Le Premier ministre Gabriel Attal suspend la mise en oeuvre de la réforme de l’assurance-chômage, a annoncé son entourage dimanche. Cette réforme est dénoncée tant par l’extrême droite que par l’alliance de gauche, qui ont largement distancé le camp présidentiel au premier tour des législatives.
Au soir du premier tour des législatives qui mettent en difficulté le camp présidentiel, le Premier ministre Gabriel Attal a décidé de suspendre la mise en oeuvre de la réforme controversée de l’assurance-chômage, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’entourage du chef du gouvernement, dimanche 30 juin.
Très critiquée par les syndicats, cette réforme visait notamment à durcir les conditions d’accès aux indemnités. Prévue pour entrer en vigueur au 1er décembre, elle devait être entérinée par un décret publié au Journal officiel lundi.
Mais le Rassemblement national (RN), à l’extrême droite, comme la gauche, réunie dans le Nouveau Front populaire (NFP), avaient promis d’abroger ce projet, qui devait durcir à plusieurs titres les droits des demandeurs d’emplois.
Dans un contexte très difficile pour le camp présidentiel, largement distancé au premier tour des législatives par le RN, nettement en tête, mais aussi la gauche, le Premier ministre a donc préféré suspendre le projet.
La réforme n’est pas enterrée mais pourra « faire l’objet d’aménagements, de discussions entre forces républicaines », selon l’entourage de Gabriel Attal, renvoyant à de « futures majorités de projets et d’idées » après le second tour des législatives.
Afin d’éviter un vide juridique, les règles actuelles n’étant valables que jusqu’à ce dimanche, Matignon a d’ores et déjà précisé qu’un « décret de jointure » doit être publié dès lundi matin pour prolonger les conditions en vigueur « jusqu’au 31 juillet ».
Une réforme rejetée par le RN, le Nouveau Front populaire et les syndicats
La réforme devait réduire à partir du 1er décembre la durée maximale d’indemnisation de 18 à 15 mois pour les personnes âgées de moins de 57 ans. Il aurait aussi fallu avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé, contre six mois au cours des 24 derniers mois actuellement.
Le camp présidentiel avait répété assumer cette réforme au nom du plein emploi. Mi-juin, le président Emmanuel Macron l’a qualifiée d' »indispensable » et a jugé que le gouvernement avait « raison de l’assumer en campagne », mais a assuré être ouvert sur les « modalités ».
D’autres voix gouvernementales plaidaient pour une réouverture du sujet après les législatives, au vu de l’opposition des différentes forces politiques non macronistes.
« J’en ai un peu assez qu’on demande systématiquement des efforts toujours aux mêmes », a notamment affirmé le chef de file du RN Jordan Bardella. Côté Nouveau Front populaire, où on entend l' »abroger immédiatement », la réforme est vue comme « cruelle ».
À droite, les Républicains (LR) se montrent plus divisés, certains soutenant en partie le projet tandis que d’autres s’y opposent.
Les syndicats, eux, sont farouchement opposés à cette réforme qui vient s’ajouter à celles de 2021 et de 2023 : ils craignent une précarisation accrue des chômeurs, notamment parmi les jeunes et les seniors. Mi-juin dans un communiqué conjoint, les huit confédérations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU) avaient exhorté le gouvernement à « renoncer à la réforme la plus inutile, la plus injuste et la plus violente jamais vue ».
La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, avait notamment dit sa « colère », dénonçant une réforme « uniquement budgétaire » qui va faire « la poche des chômeurs ».
« C’est une excellente nouvelle », a réagi auprès de l’AFP la leader de la CGT Sophie Binet. « Il faut maintenant abandonner définitivement cette réforme injuste et violente qui menace de faire basculer dans la pauvreté plus d’un million de travailleurs et de travailleuses. »
Avec AFP