Quelques semaines après avoir perdu sa nationalité française, l’influenceur anti-occidental Kemi Seba a reçu un passeport diplomatique du Niger. Le polémiste d’origine béninoise l’a lui-même annoncé sur ses réseaux sociaux, en vantant les mérites du général nigérien Abdourahamane Tiani, président de la transition. Ce nouveau passeport n’est pas sans intérêt pour les autorités de Niamey.
En annonçant sur les réseaux sociaux avoir reçu un passeport diplomatique nigérien, Kemi Seba a vanté les mérites du président du comité militaire à la tête du pays qui a pris le pouvoir par la force. En réponse au gouvernement français qui avait lancé une procédure à son encontre pour lui retirer la nationalité, Kemi Seba avait brûlé son passeport français en public, lors d’une conférence de presse.
Selon Seidik Abba, ce chercheur associé et président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (Cires), l’initiative de Niamey de lui accorder un passeport diplomatique est certes « un acte de solidarité » envers « un des soutiens de la junte », mais elle « n’est pas totalement désintéressée ». Car « Il pourra toujours continuer à défendre le régime militaire au pouvoir à Niamey et porter aussi son message », poursuit-il.
« La perte de la nationalité française décidée à Paris est perçue à Niamey comme une mesure punitive et injuste contre Kemi Seba qui est un des soutiens du CNSP, qui a pris le pouvoir le 26 juillet 2023. Donc cette délivrance du passeport diplomatique est d’abord considérée comme un acte de solidarité envers Kemi Seba. Ensuite, l’intérêt pour les autorités, c’est de faciliter à Kemi Seba sa mobilité avec le passeport nigérien. Elle pourra se placer plus facilement dans certaines parties du monde. Il pourra toujours continuer à défendre le régime militaire au pouvoir à Niamey et porter aussi son message. Comme on a pu le voir depuis le coup d’État, Kemi Seba a pris fait et cause pour les militaires qui ont renversé le président Bazoum et ils défendent en cause. Donc, de ce point de vue, la délivrance du passeport présente un certain intérêt. Elle n’est pas totalement désintéressée. En plus d’être un acte de solidarité envers Kemi Seba qui est un des soutiens de la junte. »
Pour ce journaliste et écrivain, « cette pratique n’est pas nouvelle, sous Bazoum il y avait des non-Nigériens qui avaient des passeports diplomatiques, et sous Issoufou aussi ». Mais Kemi Seba est officiellement autorisé à « défendre les idées des autorités du Niger » grâce à cela, a-t-il fait part à notre journaliste au service Afrique, Ilham Cheblaouy.