Au Burkina Faso, les assises nationales débutent ce vendredi pour deux jours à Ouaga 2000. Les différents représentants des couches socio-professionnelles sont invités à participer à cette rencontre qui vise à mettre sur pied une nouvelle charte de transition.
Ces rencontres vont se dérouler pendant deux jours dans la salle des Banquets, Ouaga 2000. Deux semaines après le coup d’État qui a renversé le colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba, ces assises visent à mettre en place une nouvelle charte de la transition et à nommer un nouveau président.
Les assises nationales sont organisées par un comité, logé au ministère de l’Administration du territoire, précise notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Bineta Diagne. Un comité mis sur pied il y a quelques jours seulement et composé d’une trentaine de personnes. À sa tête, figure le colonel-major Célestin Simporé, chef d’état-major général adjoint des armées sous la présidence Damiba. En quelques jours, ce comité a préparé les détails logistiques de cette rencontre et surtout élaboré la mouture de la charte de la transition qui sera débattue aujourd’hui.
Quelle transition et avec qui ?
Ces assises s’adressent aux « forces vives » de la nation, à savoir la classe politique, la société civile et les représentants des populations déplacées. En tout, près de 300 personnes sont attendues. Outre le MPSR et les forces de sécurité, la société civile, les Volontaires pour la Défense de la Patrie, les supplétifs civils de l’armée, les organisations coutumières et religieuses sont invitées à désigner deux personnes pour les représenter.
Côté classe politique, les militants du MPP, le parti de l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré, comptent être présent. Malgré des divisions internes, l’ancien parti de Blaise Compaoré, le CDP a aussi confirmé sa participation.
Le premier enjeu est donc l’adoption d’une nouvelle charte par l’ensemble des « forces vives ». La mouture présentée aujourd’hui reconduira-t-elle certains acquis de la précédente charte adoptée en début d’année ? Parmi les aspects essentiels, figurait notamment l’article 10 qui stipule que « le président de la transition n’est pas éligible aux élections présidentielle, législatives et municipales qui seront organisées à la fin de la transition ».
Autre aspect : le respect de la durée de la transition. Deux ans, à compter du 1er juillet 2022. C’était un principe acquis en accord avec la Cédéao lors d’un sommet à Accra, l’été dernier.
Dernier enjeu : la nomination d’un nouveau président de la transition. Le capitaine Ibrahim Traoré va-t-il se retirer ? Ce responsable militaire avait dans un premier temps assuré qu’il ne resterait pas à la tête de l’État et qu’il se contenterait d’assurer les « affaires courantes ». Mais ces derniers jours, certaines organisations de la société civile ont affiché leur soutien pour cette personnalité militaire. En effet, quelques heures avant le début des assises, les partisans du capitaine Ibrahim Traoré sont descendus dans la rue pour exiger qu’il soit maintenu à la tête de la transition, a constaté notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani.
Le Front patriotique, qui regroupe une trentaine d’organisations de la société civile et de partis politiques, va prendre part aux assises nationales. Son secrétaire général, Guy Yogo, explique ses attentes.
Il est important pour nous que ces assises ne débouchent pas sur une transition et une démocratie dont les fondements ne reposeraient pas sur les aspirations de notre peuple. Et pour ça, le Front patriotique s’engage et exorte les participants à privilégier une approche de défense populaire généralisée, la reconquête et la sécurisation de notre territoire et qui consiste à engager sans tarder tout notre peuple et ses ressources nationales dans la guerre contre le terrorisme.
Guy Yogo
Anselme et Yougbaré estiment que ces assises nationales devraient tracer les sillons pour la suite de la transition : « Ça va permettre de tracer les grandes directives de la transition. Le capitaine a dit que le pouvoir ne l’intéresse pas. Il faut qu’il fasse les assises pour élaborer les pistes de transition, mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Je m’attends à ce que le président soit ferme dans ses décisions et oriente ses actions vers la lutte contre l’insécurité. »
Toutefois, certains Burkinabè restent sceptiques quant aux résultats attendus. « Il ne peut pas y avoir de changement en consultant toujours les mêmes acteurs », regrette Yacouba Somé. « Ce sont toujours les mêmes hommes politiques, les mêmes têtes. Je vois que cela ne changera pas grand-chose. Actuellement, la préoccupation, c’est la sécurité. Ce n’est pas la peine d’organiser des assises. »Gouvernement et assemblée de la transition resserrée, les populations espèrent une équipe de « combat » à la tête de la transition : « Il va falloir juger si c’est un gouvernement productif. »