Le Conseil des sages de la ville capitale a manifesté sa désapprobation suite à la sortie du président de l’autorité Nationale de Lutte contre la Corruption (ANLC) Jean-Baptiste Elias. Dans un contexte caractérisé par la fermeture des frontières nigérianes avec le Bénin, la conduite de tout bon patriote est d’œuvrer par tous les moyens pour la réouverture desdites frontières, et non de contribuer en envenimer la situation par de supposés déballages pour nuire davantage au pays, selon les Sages de Porto-Novo.
C’est pourtant dans cette période critique que le président de l’Anlc a décidé d’écorcher davantage l’image de son propre pays, indique le Conseil des sages que préside le patriarche Karim Urbain da Silva. Ne voyant ni la pertinence ni l’opportunité de cette sortie médiatique du président de l’Anlc, le nonagénaire Karim da Silva et les siens n’y voient qu’un acte de sabotage, ce qui les a d’ailleurs poussé à dire que « la mesquinerie est inutile, elle tire vers le bas et amène toujours troubles et divisions ». Pour recadrer l’homme de lutte contre la corruption, Karim da Silva et son Conseil lui ont fait le rappel de certains faits majeurs sur lesquels beaucoup l’avait attendu en vain. On note dans cette lettre ouverte des sages au président de l’Anlc, le KO issu des élections de 2011. Plus loin dans la lettre, les cas des dernières élections au Nigéria, au Congo démocratique ont été cités pour confondre Jean-Baptiste Elias qui accuse le pays et ses dirigeants de tous les péchés d’Israël. Qualifiant l’actuel parlement de monocolore, les Sages de la ville capitale ont expliqué au président de l’Anlc que ceux qui sont dans ces deux blocs présents à l’Assemblée Nationale ne sont pas d’une pensée unique. Les regroupements de partis, au nombre de deux, ont précisé les sages du Conseil, totalisent eux seuls au moins 195 partis qui ne sont pas toujours du même bord. Au lieu d’aider le président Patrice Talon à réussir cette réforme majeure, le patriarche Karim da Silva et les autres sages s’offusquent de ce que l’on veuille profiter de l’efficacité de son action, pour tourner celle-ci en dérision, et faire de lui-même une personne qui n’aime pas son pays. « Vous aussi, vous participeriez à ce jeu là, où, que devrions-nous comprendre d’autres? », s’interrogent le Conseil au regard des révélations faites par Jean-Baptiste Elias sur les dernières législatives.
Lisez la lettre ouverte
Le Conseil des Sages de la Ville de Porto-Novo
Lettre ouverte
A
M. Jean Baptiste ELIAS
ANLC-Cotonou
Objet : Admonestation patriotique
Porto-Novo le, 18 septembre 2019
Cher compatriote,
Il n’y a pas si longtemps, voici 5 mois, le 10 avril 2019, après votre intervention tonitruante sur RFI, nous vous avions écrit pour vous recommander in fine, nous citons : « … d’œuvrer avec nous, main dans la main, afin que la clarté accompagne l’information, dans le but d’éviter tout propos susceptible de créer la confusion et de causer des troubles, tout en portant atteinte, qu’on le veuille ou non, à l’image du BENIN. » fin de citations !
Etait-ce trop vous demander que d’observer une telle attitude ?
D’autant plus que notre lettre avait été motivée par des propos que vous aviez tenus sur RFI et qui avaient appelé, de notre part, la réaction suivante exprimée dans la même lettre, nous citons : « … Nous avons constaté, dans votre commentaire, ce matin, sur Radio France Internationale, au sujet de la situation politique actuelle au Bénin, qu’il est rapporté, aux auditeurs, des informations qui tendent à les éloigner de la réalité.
En effet, lorsque vous parlez de parlement monocolore, vous passez complètement à côté de la réalité du terrain. Tous ceux qui sont dans ces deux blocs, ne sont pas d’une pensée unique.
En faisant état des deux partis dits du Président de la République, son Excellence M. Patrice TALON, et d’un parlement sans opposition, ce qui inquièterait les uns et les autres, vous exposez à l’internationale des inexactitudes.
Le Conseil des Sages de la Ville de Porto-Novo, voudrait donc vous amener à constater ou vous souvenir, afin de permettre une meilleure image et exposition de la République du BENIN :
Qu’avant la réforme de la charte des partis politiques, il y avait plus de deux cents partis politiques au Bénin.
