Le procès du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti pour « prise illégale d’intérêts » a commencé ce lundi après-midi 6 novembre. Un procès inédit puisque c’est la première fois en France qu’un ministre de la Justice est jugé alors qu’il est en poste. Éric Dupond-Moretti est accusé d’avoir profité de sa fonction pour régler ses comptes avec quatre magistrats avec qui il a eu des différends quand il était avocat. Lors de cette première journée d’audience, Éric Dupond-Moretti a eu la parole brièvement, ce qui a donné lieu à la première passe d’armes de ce procès.
D’une voix calme, mais ferme, Éric Dupond-Moretti dénonce d’emblée « un procès en illégitimité »… « 20 minutes après ma nomination, certains avocats m’ont reproché de ne plus être avocat, certains magistrats de l’avoir été ».
À cela, s’est ajouté « un procès d’intention », poursuit le garde des Sceaux.
Mais peu importe les « contre-vérités », les « mensonges » et les « injures », Éric Dupond-Moretti a retenu ses coups jusqu’à présent pour protéger son ministère. Aujourd’hui, l’ancien ténor du barreau entend « se défendre dignement, complètement, fermement » et compte répondre à toutes les questions.
Ça tombe bien, pointe le représentant du parquet, Rémy Heitz parce qu’au cours de l’instruction, il ne s’est quasiment pas expliqué. Le magistrat, qui porte l’accusation contre Éric Dupond-Moretti, prend la parole après lui, ce qui est tout à fait inhabituel. Rémy Heitz tient à rappeler que l’instruction a été, à ses yeux, irréprochable et que cette affaire est grave puisque, dit-il, « elle met en cause la probité du ministre de la Justice ».
L’avocate d’Éric Dupond-Moretti s’insurge contre ce « pré-réquisitoire (…) bien inutile ». Sur sa chaise, derrière sa table, le garde des Sceaux bouillonne.