Le mouvement de grève illimitée lancé par l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) suite au retrait de leur droit de grève par les parlementaires, bat son plein dans les cours et tribunaux des villes de Parakou, Natitingou et Lokossa où la motion est respectée à la lettre par les magistrats rejoignant ainsi, le personnel non magistrat déjà en grève depuis le mardi dernier.
Au tribunal de première instance de Parakou, magistrats et greffiers observent depuis ce lundi, un mouvement de boycott contre la réquisition du ministre chargé de la justice.
« Aucune réquisition n’a pas été adressée aux agents de ce tribunal. Nous observons simplement un boycott ce lundi. Il sera de même pour le vendredi prochain, annonce Me Kolawolé Aimé Odoubourou, greffier au tribunal de première instance de Parakou et trésorier général adjoint du syndicat national des travailleurs de Justice du Bénin (Syntrajab). « Nous sommes tous venus au service. Pas pour offrir des prestations aux usagers. Nous ne recevons personne. Après ce boycott, il y aura un mouvement de grève de 48 heures le mardi et jeudi prochain pour réclamer la satisfaction de nos revendications », a indiqué Me. Kolawolé Aimé Odoubourou.
Au niveau du tribunal de Parakou, les portes des bureaux des greffiers et du personnel administratif sont ouvertes mais il est hors de question pour les usagers de demander des prestataires de service. Le constat reste le même au niveau de la cour d’appel de Parakou.
Salles d’audiences fermées au tribunal de Djougou
Le mot d’ordre du syndicat de l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) est rigoureusement suivi au tribunal de première instance de Djougou où tous les magistrats de cette maison observent une grève de 05 jours à compter de ce lundi, a constaté l’ABP.
Les salles d’audiences, les guichets, les caisses et beaucoup d’autres services sont fermés au grand désarroi des usagers. Ces derniers visiblement inquiets de la situation qui ne les arrange guère, exhortent le gouvernement à la négociation pour le grand bonheur des populations.
Selon Epiphane Yèyè, Président du tribunal de Djougou, le retrait du droit de grèves aux agents de la justice est la principale décision du gouvernement qui a fait déborder l’eau du vase. Ce mouvement de débrayage, annonce-t-il, est sans service minimum jusqu’à satisfaction totale de leurs différents points de revendication. Lancé la semaine dernière par le personnel non magistrats, ce mouvement est cette fois-ci suivi par tous les agents du secteur de la justice, a fait savoir le président Yèyè.
Le constat est le même au tribunal de première instance de 2ème classe de Lokossa, a constaté ce lundi le correspondant de l’Agence Bénin presse Mono à Lokossa. Les audiences programmées pour ce lundi sont de facto reportées sine die.
Grève largement suivie à Natitingou
La grève de cinq jours sur cinq avec tacite reconduction déclenchée par l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) est effective au tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou, a constaté ce lundi matin l’ABP.
Le constat ce lundi matin au tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou est bien particulier. Les magistrats et la plupart du personnel non magistrat sont présents dans les bureaux, mais pas d’activités juridictionnelles, d’audience, encore moins de travaux de secrétariat et autres.
Portant, certifie Bienvenu Boulo, assistant des services judiciaires en poste au tribunal de Natitingou, « les lundis sont souvent consacrés aux audiences relatives aux dossiers de litiges domaniaux ».
« Je suis un syndiqué et je respecte la décision de mon syndicat », a souligné le président du tribunal de Natitingou Pierre Bandé Yérima joint au téléphone. À l’en croire, seule la non tenue des audiences témoigne souvent de l’effectivité d’une grève des magistrats dans les tribunaux.
« C’est le procureur général qui peut se prononcer par rapport à la grève, mais ce dont je suis sûr c’est qu’on est tous au service », a laissé entendre, sous le sceau de l’anonymat un magistrat.
À travers ce mouvement de débrayage, les magistrats exigent, le retrait de la disposition de la nouvelle loi portant statut de la magistrature qui retire aux agents de la justice le droit de grève.
Il faut noter qu’en plus de la grève des magistrats, l’on a constaté le boycott du service par le personnel non magistrat au tribunal de Natitingou.
Le mot d’ordre de grève des syndicats de la justice suivi à Abomey
Les différents services au niveau du tribunal et de la cour d’Appel d’Abomey sont restés sans activités lundi, premier jour du mouvement de grève déclenché par les magistrats, a constaté sur place, le correspondant de l’ABP. Le syndicaliste du Syndicat des travailleurs de la justice et assimilés du Bénin (Syntrajab), Me Silvère Allokpénoudji, Greffier au tribunal d’Abomey, et premier secrétaire général adjoint du Syntrajab, s’est indigné de la volonté de l’exécutif et du parlement, de supprimer le droit de grève au personnel de la justice.
« Cette mesure montre à suffisance que le pays va mal et que le gouvernement a peur d’éventuelles réactions qui pourraient provenir des syndicalistes », a fustigé le syndicaliste Silvère Allokpénoudji.
Pour ce personnel de la justice, il est antidémocratique de dénier le droit de grève aux travailleurs.
D’ailleurs, a-t-il poursuivi, la réquisition du ministre de la justice est un « non événement », puisqu’il s’agit d’un ordre illégal qu’aucun militant des syndicats de la justice en mouvement n’est tenu de respecter.
Le secteur de la justice ne figure pas parmi les corps de l’administration où l’on prend des réquisitions, selon la loi établissant le droit grève, a clarifié le greffier Silvère Allokpénoudji.
Pour rappel, les magistrats ont déclenché ce lundi une grève illimitée, jusqu’au retrait de la loi portant suppression du droit de grève aux personnels du secteur de la justice, rejoignant dans le mouvement, le personnel non magistrat en lutte depuis le 02 janvier pour des revendications diverses.
Le mouvement de grève des magistrats largement suivi à Cotonou
Le mouvement de grève annoncé pour ce lundi par les magistrats est largement suivi au palais de la justice et de la Cour d’Appel de Cotonou.
Les bureaux et les salles d’audiences sont ouverts au palais de la justice et à la cour d’appel de Cotonou.
Selon Me Raoul Houngbédji, président de l’Union des avocats du Bénin, la grève dans le milieu judiciaire n’est pas un fait nouveau. Pour lui, au cours de cette grève, « rien ne bougera en ces périodes, tout dossier en cours d’exécution restera suspendu jusqu’à satisfaction totale ».
« C’est un problème général auquel nous devons faire face et il faut qu’une solution soit trouvée à cette situation pour que l’ordre revienne dans la maison judiciaire », a précisé Me Raoul Houngbédji.
Le vice-président de l’union nationale des officiers et des greffiers en chef, Me Abdoulaye Alaza a quant à lui, martelé que la meilleure manière de se faire entendre par les autorités béninoises est la grève ; car, ajoute-t-il, ce qui prime c’est la liberté.
« Si on retire le droit de grève, le sens des associations de défense des intérêts des travailleurs n’est plus valable », a fustigé Me Abdoulaye Alaza, précisant que la grève est un droit consacré par la constitution du pays.
Pour le secrétaire général du syndicat national du personnel de la justice (SYNAPE-Justice), Fiacre Godémè, la grève déclenchée par les magistrats et les non magistrats n’a pas sa raison du fait que la cour constitutionnelle n’a pas encore dit son dernier mot.
Il a souligné qu’entant qu’administratif commun du ministère de la justice, ils ne doivent pas suivre les magistrats.
Il faut noter que malgré la grève, les usagers du tribunal de première instance de Cotonou étaient nombreux sur les lieux pour le retrait et dépôt de pièces civiles pour légalisation.
Sélection ABP (avec S.E. )