Déjà, près de quinze jours se sont succédé après la découverte inhabituelle des poissons morts étalés à la surface du lac Toho. Les analyses effectuées dès les tous instants de la crise par le Laboratoire Central de Contrôle et la Sécurité Sanitaire des Aliments(LCSSA) n’ont pas permis d’élucider les causes de cette probable intoxication des poissons.
Plus d’une trentaine molécules de pesticides appartenant à quatre grandes familles (organophosphorés, organochlorés, carbamates, pyréthrinoides) ainsi que cinq (05) familles de médicaments vétérinaires ( Beta-lactame, amphénicols, Macrolides, Tétracyclines, Sulfamides) ont été recherchés grâce à des technologies de pointe, et à ce jour on pourrait juste retenir que l’eau du lac , qui est l’environnement prédominant de contact des poissons ne contient pas de traces des pesticides des familles citées au regard des limites de détection (LD) des méthodes d’analyse ayant permis d’effectuer les opérations techniques de recherche. La mort massive des poissons ne saurait donc être expliquée par la présence d’un quelconque toxique appartenant aux pesticides et aux médicaments vétérinaires recherchés. En attendant la poursuite des investigations toxicologiques complémentaires auprès des laboratoires étrangers de la sous-région ou d’ailleurs, il convient d’ajouter que de l’avis de beaucoup d’observateurs avertis, un appauvrissement du lac en oxygène dissous n’est pas à exclure, ce qui pourrait venir soit d’une surcharge en matière organique par décomposition de la flore aquatique ou par les rejets d’ordure soit par le phénomène de la remontée des ions ferriques ou d’hydrogène sulfureux des nappes qui affleurent dans la localité.
Très actif depuis le début de la crise, le laboratoire central a joué et continuera de jouer un rôle clé dans les recherches à venir.
Le LCSSA: de sa création à nos jours
Les multiples crises sanitaires qui ont secoué le secteur agroalimentaire, dues à la défaillance du système de sécurité sanitaire et ayant conduit à l’auto-suspension du Bénin pour l’exportation des crevettes vers l’espace Européen, ont été à l’origine d’une mission d’inspection de l’Office Alimentaire et Vétérinaire (OAV) diligentée en 2002 par la Direction Générale de la Santé du Consommateur de l’Union Européenne (DG SANCO-UE). Cette mission avait pour objectifs d’évaluer d’une part, l’équivalence de la législation béninoise avec les exigences communautaires correspondantes et, d’autre part, les performances des autorités nationales compétentes pour le contrôle des conditions de production et d’exportation des produits de pêche vers l’espace européen.
Les conclusions du rapport de ladite mission appuyées par les dispositions du Règlement N° 007/2007 du 6 avril 2007 relatives aux règles de la sécurité sanitaire des végétaux, des animaux et des aliments dans les Etats membres de l’Union adopté par l’UEMOA, ont conduit l’Etat béninois à prendre des mesures hardies de renforcement de l’un des piliers faibles ( les services de laboratoire) de son Infrastructure Qualité Nationale afin de satisfaire aux exigences réglementaires internationales en matière de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments.
C’est ainsi que, par décret N° 2010-153 du 28 avril 2010, le Laboratoire central de Contrôle de la Sécurité Sanitaire des Aliments (LCSSA) a été créé. Il a ouvert ses portes le 02 mai 2011 et est dirigé par l’Ingénieur-Master, Monsieur Kinnou J. Kisito CHABI SIKA.
Mission du LCSSA :
Le LCSSA a pour mission, de garantir au niveau national, régional et international, la qualité des analyses relatives à la sécurité sanitaire des produits agricoles, agroalimentaires et des intrants agricoles conformément aux normes internationales en vigueur pour un meilleur accès aux marchés régionaux, internationaux et la protection des consommateurs.
Accréditation du LCSSA :
Fort de ses attributs, le laboratoire s’est engagé depuis 2012 grâce à l’appui des Partenaires notamment le Projet « Amélioration de la Qualité Sanitaire et Phytosanitaire des Produits » (ASPS) élaboré dans le cadre du 10eme FED (UE), dans un processus de management de la qualité selon les exigences de la norme ISO CEI 17025 (2005), afin d’acquérir la reconnaissance formelle de sa compétence au-delà de nos frontières. Ce processus a abouti en 2016 à l’accréditation de cinq (05) méthodes d’analyses microbiologiques par l’organisme Belge d’Accréditation (BELAC) pour une durée de validité de trois (03) ans.
