Dans quelques heures, la Conférence Economique Africaine ouvrira ses portes à Sal, une île du Cap Vert au large de la côte ouest africaine. Organisée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), cette réunion de haut niveau est prévue du 2 au 4 décembre 2021.
Le thème de cette édition est : « Financement du développement de l’Afrique post Covid-19 ». Les sessions de la conférence se tiendront en format hybride (virtuel et en personne). A cette Conférence Economique Africaine, les décideurs politiques, le secteur privé et les chercheurs exposeront leurs réflexions sur les défis que la pandémie pose à l’Afrique et les solutions alternatives à mettre en œuvre pour permettre au continent de s’en remettre rapidement.
En effet, avant la pandémie, les six économies les plus dynamiques du monde se trouvaient en Afrique. Il s’agit du Rwanda, l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Tanzanie et le Bénin d’après l’étude Perspectives 2020 commanditée par la BAD.
Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les économies africaines ont été mises à rude épreuve par les mesures de confinement, les restrictions liées aux voyages, l’effondrement des cours des produits de base, etc. D’après la BAD, les pertes cumulées du PIB de l’Afrique dues à la pandémie sont estimées à entre 145 et 190 milliards de dollars. Selon Dr. Akinwumi A. Adeshina, président de la BAD (photo), « l’Afrique subsaharienne aura besoin de 425 milliards de dollars d’ici 2030 » pour soutenir sa reprise. Compte tenu des efforts à déployer pour combler ce gap, les attentes de cette conférence sont importantes pour le redressement de l’économie africaine.
Les chefs d’État discuteront des options innovantes et durables pour financer la feuille de route du développement post-COVID de l’Afrique. Ils partageront leurs points de vue sur les opportunités de reformuler les modèles de financement du développement en Afrique et discuteront des initiatives développées pour accroître la mobilisation des ressources nationales et améliorer les réponses réglementaires aux sources de financement émergentes et innovantes, y compris les marchés financiers internationaux et le financement numérique. Ils exploreront les questions de mobilisation des ressources naturelles et autres ressources nationales ainsi que la lutte contre les flux financiers illicites, l’amélioration de la viabilité de la dette et l’alternative au modèle actuel de financement du développement de l’Afrique.
Le dialogue de haut niveau avec les partenaires au développement permettra aux principaux acteurs du développement en Afrique de partager leurs points de vue sur la façon de réinventer le financement du développement d’après le COVID-19. En outre, les dirigeants des institutions de développement aborderont les problèmes systémiques liés à la crise internationale et le rôle du filet de sécurité financière mondial, les options politiques pour gérer la volatilité des flux de capitaux, les réformes de la réglementation financière et le rôle des risques climatiques, le rôle croissant de la finance numérique et comment renforcer la gouvernance mondiale dans la perspective de leur institution. Les questions de développement humain, la coopération Sud-Sud, la finance durable, l’aide, l’intégration régionale, les enjeux de la Zone de libre-échange continentale africaine seront également au cœur des échanges.
Malgré ces défis, il y a de bonnes perspectives pour le redressement de l’économie africaine. En effet, selon la Revue annuelle sur l’efficacité du développement, la Banque africaine de développement enregistre des résultats remarquables en dépit de la pandémie de Covid-19.
- Près de 16,5 millions de personnes ont connu des améliorations dans l’agriculture
- Plus de 9 millions de personnes ont eu accès à de meilleurs services de transport
- Plus de 8 millions de personnes ont bénéficié d’un accès nouveau ou amélioré à l’eau et à l’assainissement
- Covid-19 : la Banque africaine de développement a fourni une aide urgente à 12,3 millions de ménages vulnérables dans 31 pays
- Le marché africain attire les investissements dans le secteur de la fabrication de produits pharmaceutiques.
Quant au Programme des Nations Unies pour le développement, grâce au partenariat avec Sustainable Energy for All (SEforALL), des investissements publics et privés facilitent progressivement l’accès à l’énergie abordable et durable pour tous en Afrique.
Par Ibrahim FALOLA