(Voici comment des marchandises transitent par le port de Lomé pour Niamey)
Contrairement au Bénin qui met en application les sanctions de la CEDEAO, le Nigeria est resté souple avec le Niger. Les autorités nigérianes n’ont pas véritablement fermé les frontières avec le Niger, apprend-on de sources crédibles.
Depuis le 30 juillet, le Niger vit sous les sanctions économiques ouest-africaines. L’organisation sous-régionale avait décrété une série de 9 décisions. Des sanctions qui vont de la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger au gel des avoirs des militaires responsables du coup d’Etat, en passant par une interdiction de voyage des officiers militaires impliqués dans le coup d’état. Toutes les transactions commerciales et financières entre les Etats membres de la CEDEAO et le Niger sont suspendues. Dans les banques centrales de la CEDEAO, les avoirs de la République du Niger ont été gelés.
La CEDEAO a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Niger. Aux frontières avec le Bénin et le Nigéria, plusieurs camions de vivres auraient été bloqués, ce qui a engendré la hausse des prix des denrées alimentaires dans le pays, a -t-on fait savoir juste au lendemain de la prise de sanctions contre le Niger. Erreur.
Du pipo
Au Nigéria, après les premiers jours de l’annonce des sanctions de la CEDEAO, les transporteurs ont utilisé des voies secondaires contournant ainsi les frontières officielles. « C’est du pipo alors cette affaire de sanctions! », s’exclame un observateur.
En effet, contrairement au Bénin qui est limité au nord par une barrière naturelle avec le Niger, à savoir le fleuve éponyme, les 1500 km de frontières du Nigeria avec le Niger sont très poreuses. Les autorités nigérianes , à savoir Abuja voire les gouverneurs des Etats riverains du Niger n’ont pas mis en place un dispositif pouvant empêcher la circulation dans les deux sens, comme l’a fait le Bénin à sa frontière à Malanville où plusieurs transporteurs ont souffert la croix et la bannière, rapporte l’Evenement précis.
Malgré la présence des agents des forces de sécurité (douaniers, militaires et policiers), les biens et les personnes ont circulé sur des voies de contournement, donc des voies secondaires . Selon un officiel nigérian que le journal affirme avoir contacté, « La fermeture des frontières ne pénalise que les relations entre le Bénin et le Niger »,. A la tribune des Nations Unies, mardi 19 septembre 2023, le président nigérian Bola Tinubu a fait savoir à la face du monde qu’il négocie avec la junte au pouvoir à Niamey. « Pour ce qui est du Niger, nous sommes en train de négocier avec le gouvernement militaire ». Macky Sall, président du Sénégal a renchérit à New York , dans une interview accordée à RFI et France 24: «Le Nigeria discute en coulisses» avec les putschistes du Niger, a-t-il déclaré.
Bola Tinubu est le président en exercice de la CEDEAO. Et es qualité, « depuis la décision du sommet des chefs d’État, où un ultimatum avait été donné au Niger, il y a eu des initiatives à la fois diplomatiques et des discussions « underground » sous la direction du Nigeria », selon Macky Sall. Ce qui est étonnant et étonnera, le président.Bola Tinubu n’a mis aucun dispositif en place au Nigéria pour faire respecter les sanctions prises le 30 juillet par l’instance régionale à l’encontre du Niger. Et ce n’est pas tout.
Des marchandises transitent par le port de Lomé pour Niamey
Depuis l’annonce des sanctions, une bonne partie des marchandises qui entrent au Niger transitent par le port de Lomé. Autrefois, c’était le port de Cotonou. Du Togo, les transporteurs transitent par le Burkina-Faso grâce à un cordon sécuritaire qui les conduit jusqu’à Niamey. Le Bénin qui a mis en place un blocus à la frontière de Malanville n’aura que ses yeux pour pleurer. Ses deux voisins, le Togo et le Nigéria aident allègrement les Nigériens, mettant en avant la fraternité légendaire entre leurs peuples. Le Bénin est donc l’unique pays qui applique les décisions de la CEDEAO contre le Niger.
Quant au Burkina-Faso et au Mali, deux autres pays de la Cedeao où la junte est au pouvoir, ils n’appliquent pas les mesures. Pis, ils ont créé avec le Niger une Alliance des Etats du Sahel (AES), visant à soutenir sur le plan militaire Niamey..Que va faire maintenant le Bénin face aux comportements de ses voisins de la CEDEAO en ce qui concerne l’application des sanctions de l’institution régionale?
A.C.C.