Le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, principal opposant au président tunisien Kais Saied, a été placé sous mandat de dépôt, a annoncé sa formation, ce 20 avril 2023.
En Tunisie, c’est toujours l’arrestation de Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste Ennahdha, qui fait la Une de l’actualité. Ancien président de l’Assemblée nationale, c’était l’une des figures de la Tunisie postrévolutionnaire. Son sort est désormais entre les mains de la justice qui vient d’émettre un mandat de dépôt à son encontre.
Après une nuit d’interrogatoire, Rached Ghannouchi est désormais en détention préventive dans l’attente d’un procès. Une détention qui peut durer jusqu’à quatorze mois selon la législation tunisienne.
Le leader d’Ennahdha a été entendu toute la nuit dans le cadre d’une enquête pour « complot contre la sûreté intérieure de l’État ». Il avait jusqu’ici observé le silence, refusant de s’exprimer en l’absence de ses avocats. Une absence rendue possible par la législation anti-terroriste tunisienne.
Les informations que la presse a en sa possession proviennent essentiellement d’Ennahdha. Pour le moment, les autorités, elles, communiquent très peu. Peu après cette arrestation, le 17 avril, un cadre du ministère de l’Intérieur avait cependant précisé que ce sont des propos tenus le week-end dernier qui ont valu à Rached Ghannouchi d’être arrêté.
Celui-ci avait déclaré, en présence d’autres opposants, qu’un risque de « guerre civile » guettait la Tunisie si la répression contre les dissidents se poursuivait et si le mouvement islamiste venait à être éradiqué. Des propos aux relents de menaces aux yeux des autorités tunisiennes.
Son état de santé serait «préoccupant», selon une ancienne députée d’Ennahdha
Cette arrestation spectaculaire de Rached Ghannouchi à son domicile, lundi soir, en pleine rupture du jeûne, a éclipsé celles d’autres responsables du parti. Depuis ce début de semaine, ce sont six autres membres d’Ennahdha qui ont aussi été appréhendés.
Ce 19 avril, trois d’entre eux, au moins, ont recouvert la liberté, toujours selon Ennahdha. Rached Ghannouchi, lui, reste en détention pour le moment. Son état de santé serait « préoccupant » selon Saida Ounissi, ancienne députée et ministre du parti Ennahdha.