Au Gabon, le gouvernement a décidé de repousser l’âge du départ de la retraite des fonctionnaires civils de 60 à 62 ans
La décision gouvernementale réjouit les fonctionnaires, qui préfèrent des salaires à de faibles pensions. Les jeunes diplômés sans-emplois – par contre – contestent cette décision qu’ils estiment être en leur défaveur car les plus âgés ne vont pas « libérer » les postes, disent-ils dans un pays où le chômage des jeunes serait proche de 40%.
«Qu’est-ce qu’on fait pour nous?»
Chérubin Mbembo, 37 ans, diplômé en génie civil, est au chômage depuis quatorze ans. La décision de repousser l’âge de départ à la retraite de 60 à 62 ans est pour lui décevante: «Et nous, qui sommes en quête d’emploi, qu’est-ce qu’on fait pour nous? Nous sommes laissés pour compte». Plusieurs autres jeunes chômeurs désapprouvent la décision du gouvernement: «Mais nous, qui avons dépassé la trentaine, à quel moment on va remplacer nos pères? Parce que mon père est censé arrêter le travail pour que moi je le remplace!»
Jean-Arsène Houla-Houla, président d’un collectif de chômeurs (le CJSE), trouve cette mesure «injuste». «Nous interpellons, dit-il, véritablement les membres du gouvernement à revoir cette position, sinon prendre aussi la mesure de permettre que les jeunes puissent accéder à la fonction publique au moins au plus tard à 40 ans.»
«Il y a peu de recettes pour beaucoup de charges»
Un des meilleurs experts gabonais en sécurité sociale, Janvier Ntoutoume comprend la volonté du gouvernement d’augmenter l’assiette des cotisations, mais le succès de la réforme dépend, selon lui, de plusieurs conditions: «On retombera bien évidemment sur les mêmes difficultés si on ne regarde pas les autres paramètres. Il y a peu de recettes pour beaucoup de charges.»
Le gouvernement explique que cette décision entre dans le cadre d’une série de réformes lancées depuis plusieurs années concernant les retraites.