Le chef de l’opposition Nelson Chamisa conteste officiellement ce dimanche les résultats de l’élection présidentielle, qui ont donné gagnant le président sortant Emmerson Mnangagwa par 52,6% des voix contre 44% pour son principal adversaire. Et où la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l’indépendance, a remporté 136 sièges sur 210 contre 73 pour le principal parti d’opposition.
L’opposant dénonce un « coup par les urnes ». « Nous avons gagné cette élection », a martelé Nelson Chamisa devant la presse. « Nous sommes en tête, nous allons contester ces résultats, assemblés à la hâte et sans véritable vérification », a conclu l’avocat et pasteur de 45 ans, leader de la Coalition des citoyens pour le changement (CCC). Il affirme avoir en sa possession les documents qui recensent les résultats par bureaux de vote, et dont les chiffres ne correspondent pas aux résultats additionnés. La veille, alors que la réélection d’Emmerson Mnangagwa, 80 ans, était annoncée, avec deux jours d’avance, de même que la victoire de la ZANU-PF au pouvoir, Nelson Chamisa avait, dans un post sur le réseau social X (ex-Twitter), dénoncé des « fraudes flagrantes et massives ».
« Nous sommes prêts à former le prochain gouvernement » a ajouté Nelson Chamisa lors de son adresse aux médias, sans préciser quelle sera exactement l’étape suivante pour son parti, alors que la confiance dans le système judiciaire est très basse selon les observateurs de l’Union européenne.
Une « démocratie mature », se félicite le président Mnangagwa
Le scrutin de mercredi au Zimbabwe a dû être prolongé jeudi, faute de bulletins de vote en nombre suffisant, en particulier dans la capitale Harare, et il s’est déroulé dans un climat d’intimidation des électeurs aux portes des bureaux de vote, des agissements que le responsable de la mission d’observation de l’Union africaine, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, a qualifié de potentielles « infractions pénales ».
Les canons à eau ont été déployés autour du centre des élections, siège il y a cinq ans de manifestations dont la répression avait fait six morts, lorsque Emmerson Mnangagwa avait été proclamé vainqueur devant, déjà, Nelson Chamisa.
De son côté, reconduit à la tête de l’État pour un second mandat, Emmerson Mnangagwa a utilisé sa première prise de parole pour appeler à l’« unité et la stabilité » du pays.
Malgré les nombreux problèmes mis en avant par les observateurs internationaux et notamment l’extension de la journée de vote jusqu’au lendemain, ce qui remet en question le bon déroulement du scrutin, le président zimbabwéen s’est dit fier de gouverner une « démocratie mature », et indique à ceux qui contestent l’élection qu’ils « savent où aller pour se plaindre ».