(« Il a décidé de rebaptiser l’aéroport de Conakry , aéroport Ahmed-Sékou-Touré»)
En Guinée, le colonel et chef de la junte au pouvoir Mamadi Doumbouya, a décidé de rebaptiser l’aéroport international de Conakry du nom de l’ancien président Ahmed Sékou Touré. Une initiative diversement appréciée dans le pays car le père de l’indépendance s’est aussi rendu coupable de nombreuses exactions.
Dans les cafés, les ateliers, les grands salons et les bureaux, le décret du chef de la transition changeant le nom de l’aéroport de Conakry a fait débat en Guinée. L’aéroport international de Conakry-Gbessia devient désormais l’aéroport international Ahmed-Sékou-Touré.
Du côté des soutiens de l’ancien chef de l’État, la nouvelle est plutôt bien accueillie. « Ce n’est pas seulement le côté négatif qu’il faut voir. Il faut au moins restaurer le côté positif d’Ahmed Sékou Touré », déclare un sympathisant de l’ancien président. « Il est important d’immortaliser les personnalités qui ont sacrifié leur vie », rajoute un autre.
« Nous sommes choqués »
L’Association des victimes du régime de Sékou Touré est-quant à elle, en colère. « C’est une insulte aux victimes. Quand on sait que pendant 26 ans, des milliers de victimes passaient par le camp Boiro et que ces victimes sont encore dans des fosses communes. Comment peut-on donner le nom de notre aéroport, qui est la vitrine du pays, à ce dictateur ? », s’indigne Abdoulaye Conté, président de l’association.
Au nom de la société civile, madame Awa Dramé s’interroge : « Avec l’arrivée du CNRD [Comité national du rassemblement et du développement], une des premières déclarations, c’est : « comment réconcilier les Guinéens ? » Là, nous sommes choqués et nous ne comprenons pas ce geste-là ».
« C’est mal placé en ce moment »
Daniel-Philippe de Sainte Marie est né au camp Boiro alors que sa mère était en détention : « C’est vrai, Sékou Touré fait partie de notre histoire. On ne peut pas le nier. C’est mal placé en ce moment alors qu’on parle de réconciliation ».
Avant l’aéroport de Conakry, le palais présidentiel portait déjà le nom du père fondateur de la Guinée. Ce n’est pas le premier geste de la junte en faveur de l’ex-président, le colonel Doumbouya avait déjà fait un premier pas en restituant à sa famille le vaste domaine des cases de Bellevue, une résidence saisie après sa mort il y a plus de 35 ans.
Avec RFI