Monde : Le Néerlandais Mark Rutte désormais seul dans la course pour diriger l’Otan

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Le président roumain Klaus Iohannis a annoncé renoncer au secrétariat général de l’Otan et à la succession de Jens Stoltenberg. La voie est donc toute tracée pour la nomination de sortant Mark Rutte, dernier candidat en lice, alors même qu’il réunissait déjà le plus de soutiens dans les 31 capitales, avec en particulier l’onction de Joe Biden.

Depuis le sommet européen de lundi 17 juin, tout paraissait déjà joué. D’une part, la Première ministre estonienne Kaja Kallas devrait devenir la cheffe de la diplomatie de l’UE. D’autre part, le Hongrois Viktor Orbán et Mark Rutte ont enterré la hache de guerre. Mark Rutte a donc désormais le soutien de tous les Européens dans sa candidature. Et voilà que le président roumain, Klaus Iohannis, se retire de la course au secrétariat général de l’Otan.

Mark Rutte, 57 ans, était démissionnaire de son poste de Premier ministre des Pays-Bas depuis le 7 juillet dernier et avait même annoncé vouloir quitter la politique de son pays, rappelle notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Depuis un an, il est uniquement chargé des affaires courantes, puisque les législatives de novembre viennent à peine de déboucher sur une coalition gouvernementale. Le nouveau gouvernement batave doit prêter serment le 2 juillet devant le roi Guillaume-Alexandre et Mark Rutte n’aura donc qu’une semaine de battement avant le sommet de l’Otan à Washington le 9 juillet, où il sera adoubé en grande pompe par les alliés. Mais sa nomination formelle pour un mandat de quatre ans pourrait même intervenir officiellement la semaine prochaine au siège de l’Otan.

Un passif avec Donald Trump

Mark Rutte ne devrait pas être effrayé par la perspective de rester longtemps en poste, à l’image de son prédécesseur, Jens Stoltenberg, qui a enchaîné quatre mandats. Politicien chevronné, ce libéral est, depuis quatorze ans, chef du gouvernement néerlandais. Réputé pour sa simplicité et sa franchise, l’ancien cadre chez Unilever a su tisser un important réseau de relations, y compris de l’autre côté de l’Atlantique. En Amérique du Nord, sa capacité passée à amadouer Donald Trump joue fortement en sa faveur, en cas de retour de l’ex-président américain à la Maison Blanche.

Lors d’une rencontre en 2018, le dirigeant néerlandais avait réussi à le convaincre du sérieux de l’engagement des Européens à dépenser plus pour leur défense, en l’assurant du rôle déterminant joué par ses critiques inlassables en la matière. Depuis, Donald Trump a confirmé le peu de cas qu’il faisait de l’engagement américain en Europe, et il faudra beaucoup des qualités de négociateur prêtées à Mark Rutte sortant pour le raisonner, s’il devait être élu en novembre.

L’Ukraine sera évidemment la grande affaire du mandat de Mark Rutte. L’Otan n’est pas en guerre contre la Russie, mais fournit 99% de l’aide militaire à Kiev. Les Pays-Bas se sont clairement engagés aux côtés de l’Ukraine, depuis l’invasion russe de février 2022. La Haye a signé cette année un accord portant sur deux milliards d’euros d’assistance militaire sur dix ans, ajoutant ensuite un milliard supplémentaire. Les Pays-Bas ont aussi été le fer de lance des efforts visant à doter Kiev d’avions de combat F-16, une décision qualifiée d’« historique » par le président Volodymyr Zelensky.