Angelo Djidjoho Houssou est arrivé à New York ce dimanche 1er décembre et aurait demandé l’asile aux Etats-Unis. Selon les informations rapportées par la Voix d’Amérique, ce juge béninois qui avait prononcé en mai dernier un non-lieu à l’encontre des six prévenus accusés d’avoir participé, sur ordre de Patrice Talon, à une tentative d’empoisonnement du président Boni Yayi et à une tentative de coup d’Etat et qui a fuit du territoire national est en rétention à New Jersey, depuis ce mardi 03 décembre 2013, en attendant que les autorités examinent sa demande d’exil politique.
Le juge Angelo Houssou serait en rétention. En débarquant à l’aéroport de New York ce 1er décembre 2013, les choses se sont compliquées pour lui. Les services d’immigration américains se sont tout de suite aperçus que son passeport n’était pas en règle.
En effet, « Angelo Houssou est interdit de séjour », a expliqué lundi le ministre béninois de la justice. Sur son passeport qui lui a permis de prendre l’avion à Accra, figurait un visa obtenu en mai dernier, lorsqu’il avait tenté une première fois de partir aux Etats-Unis via le Nigeria. Ce visa avait été annulé électroniquement à la demande des autorités béninoises, mais il n’en figurait aucune mention sur le passeport. « Le passeport étant gardé par la police, on n’a pas pu mettre le cachet annulé. Mais une lettre personnelle a été adressée au juge Angelo Houssou pour lui notifier qu’il est interdit de séjour aux Etats-Unis. Malgré cela, il est passé par Accra pour se rendre aux Etats-Unis », a expliqué lundi dernier le ministre béninois de la justice lors d’une conférence de presse. Le juge a donc pu monter dans l’avion à Accra sans problèmes.
Arrivé aux Etats-Unis, il a été gardé dans les locaux de l’immigration à l’aéroport de New York où les autorités américaines ont examiné son cas pour savoir ce qui se passait exactement. « Les autorités étaient même prêtes à le réembarquer sur Cotonou quand il a dit qu’il est un exilé politique », a souligné le ministre Valentin Djènontin.
Ayant certainement réuni les preuves qu’il avait été déjà notifié dans une lettre personnelle au juge l’annulation de son visa, les autorités américaines ont ont décidé de sa détention, informent des sources dignes de foi. La suite, comme il a demandé l’asile politique, il devra fournir les preuves de sa demande. Il devra aussi trouver un avocat qui le fera sortir d’affaire après avoir défendu sa demande.
« Il est parti du Bénin par la brousse »
Le juge Houssou est parti seul du Bénin, « par des chemins de brousse », pour rejoindre la frontière togolaise. Là, il aurait traversé un fleuve en pirogue et a ensuite traversé le Togo avant de passer ensuite au Ghana pour monter, à Accra, dans un avion à destination des Etats-Unis.
Le juge Angelo Houssou, est juge du 6è cabinet du Tribunal de première instance de Cotonou. Il lui a été confié certains dossiers sensibles dont ceux relatifs à la tentative d’empoisonnement du Président Boni Yayi et à la tentative de coup d’Etat contre son régime. Après ses décisions de non-lieu, prononcée le 17 mai 2013, dans le procès des six personnes accusées d’être les complices de Patrice Talon dans la tentative d’empoisonnement du président béninois Boni Yayi, il a tenté de fuir par le Nigéria. Selon les proches du magistrat, des ennuis ont commencé à ce moment-là, pour le juge Houssou.
Après sa tentative de fuite par le Nigeria avortée en mai, des « gardes du corps » – des policiers – avaient été désignés pour le protéger. Ou le surveiller, selon les versions. Puis, ces hommes avaient été rappelés. Mais Angelo Housso se disait suivi en permanence par des hommes en civils. Sa maison était surveillée également.
Selon son avocat qui s’est confié à nos confrères de RFI, « il craignait même pour sa vie ». « Le juge Houssou était l’objet de pressions psychologiques terribles », affirme Me Alain Orounla. « C’est un homme sur lequel était focalisée toute l’attention des autorités. Les menaces ont fini par avoir raison de sa solidité nerveuse ». Du côté du pouvoir, le garde des Sceaux, Valentin Djènontin, estime que la fuite du juge Houssou démontre, d’une part, qu’il n’était pas surveillé et, d’autre part, que cette fuite intervient quatre jours avant que la justice française ne se prononce sur l’extradition de Patrice Talon, exilé en France. Pour le ministre béninois de la Justice, il s’agit d’une manœuvre destinée à discréditer le Bénin aux yeux de la justice française.
« Si cela est vrai, à savoir qu’il (le juge Houssou) est tout le temps suivi et filé, comment a-t-il pu s’échapper ? Vous ne voyez pas qu’il y a une grosse contradiction ? Il était totalement libre de ses mouvements », a affirmé à RFI, Valentin Djènontin.
L’arrestation du juge Angelo Houssou intervient la veille de la date fatidique tant attendu par le peuple béninois dans le verdict de la Cour d’appel de Paris dans l’affaire Yayi-Talon.