Un an après ce 1er couronnement, ce fut le tour du département de la Physico-chimie, qui suite, aux audits de surveillance et d’extension des 12 et 13 janvier 2017 a permis au laboratoire d’affranchir un nouveau pas dans ce processus par l’extension de sa portée d’accréditation à onze (11) méthodes.
L’assurance qualité au cœur de toutes nos démarches analyses
Selon l’ISO 9001, l’assurance qualité est «l’ensemble des activités préétablies et systématiques mises en œuvre dans le cadre du Système Qualité et démontrées en tant que de besoin pour donner la confiance appropriée en ce qu’une entité satisfera aux exigences pour la Qualité et mettra en œuvre un cycle vertueux pour une amélioration constante de la qualité».
Plus clairement, et en ce qui nous concerne le LCSSA ,l’Assurance Qualité, mise en place dans le cadre de son système de management de la qualité, comprend l’ensemble des actions et procédures destinées à établir que l’analyse effectuée satisfait les exigences de qualités définies et demandées. Pour se faire , le LCSSA, consacre chaque année, environ plus du tiers de son budget de fonctionnement pour l’acquisition des consommables et réactifs de qualité. Les essais inter laboratoires consistant à réaliser des essais sur des échantillons semblables et à en comparer les résultats afin d’évaluer la fiabilté des resultats des laboratoires participants sont au centre des activités du LCSSA. Chaque , année, le LCSSA, s’inscrit auprès de cinq organisateurs et réalise près d’une dizaine d’analyse de produits alimentaires et portant sur plus d’une centaine de paramètres.
Le LCSSA, un puissant outil pour booster les échanges commerciaux :
Selon les dispositions de l’article 12.11 du Guide ISO/CEI 2, « L’accréditation est « la procédure par laquelle un organisme faisant autorité reconnaît formellement qu’un organisme ou un individu est compétent pour effectuer des tâches spécifiques ».
L’accréditation des laboratoires est reconnue partout dans le monde comme un indicateur fiable de la compétence technique. Elle est presque devenue une condition nécessaire pour accéder au commerce international et les pays en développement où souvent elle fait défaut voient se dresser à leurs frontières plus d’Obstacles techniques au commerce (OTC) que les pays développés.
Si pour le LCSSA l’avènement de cette accréditation constitue un petit pas dans la maîtrise de son champs d’action, il représente pour la nation béninoise entière, un bond d’une grande importance économique dans la conquête du marché international.
En effet, en 2002, les exportations des crevettes vers l’UE, soit 703 tonnes, avaient apporté 2,1 Milliards de FCFA au Bénin, sous forme de devise forte (Euro), et concrètement plus d’un Milliard (1.120.150.000) FCFA de valeur ajoutée à l’économie béninoise, (voir PASP/J.M. Le Ry, mai 2007). Malheureusement, l’absence cruelle de laboratoire accrédité pour réaliser les essais de conformités et l’inadéquation de la réglementation nationale nécessaire en matière de production et, en l’occurrence, de l’encadrement rigoureux des producteurs et pêcheurs, ont conduit progressivement cette filière vers son déclin avec un manque à gagner colossale pour l’Etat.
Le LCSSA, un instrument d’appui au développement du secteur agricole
Aujourd’hui, plus d’une dizaine de filières sont encadrées et le Gouvernement à travers son Programme d’Action (PAG) ambitionne de faire un investissement de grande envergure dans le secteur qui constitue une priorité majeure. L’anacarde, l’ananas respectivement deuxième et troisième filières porteuses du Bénin après le Coton et disposant d’un grand potentiel, sont au cœur même des analyses effectuées par le LCSSA. A tout ceci, s’ajoute le miel ainsi que les autres denrées agroalimentaires de grande consommation.
Plus qu’un outil de contrôle, le LCSSA est un instrument de développement économique dont les pouvoirs publics doivent se saisir pour dynamiser et valoriser le potentiel agricole du Bénin. Car désormais, le Bénin à travers le LCSSA est en mesure de prouver la fiabilité de ses données d’essai; de garantir des procédures de certification et d’inspection de grande qualité et de déterminer la conformité aux normes internationales et/ou à celles en vigueur dans les pays importateurs.