Que les regroupements de partis, au nombre de deux (2), totalisent, à eux seuls, au moins cent quatre vingt quinze partis politiques qui n’ont pas toujours été du même bord… » Fin de citations.
Dans cette lettre à votre adresse il y avait l’esprit et la lettre de notre réaction. Ce qui n’a pas pu vous échapper.
Nous sommes donc surpris, très surpris que ce soit en ce moment où notre pays subi les conséquences de la fermeture unilatérale des frontières de la part des autorités du Nigéria, que vous ayez choisi d’étaler tout ce déballage.
D’autant plus que les exemples sont nombreux et légion autour de nous. En 2011, ici même lors du fameux KO, vous n’avez pas promené votre superbe, si longtemps, sur les ondes, pour dénoncer qui ou quoi, et personne ne se souvient vous avoir entendu si véhément, cinq mois plus tard, contesté le président issu du KO.
Au Nigéria à côté, voici quelques mois, cette même année, il a eu une élection à controverses, le président élu a été réinvesti, personne n’a bronché à part des invitations à faire mieux prochainement pour éviter que de tels choses se reproduisent.
Au Congo démocratique, dans l’ex-Zaïre, Martin FAYOULOU a gagné les élections mais c’est Félix TSHISEKEDI qui a été déclaré vainqueur et occupe le pouvoir. Qui a demandé au Nigéria et au Congo Démocratique de reprendre les élections ?
L’Union Africaine et les Nations unies, tout au plus, ont déploré et demandé, que les dispositions soient prises pour que cela soit évité, à l’avenir.
Mais, vous, M. Jean Baptiste ELIAS, aujourd’hui, cinq mois après, vous voulez refaire les élections au Bénin ! De quelle conspiration s’agit-il ? Et, Où voulez-vous en venir, M. Jean Baptiste ELIAS ?
Cher Compatriote, dans quel pays souverain avez-vous vu annuler des élections, même lorsqu’il est établi, qu’il y a eu des fraudes ou des erreurs ?
En 2000, aux Etats-Unis d’Amérique, et plus tard en 2016, les élections présidentielles n’ont pas été reprises et George Walker BUSH, tout comme Donald TRUMP, ont bel et bien effectué leur mandat.
Maintenant, en ce qui concerne le Bénin, vous souhaiteriez qu’elles soient reprises, n’est ce pas ? Vous être contre qui, au Bénin ?
Le problème du multipartisme intégral, cet Hydre de Lerne béninois, était le chemin où, en toute certitude, devait se perdre notre démocratie.
Aucune des démocraties pérennes dans le monde ne s’est retrouvée avec une telle population de partis politiques. Aucune !
Au Bénin, nous avions voulu bien faire à la conférence nationale, manquant de toute évidence d’expérience, et échaudés par le parti unique PRPB, et le marxisme léninisme.
Nous avons sauté, et tous, et à la première occasion, sur la totale liberté pour tous d’avoir le parti qu’il veut ; alors que c’était la pente sûre vers le désordre dont on ne se remet pas.
Où étiez-vous et qu’avez-vous prôné ou conseillé, tout ce temps, devant les entailles décisives, et les coups de boutoir portés à notre démocratie, par ce multipartisme intégral ?
Où étiez-vous, SOGLO régnant, lorsque ce nombre de partis a connu une soudaine et brutale augmentation ? Car, c’est bien au cours de son mandat, que cette situation a pris naissance, et que nous avions atteint le nombre de 140 partis. C’est encore à ce moment, malheureusement, que nous avons commencé par en prendre conscience.
Mais, vous, cher compatriote, aviez-vous donné l’alerte ? Où étiez-vous lorsque SOGLO réclama à cor et à cri une amnistie, après la débâcle de 1996, sans que jamais on n’en sût les raisons que lui-même, du reste, n’a jamais données ? Lui, SOGLO, qui a échoué aux élections de 1996 et n’a pas voulu passer service mais qui sait donner, aujourd’hui, des leçons de démocratie…
Que faisiez-vous, KEREKOU régnant, lorsque continuait de s’accroître ce nombre de partis politiques ? Les divers hauts cadres des institutions sous KEREKOU II, avaient assisté impuissants, à l’augmentation exponentielle, du nombre de partis politiques, où étiez-vous et que disiez-vous, jusqu’à ce que sous YAYI, dans une même famille, des frères utérins aient eu, chacun, leur parti politique ?
Votre action moralisatrice et dénonciatrice avait-elle connu là des limites qui ont disparu aujourd’hui ?
