La demande de retrait d’agrément à la Fédération béninoise de football est diversement interprétée. Si certains saluent la décision, d’autres la dénonce. Pour une deuxième fois, le Bénin est dans le collimateur de la Fifa. Et certains se demandent s’il n’y a pas de dessous à l’acte que vient de poser l’Exécutif ?
Le Gouvernement béninois veut-il s’ingérer dans les activités et le fonctionnement la Fédération béninoise de football ? C’est la question que se posent certains acteurs du football. Et si c’est le cas, bienvenue les sanctions. La Fifa est contre l’ingérence d’un gouvernement dans les affaires du football. Ses textes sont clairs et elle ne pardonne pas. Le Bénin peut en témoigner. Sous Kérékou au temps du ministre Enock Lagnidé, la Fifa avait suspendu le Bénin suite à une telle décision. A l’origine, une guéguerre entre Martin Adjagodo et feu Moucharaf Gbadamassi (président à l’époque). On connait la suite. Le Bénin a connu plusieurs commissions de restructuration de football. Feu Patrice Gbègbèlègbè et avant lui le président du comité olympique national sportif béninois Marius ont eu à diriger cette commission. De 1999 à 2001, le football béninois est resté en berne. Va-t-on vers un bis repetita, surtout que la Fifa s’est déjà prononcé sur la guéguerre entre le ministère et la fédération ?
C’est par décision prise en conseil des ministres que le gouvernement a demandé au ministre des sports, Safiou Affo de retirer l’agrément de la FBF.
Le gouvernement apporte ainsi de l’eau au Ministre des Sports qui s’est illustré à travers des accusations et autres dénigrements contre la FBF.
On a aussi assisté à la sortie de supporteurs préoccupés par le retrait de cet agrément alors que cela n’était pas de leur prérogative. Ils ont été instrumentalisés, avaient contre attaqué une autre franche de supporteurs. Autre lit à ce retrait d’agrément, la subvention gouvernementale destinée aux clubs n’a pas été libérée.
A travers des actions, le gouvernement s’est trouvé des «experts» pour lui indiquer la voie de la déstabilisation de l’équipe de Augustin Ahouanvoébla. Des questionnements s’imposent.
Une crise qui en réalité n’existe pas
La sanction de la CAF du 04 septembre 2014 est brandie comme un prétexte par ces experts qui réclamaient le retrait de l’agrément. On se demande alors pourquoi cette décision intervient six mois après alors que la CAF en motivant sa décision a bien indiqué qu’il s’agit d’une erreur administrative en matière d’enregistrement ou d’indication des dates de naissance sans intention délibérée ?
Pourquoi le retrait de l’agrément est décidé maintenant alors qu’en son temps, la Fédération Béninoise de Football a fourni au gouvernement, et ce à sa demande, des explications détaillées sur les circonstances de l’erreur administrative. La fédération n’a-t-elle pas fourni les mêmes explications à l’Autorité Nationale de Lutte contre la corruption qui a saisi la FBF aux mêmes fins.
La sanction de la Caf sera bientôt levée. On se demande alors piurquoi l’on se base sur cette sanction poir frapper l’actuel comité exécutif ? Et pour la petite histoire, depuis juin 2013 sous Anjorin, le Bénin est suspendu pour deux ans du CHAN pour avoir fait forfait contre le Ghana. Qui avait alors décidé du retrait de l’agrément de la Fbf en son temps ?
Ne pouvait-on pas réunir tous les acteurs du football pour trouver solution à un problème si problème il y en avait ? Avant son élection et au premier congrès sous son mandant en août 2013, le Président Ahouanvoébla avaient pris cet engagement. Les sanctions contre desdirigeants dont les clubs ont abandonné le championnat suite à la crise de 2010, ont été levées. Le Comité Exécutif a tenté, sans succès de faire revenir les clubs concernés dans le championnat 2013-2014. En réponse, le refus de ces clubs qui tiennent à revenir avec leur positions respectives dans les différents championnats (Ligue 1, Ligue 2). Ils sont soutenus dans leur position par l’autorité qui qui souhaitaient qu’une parenthèse soit faite sur les dispositions des statuts de la FBF et ouvrir la Ligue I et la Ligue II aux clubs inactifs au lendemain de la crise née le 20 décembre 2010. Pour la saison 2015-2016, une nouvelle correspondance en date du 11 mars 2015 est adressée à tous les clubs concernés et précise que « le Comité Exécutif a décidé de libérer une place dans chaque catégorie des championnats nationaux ( Ligue 1, Ligue 2, championnat national amateur) dans le respect des statuts de la FBF. Cette mesure vise la mise en place et une meilleure préparation de votre équipe pendant que le championnat 2014-2015 se déroule… »
Il est aujourd’hui clair, les championnats nationaux et les diverses compétitions nationales se déroulent normalement. Ce week-end, le championnat professionnel de la Ligue I est à sa 10ème journée, la Ligue II à sa 7ème journée, le championnat national féminin est clôturé en mars 2015.
Tous les matches programmés pour le samedi 28 mars et dimanche 29 di même mois ont été joués conformément au calendrier de la Ligue I.
Le Bénin était en match amical au Togo et le match retour est prévu bientôt au Bénin.
La demande de retrait de l’agrément a de lourdes conséquences. Les équipes nationales seront retirées de toutes compétitions de la Caf ainsi que de la Fifa. Toutefois, le comité exécutif de la FBF, lui reste en place, jusqu’à la fin de son mandat. Les clubs pourront continuer à jouer. A moins que le ministre des sports en décide autrement. Et la boite de Pandore déjà ouverte va s’ouvrir davantage. Alors que les éliminatoires pour la CAN 2017 et le Mondial Russie 2018 vont démarrer bientôt ?
On se demande si la communication introduite par le ministre des Sports et approuvée par le Conseil des Ministres sur une crise qui en réalité n’existe pas en valait la peine. Surtout que depuis quelques semaines, la tendance est à la normalisation des activités du football et la mise en œuvre des réformes engagées depuis 2013. Le gouvernement a ouvert la boite de Pandore par son ingérence dans les affaires de la Fbf. Le même gouvernement a laissé une autre fédération pourtant vidée de la majorité de ses membres poursuivre ses activités. Du deux poids, deux mesures ? La réaction de la Fifa est attendue.