape François pourrait-il à son tour s’en aller ?
François a laissé la porte ouverte à cette possibilité, car il a déjà signé une lettre de démission en cas de problème de santé. Mais ce ne sera pas pour tout de suite : le Saint-Père entame un voyage, fin janvier, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.
Ces deux escales, le chef de l’Église catholique les avait reportées en raison de ses problèmes de santé, en juin dernier. François se rendra ensuite au Portugal en août, puis il devrait terminer les travaux du synode en 2024.
Il y sera question du regard du Vatican sur la question ancestrale et épineuse du mariage des prêtres, mais également de la place des femmes et de la gouvernance de l’Église.
RFI