En Turquie, une explosion a frappé, ce dimanche 13 novembre dans l’après-midi, une artère très fréquentée d’Istanbul, l’avenue Istiklal, avenue piétonne et commerçante. Un bilan officiel fait état de six morts et 81 blessés à ce stade, dont 24 restent hospitalisés, pour six en soins intensifs. Le gouvernement turc qualifie l’explosion « d’acte terroriste » et annonce que des suspects ont été arrêtés. Pointés par les autorités, le Parti des travailleurs du Kurdistan et les Kurdes syriens ont démenti toute implication dans l’attentat.
Derrière cette première attaque terroriste à frapper Istanbul depuis près de six ans, écrit notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer, les autorités turques pointent le PKK – le Parti des travailleurs du Kurdistan – et son émanation syrienne, le PYD. Süleyman Soylu, ministre de l’Intérieur, a annoncé l’arrestation de 46 personnes, dont celle accusée d’avoir posé la bombe au milieu de l’avenue Istiklal à une heure de forte affluence, dimanche 13 novembre.
Le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, a indiqué qu’il s’agissait d’une femme – de nationalité syrienne selon la police – et que cette dernière était restée longtemps assise sur un banc de cette avenue, y avait déposé un sac puis avait quitté les lieux une ou deux minutes avant l’explosion. La police turque a aussi annoncé que l’explosif utilisé dans l’attentat était du « TNT à forte puissance ».
La personne interpellée a reconnu les faits, a annoncé, dans la matinée du lundi 14 novembre, la police turque citée par des médias locaux. Et, toujours selon les forces de l’ordre, elle a reconnu avoir agi « sur ordre du Parti des travailleurs du Kurdistan » (PKK) et a reçu des directives en ce sens à Kobané, dans le Nord-Est de la Syrie.
Un appartement de la banlieue d’Istanbul
La jeune femme a été interpellée avec plusieurs autres suspects dans un appartement à Kucukcekmece, dans la banlieue d’Istanbul. Sur une vidéo partagée par la police, on voit des forces de l’ordre arrêter, à la pointe de leurs fusils automatiques, une jeune femme aux cheveux frisés, portant un sweatshirt violet, écrit l’AFP. La police affirme avoir découvert dans cet appartement une importante somme en euros et des pièces d’or dans un sac, ainsi qu’un pistolet et des cartouches.
Selon le ministre turc de l’Intérieur Süleyman Soylu, la suspecte s’apprêtait à « fuir en Grèce ». Par ailleurs, l’auteur de l’attentat serait « passé par Afrin », une autre ville du Nord syrien que l’armée turque contrôle depuis une offensive contre ces mêmes forces kurdes en janvier 2018.
Démenti du PKK et des Kurdes syriens
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a démenti toute implication dans l’attentat. « Il est bien connu que nous n’avons aucun lien avec cet événement, que nous ne visons pas les civils et rejetons les opérations qui le font » a affirmé l’organisation dans un communiqué publié par l’agence de presse Firat, proche du PKK. Le mouvement armé kurde a par ailleurs accusé le gouvernement turc d’avoir « des plans obscurs » et de « montrer Kobané comme cible ».
Les Kurdes syriens, soutenus par Washington, ont également démenti lundi tout lien avec cet attentat : « Nous assurons que nos forces n’ont aucun lien avec l’explosion d’Istanbul et nous rejetons les accusations contre elles », a affirmé dans un tweet Mazloum Abdi, commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) dont la principale composante, les YPG, a été mise en cause par Ankara.
« Vil attentat »
Les six personnes tuées dans l’attentat appartenaient à trois familles différentes. Deux d’entre elles étaient des enfants. « Les auteurs de ce vil attentat seront démasqués. Que notre population soit sûre (qu’ils) seront punis », a promis le président Erdogan qui avait déjà été confronté à une campagne de terreur à travers le pays en 2015 – 2016.
Le PKK se trouve par ailleurs au coeur d’un bras de fer entre la Suède et la Turquie, qui bloque depuis mai l’entrée de Stockholm dans l’Otan en l’accusant de mansuétude envers ce parti kurde.
« Nous n’acceptons pas, nous rejetons, les condoléances de l’ambassade des États-Unis. Notre alliance avec un État qui entretient Kobané et des poches de terreur (…) doit être débattue », a déclaré le ministre turc de l’Intérieur, car Ankara accuse régulièrement les États-Unis ainsi que d’autres pays occidentaux de protéger les combattants kurdes du PKK et des Unités de protection du peuple (YPG), considérés comme terroristes par les Turcs