Moins de 24 heures après l’expulsion lundi d’un diplomate chinois accusé d’ingérence au Canada pour des allégations d’intimidation d’un député, la Chine a déclaré ce mardi la consule générale du Canada à Shanghai « persona non grata ». Des expulsions qui relancent la guerre diplomatique entre les deux pays.
Il y a une semaine, le quotidien Globe and Mail révélait que le service canadien de renseignement savait depuis juillet 2021 qu’un diplomate chinois menaçait le député Michael Chong et sa famille, détaille notre correspondante au Québec, Pascale Guéricolas. « Nous ne tolérerons aucune forme d’ingérence étrangère dans nos affaires internes », a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly en annonçant l’expulsion du diplomate, déclaré « persona non grata » dans le pays.
Zhao Wei, un employé au consulat de Toronto, aurait tenté d’intimider les proches d’un député canadien à Hong Kong. Le député avait pris position en faveur des Ouïghours. Ce dernier regrette qu’il ait fallu tant de temps aux autorités pour agir. Selon lui, le Canada doit montrer aux régimes autoritaires qu’il croit en la justice et aux droits humains, et refuse qu’une puissance étrangère s’ingère dans ses affaires. « C’est absolument essentiel que le gouvernement du Canada défende ces valeurs. Sinon, toutes les autres choses, la prospérité, l’économie, disparaîtront », affirme-t-il.
Crise diplomatique
La Chine, qui accuse Ottawa de « calomnies », avait prévenu le Canada que cette affaire aurait des conséquences. La réponse de Pékin n’aura pas tardé. Jennifer Lynn Lalonde a quatre jours pour faire ses valises, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Dans un communiqué en anglais, le ministère chinois des Affaires étrangères qualifie la consule générale du Canada à Shanghai de « persona non grata ». Une mesure en réponse, précise le communiqué, « à l’expulsion déraisonnable par le Canada d’un diplomate chinois ». Pékin n’a pas digéré les accusations « d’ingérence » des renseignements canadiens à l’encontre du diplomate en question.
Généralement, c’est la Chine qui profère les accusations d’ingérence. « La Chine ne s’immisce jamais dans les affaires intérieures des autres pays », a ainsi martelé Wang Wenbin, devant la presse, ce mardi 9 mai. Le porte-parole de la diplomatie chinoise qualifie les accusations « d’absurdes » dans le cadre d’une « campagne de diffamation visant la Chine ».
Ces expulsions mettent en tout cas à terre le travail des diplomates canadiens qui depuis des mois tentent de rééquilibrer la relation avec Pékin. L’arrestation par le Canada en 2018 de l’héritière du géant chinois de la téléphonie Huawei, avait entraîné le placement en détention secrète de deux ressortissants canadiens en Chine, Michael Kovrig et Michael Spavor. Les « deux Michael », comme la dirigeante de Huawei ont été libérées depuis. Mais la Chine continue d’accuser le Canada de s’aligner sur la politique des États-Unis.
RFI