A peine 72 heures après sa prise de service, le nouveau ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la pêche est descendu dans neuf structures sous tutelle de son ministère pour une prise de contact avec ses nouveaux collaborateurs. A Cotonou, comme à Porto Novo, Issa Azizou a partagé sa nouvelle approche de travail qui s’inscrit dans la droite ligne des priorités du Chef de l’Etat.
C’est avant tout une visite de prise de contact. Et mieux pour un miliaire, sinon un forestier de sa trempe, c’est une reconnaissance des lieux. Seulement trois jours après sa prise de fonction, le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche est descendu dans certaines directions stratégiques et des structures importantes sous la tutelle de son ministère.
« Lorsque vous arrivez nouvellement dans un milieu, il faut faire la reconnaissance des lieux. cela vous permet de comprendre la situation en place, de prendre connaissance des problèmes et de mesurer les défis », dixit Issa Azizou. Et pour prendre ses marques, l’autorité ministérielle a posé en premier lieu ses pieds à la Direction de l’Alimentation et de la Nutrition Appliquée à Porto Novo. Chargée de la définition et de la mise en œuvre de la politique nationale en termes de sécurité alimentaire mais aussi de l’évaluation et de la certification de la qualité des aliments, cette structure paraît bien stratégique. « C’est la toute première fois qu’un ministre visite depuis bientôt plus de 16 ans nos locaux », révèle le Directeur général Gabriel Ahouandogbo. Il fait ensuite l’état des lieux de sa structure.
En effet, selon les études et enquêtes, 972.000 personnes vivent l’insécurité alimentaire au Bénin alors que 1. 048 000 sont à risque de l’être alors que de 2006 à 2014, plus de 78% des 6000 échantillons d’aliments analysés par la Dana sont sans danger. Des efforts qui sont plombés selon le représentant du personnel par l’inexistence d’un programme d’investissement publique, l’absence de locaux, le manque de techniciens en spécialité des aliments et nutritionnels mais aussi le manque de suivi des initiatives. En somme, un état des lieux qui a permis au nouveau maître du secteur agricole de mesurer l’enjeu des défis qui s’imposent. « Je voudrais vous féliciter pour ce qui se fait et je vous promets que le retour de la manivelle ne va pas trop tarder », fait savoir le ministre.
Mêmes doléances et mêmes messages dans les autres structures visitées sauf que la forme change par endroits en raison des attributions de chaque direction. A la Direction générale de l’Aménagement et de l’équipement rural, c’est un bâtiment vétuste qui accueille la délégation ministérielle. Ici, les problèmes sont légions. Insuffisance de ressources financières, faible implication de la direction dans la réalisation des infrastructures et équipements ruraux, départ massif des agents à la retraite sans autre possibilité de recrutement, manque de moyens roulants… Ces problèmes inquiètent surtout pour une direction censée assurer la direction de la gestion rationnelle et durable des équipements ruraux. Là aussi le ministre a pris acte des inquiétudes avant de conseiller : « Je crois que votre direction est au rendez vous des rendements et de la fertilité des sols. Je prends en compte vos doléances pour espérer inverser avec vous la tendance ».
Productivité et rendements.
Il en a été question aussi à la direction de la production végétale anciennement appelée Direction de l’Agriculture. Avec les 64 agents toutes catégories confondues de cette direction à cheval sur trois projets dans le domaine de la production végétale, le ministre a pris contact, échangé, questionné pour mieux comprendre l’importance de cette structure dans les attributions de son ministère. Et surtout mesurer l’ampleur des défis qui s’imposent. « Lorsque vous regardez les efforts du gouvernement vous vous rendrez compte que la situation agricole est pris au sérieux. Les défis sont énormes », souligne le ministre. Et pour lui, il s’agit de multiplier les rendements agricoles en créant les conditions pouvant favoriser les rendements individuels aux fins de rendre heureuse la masse paysanne. Une vision partagée par le directeur de la Direction de la production végétale Abdoulaye Chabi Issa mais aussi par le directeur et le personnel de l’Office national de soutien aux revenus agricoles, sis à Akpakpa (Cotonou) visité aussi dans la même journée.
