Après deux jours d’une longue attente, les résultats des élections au Nigeria finissent par tomber. Muhammadu Buhari s’est déjà exprimé et s’est dit «très confiant» dans sa victoire. De son côté, Goodluck Jonathan doit prendre la parole dans une allocution télévisée.
Immense pays de 173 millions d’habitants, le Nigeria attend toujours les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Mais selon l’opposition, Muhammadu Buhari, 72 ans, adversaire du président sortant Goodluck Jonathan, a remporté le scrutin, et aurait, toujours selon le camp Buhari félicité son adversaire par téléphone. Information que ne confirment ni le camp de Jonathan ni la commission électorale. Cette dernière devrait annoncer dans la soirée les résultats totaux et définitifs d’une élection historique.
L’avance de Buhari s’est peu à peu creusée. Elle a atteint une marge de 2,9 millions de voix sur Jonathan, selon des résultats officiels partiels concernant la capitale fédérale, Abuja, et 31 des 36 Etats du Nigeria, a annoncé la Commission électorale indépendante (Inec).
Lagos acquise à Buhari
Muhammadu Buhari, leader du All Progressives Congress (APC) a largement devancé Goodluck Jonathan (PDP) dans ses fiefs, de 1,7 million de voix dans l’Etat de Kano, le plus peuplé du nord, et de 650 000 voix dans celui de Kaduna. Quant à Jonathan, il a été plébiscité dans la région pétrolifère du delta du Niger, au sud, remportant plus de 98% des suffrages dans son fief de Bayelsa et près de 95% dans l’Etat voisin de Rivers.
Au total, Buhari recueille près de 14 millions de voix dans les 36 Etats, plus le territoire d’Abuja. Vient ensuite le PDP de Goodluck Jonathan qui recueille entre 11 et 12 millions de voix. Ces tendances, qui doivent être confirmées dans la soirée par le président de l’Inec, confirment en tout cas l’assise de Buhari dans le Nord du pays, d’où il est originaire. En plus de ses chasses-gardées, Buhari semble garder du terrain dans le sud-ouest du pays. Il gagne notamment l’Etat de Lagos, la capitale économique.
De son côté, le PDP reste majoritaire dans plusieurs Etats du sud et du centre du pays. A noter que la semaine dernière, les deux adversaires avaient signé un accord dans lequel ils s’engagent à respecter le verdict des urnes. Surtout, à la veille du scrutin, Jonathan avait appelé les Nigérians au calme tout en menaçant de traduire en justice toute personne qui commettrait des actes de violences.
Muhammadu Buhari, le principal rival du sortant Goodluck Jonathan, s’est déclaré mardi « très confiant » dans sa victoire à la présidentielle la plus serrée de l’histoire du Nigeria, suivie avec passion et ferveur par les électeurs, alors que tombaient les derniers résultats officiels définitifs.
La passivité de G. Jonathan dans le Nord a pesé
C’est la première fois depuis 1999 que l’opposition ne se présentait pas en rangs dispersés. Les quatre partis d’opposition, qui ont fusionné pour former l’APC l’an dernier, ont choisi leurs candidats communs lors d’une primaire qui a donné au général Muhammadu Buhari une certaine légitimité.
Le président sortant lui s’est rendu au scrutin avec une machine électorale PDP affaiblie. De nombreux sénateurs et gouverneurs ont fait défection l’an passé pour grossir les rangs de l’opposition, et Olusegun Obasanjo, ancien chef d’Etat et poids lourd du PDP, a lâché Jonathan, dans une lettre publique qui a sans doute causé du tort au président sortant dans les bureaux de vote du sud du pays.
En outre, les Nigérians se rendaient aux urnes dans un contexte économique dégradé, lié en partie au cours du pétrole qui a chuté. Le Nigeria, est le premier producteur d’or noir du continent.
Enfin, sur le plan sécuritaire, de nombreux nigérians ont été incrédules face à la passivité de l’administration Goodluck Jonathan devant la progression sanglante des insurgés de Boko Haram. Buhari a su profiter de la grogne, dans son Nord natal, mais aussi dans le Sud, lors d’un scrutin à biométrie intégrale qui selon les experts, malgré quelques couacs, a permis d’éviter une fraude massive.