Maintenant nous sommes au temps de la rupture ! Tous ces anciens présidents connaissaient ce mal du multipartisme intégral, ils n’ont pas pu nous en guérir, et y trouver une solution.
Le Président Patrice TALON a réglé ce problème, mais voilà qu’au lieu de l’aider à réussir, on veut profiter de l’efficacité de son action, pour tourner celle-ci en dérision, et faire de lui-même une personne qui n’aime pas son pays. Vous aussi, vous participeriez à ce jeu là, ou, que devrions-nous comprendre d’autre ?
Ne trouvez-vous pas, que ce chapeau de paille, que vous arborez, est d’un rebord démesuré qui ne peut vous abriter ?
Le Président TALON est dans ce pays, un président à part, à nul autre pareil, depuis l’existence du DAHOMEY devenu BENIN. Personne n’a vu ou compris que nous creusions notre propre tombe ou organisions un suicide collectif, sauf lui et il y a mis fin.
Ne mérite-t-il pas louange plutôt que mesquineries ? Le Président TALON a su finalement prendre des décisions complexes, les plus graves que puissent affronter plus de 250 partis, pour les réduire à deux.
Pour ainsi faire et réduire, ignoreriez-vous que cela comporte des non-dits, et qu’il devrait y avoir des sacrifices ?
Le Président Talon est un homme exceptionnellement d’exception. Il sait que ça fait mal, il le ressent, mais il le fait quand même parce que c’est ce qu’il faut faire pour sauver le pays. Il en faut passer par là ! Et s’il faut y aller, eh bien, allons-y, il faut !
Jusque-là, le Président Patrice TALON n’a reculé devant rien. Et, c’est tout à son honneur, quand on sait les risques graves, pour un gouvernement, qui se permettrait de remettre en cause certaines mœurs et pratiques surannées et bien enracinées de l’Etat ? Qui oserait alors prendre sur lui, comme il fait, d’exhumer des dossiers de vols, de détournements enterrés ?
A la vérité, on est porté à croire que vous êtes plutôt satisfait de son action, et le dire ne serait-il pas aussi d’une certaine manière, participer à enseigner à notre jeunesse que l’on peut agir autrement, puisque le gouvernement actuel agit autrement et plutôt bien, à la satisfaction des optimistes et autres personnes bien pensantes, désireuses d’en finir avec un passé maudit et d’avancer en triomphe dans un BENIN nouveau, qui gagne.
Ainsi donc, dans votre spécialité favorite, la lutte contre la corruption, nous osons espérer que vous prendriez l’habitude de rapporter ce que fait le gouvernement, en matière de lutte contre la corruption, ce serait intéressant et, d’une certaine manière vous participeriez à élever le débat.
La mesquinerie est inutile, elle tire vers le bas et amène toujours division troubles et division.
Maintenant, lorsque vous brandissez des preuves, il nous semble que c’est ce que l’on a mis à votre disposition. Mais, qui vous a garanti que ces documents sont authentiques, aviez-vous fait cette enquête ? Que diriez-vous si l’on vous démontre que ce sont de simples faire-valoir, ou des faux ? Y aviez-vous réfléchi ?
Et puis, nous ne le répéterons pas assez : quand bien même tout cela serait vrai, est-ce le moment indiqué pour faire tout cet étalage ?
En tout cas, nul ne peut faire d’omelette sans casser les œufs ? Et voilà que vous vous présentez comme quelqu’un qui peut tuer la poule aux œufs d’or, sans état d’âme.
Toutes vos révélations et, quelles que soient vos prétendues preuves, relèvent d’une sordide désinformation, au détriment de la nation. Nous sommes enclins à ne pas vous croire, et en tout état de cause, vous ne sauriez, au nom du travail que vous faites, oublier que vous êtes béninois ! Lorsque la patrie est face à un péril grave et imminent, d’où qu’il vienne, l’union sacrée de tous les fils s’impose et non la distraction, voire le divertissement. Votre rhétorique dans le contexte actuel, est déplacée, elle n’a pas de raison d’être.
Nous regrettons d’avoir à nouveau, à vous rappeler ce qu’une institution comme la vôtre devrait se garder d’avoir comme attitude, tout en accomplissant très consciencieusement sa mission. C’est dire que ce sont là, quelques points essentiels, à retenir, pour l’avenir.
Veuillez agréer, M. Jean Baptiste ELIAS, l’expression de mes meilleures salutations.
Pour le Conseil,
Le Président du Conseil des Sages de la Ville de Porto-Novo
Urbain Karim Elisio da SILVA