Des défis et des perspectives
« Il y a un travail qui se fait au ministère de l’agriculture et l’élevage et de la pêche, auquel nous allons nous atteler à approfondir selon la vision du Chef de l’Etat », déclare le ministre dans les locaux de l’Office national de soutien aux revenus agricoles pour le même exercice de prise de contact. Et pour une structure censée soutenir de façon interne les producteurs dans leurs revenus, de promouvoir la prévoyance des risques agricoles, d’appuyer à la recherche de financement et de contrôler les performances techniques et normatives au niveau des filières agricoles, cette première visite d’un ministre de tutelle depuis plus de dix ans sonne comme une espérance pour les travailleurs. « Le personnel de l’Ons s’engage à suivre votre vision en respectant les trois priorités à savoir : rigueur, sincérité et travail bien fait », promet la représentante du personnel Nourratou Lallèyè. Avec déjà des acquis depuis sa mission de recentrage intervenue en 2008, l’Office national de soutien aux revenus agricoles entend rester une gestion des flux financiers des campagnes cotonnières tel fut le cas lors des deux dernières campagnes où la structure a mobilisé 82 milliards et 122,5 milliards de Fcfa. « Les années de gloire vont reprendre à partir de la campagne prochaine. Nous prenons l’engagement d’avancer vers le bonheur des producteurs », se réjouit le ministre. Des années de gloire espérées par Adrien Dèlidji, le directeur de l’Office national de soutien aux revenus agricoles mais qui passe selon lui par la réactivation du mécanisme de soutien au sein de la filière coton, de la réalisation de l’étude pour le code des investissements agricoles mais aussi de la gestion des flux financiers de la campagne prochaine.
Qui parle de campagne agricole parle forcément de la Société nationale de la promotion agricole.
Le ministre s’est aussi rendu dans les locaux de la Sonapra que dirige Idrissou Bako. Devant son personnel, le directeur a présenté au nouveau ministre l’état des lieux à savoir les attributions de la Sonapra depuis sa création en 1982 jusqu’à nos jours et ses performances dans la filière coton. 307.354 mille tonnes de coton réalisés précédemment et 400 milles tonnes envisagés pour la campagne en cours. Et là, le ministre a insisté sur la nécessité de s’impliquer davantage dans le rendement au niveau de la productivité. Et pour le manque de ressources humaines décrié de part et d’autres, le ministre est clair : « Nous travaillerons à rendre les ACL devenus ACE polyvalents pour qu’ils soient au moins opérationnels 11 mois sur 12…Aussi nous devrons travailler pour la prise de conscience individuelle pour que chacun soit mis devant ses responsabilités ».
Et comme le ministre Issa Azizou n’a pas seulement à charge l’Agriculture, il s’est rendu dans les directions des pêches et de l’élevage. Dans ces deux directions, le scénario est le même. Prise de contact, échange, doléances et perspectives. Donc directives à prendre. Si selon les réformes, la première deviendra direction de la production halieutique, la seconde deviendra la direction des productions animales.
A la direction des pêches, le défi sera de réduire d’au moins 20% les importations de poissons congelés d’ici 2020 parce que le sous secteur de la pêche vaut 45 000 tonnes seulement de poissons par an alors que les besoins sont d’environs 120 000 tonnes.
Au niveau de la direction de l’élevage, il s’agira de faire face à la vétusté des infrastructures et surtout au départ massif de plusieurs agents à la retraite d’ici 2016.
Au cours de ces échanges, des pistes ont été jetées et des approches suggérées. Comme à l’Agence béninoise de sécurité sanitaire qui fut la dernière étape de la tournée du ministre. Entre autres la création au niveau de toutes les structures de base de données agricoles, halieutiques et animales. C’est un souhait formulé par le ministre comme pour qui la célérité sera désormais de mise dans les directions et offices sous la tutelle du ministère. Comme quoi, le ministre Issa Azizou démarre sur des chapeaux de roue.