Présidentielle au Gabon : Le gouvernement annonce une coupure d’internet et un couvre-feu

Afrique

Au Gabon, le gouvernement a annoncé la coupure d’internet et un couvre-feu peu avant la fin des votes. Pour le jour de l’élection, samedi 26 août, 846 000 électeurs ont voté pour la présidentielle, les législatives et les locales. Selon le ministre de la Communication, ces deux mesures ont été prises afin de lutter contre la propagation d’informations trompeuses et incendiaires.

Rodrigue Mboumba Bissawou a déclaré qu’internet était un « terrain fertile pour les appels au désordre et à la violence ». Pour stopper ces « dérives », il a annoncé la coupure donc d’Internet sur tout le territoire et jusqu’à nouvel ordre. Quant au couvre-feu, il débute le dimanche 27 août à 19h et jusqu’à 6h du matin.

L’opposition a aussitôt réagi. François Ondo Edou a dénoncé des « mesures qui foulent au pied les principes démocratiques ». Le porte-parole de la coalition Alternance 2023 parle de décisions « d’un autre âge » prises par « un pouvoir qui ne veut pas voir la démocratie se développer ».

Retards, manque de matériel électoral…

Ces annonces surviennent après une journée émaillée de problèmes d’organisation. De nombreux bureaux à Libreville et différentes localités du pays ont ouvert avec un retard parfois très important. Absence d’agents électoraux, absence de matériel, de nombreux bureaux sont restés fermés de longues heures, entraînant de files d’attente, incompréhension et agacement chez les électeurs. Certains centres n’ont pas pu ouvrir avant même l’après-midi, et quand le vote a enfin pu commencer, du matériel comme des enveloppes est venu à manquer. Les opérations ont dû être suspendues en certains endroits.

En l’absence d’observateurs internationaux, sans journaliste accrédités, l’organisation de la société civile a déployé un millier de citoyens pour compiler les résultats et signaler les problèmes. Le président  de George Mpaga a déploré « le chaos », « le cafouillage », « le manque de préparation » de cette journée qui selon lui « risquent de porter atteinte à l’intégrité » du scrutin.

Accusations de fraudes

Alternance 2023 a critiqué l’organisation, notamment le fait que les bulletins des alliés d’Albert Ondo Ossa, qui avaient pourtant retiré leurs candidatures, étaient bien proposés aux électeurs. La coalition a affirmé que les bulletins de son champion n’étaient également pas disponibles en certains endroits. Albert Ondo Ossa qui a déclaré être « informé des fraudes d’Ali Bongo et de ses partisans. Je n’en ai rien à cirer ! Je ne céderai à aucune pression d’où qu’elles viennent », a déclaré l’ancien ministre après avoir voté dans l’après-midi. Le candidat d’Alternance 2023 estime qu’il a gagné et qu’il attend désormais que le président gabonais reconnaisse sa défaite. « C’est le moment pour Ali Bongo de partir. »

Sur le réseau X (ex-Twitter), Freddhy Koula a répondu que l’opposition perdait « ses nerfs et son sang-froid ». Le porte-parole du chef de l’État a dénoncé « une tentative de semer le trouble, des propos gravissimes et antidémocratiques ».

Dans une déclaration lue par son secrétaire général adjoint, Joe Divassa, le Parti démocratique gabonais invite « les acteurs politiques à se garder des déclarations incendiaires susceptibles de créer des actes de violence et de trouble à l’ordre public ».

De son côté, le centre gabonais des élections, l’organe chargé d’organiser le scrutin, est resté muet sur les raisons du retard accumulé. Il a autorisé les présidents des bureaux de vote à maintenir les centres ouverts au delà de 20 heures. Dans certains cas, le vote s’est donc poursuivi jusqu’à 21 heures, suivi dans la foulée du  dépouillement. Et, dans la soirée du 26 août, la chaîne de télévision publique gabonaise, citant la Haute autorité de la communication (HAC), a annoncé « l’interdiction provisoire de diffusion au Gabon des médias France 24, RFI et TV5 Monde ».