60 ans d'indépendance du Bénin : Le bilan dans le domaine de l’éducation

Chronique

60 ans d’indépendance du Bénin, quel est le bilan dans le domaine de l’éducation ? Nous présenterons de manière succincte le travail  en trois points.

1- Réformes du système éducatif:

– Notre pays a connu plusieurs réformes de son système éducatif.  Le colon a mis en place un système qui favorisait la formation des auxiliaires, des interlocuteurs, des  commis pour la réalisation de son objectif qui n’est rien d’autre que l’exploitation des dahoméens dans tous les domaines de la vie. On avait à l’époque quelques écoles seulement dans les centres urbains dans lesquelles s’inscrivaient les enfants des notables qui aidaient les colons dans la réalisation de ses objectifs. Ensuite  notre pays a connu pour son système éducatif des réformes comme, réforme GROSSE-TETE _ DOSSOU-YOVO, l’école nouvelle, les programmes intermédiaires, les nouveaux programmes d’études..

 

Caractéristiques des réformes:

Reforme GROSSE-TETE _DOSSOU-YOVO

– Réforme imposée  par l’administration française sans prendre en compte les réalités du Dahomey

_ Trois ordres d’enseignement sont prévus : école primaire, collèges d’enseignement moyen, lycées , établissements de second cycle. et université.

– la ruralisation de l’école

– la création des CES( collège d’enseignement secondaire) dans tous les chefs lieux des  sous_ préfectures du Dahomey avec un plan de construction spécifique et rigoureux.

– Réforme mort née car elle a suscité des mécontentements et son application est impossible.

Réforme de l’école nouvelle :

– ordonnance numéro 75-30 du 23 juin 1975 portant loi d’orientation de l’éducation nationale,

– l’école nouvelle est intégrée au milieu social national; elle est démocratique et populaire, obligatoire et gratuite, publique et laïque.

– Elle ne fixe aucune limite d’âge pour la scolarité obligatoire et veut que l’élève en sort avec un métier.

– l’État a nationalisé toutes les écoles  confessionnelles et privées

– la généralisation précipitée a conduit rapidement la réforme à la dérive et l’État avait le dos au mur.

l’inexistence des diplômes a la fin des cycles, la courte durée des cycles n’étaient pas en conformité avec les normes de l’UNESCO.

– Suite à une conférence bilan en 1981, l’État béninois était obligé de ranger cette réforme au placard.

– l’État n’avait pas les moyens de la politique éducative.

 

La période de 1981 a 2003.

– le système éducatif béninois navigue à vue sans loi d’orientation jusqu’en 2003,

– l’éducation est au hasard de  l’improvisation et aux desiderata d’un décideur politique.

– la conférence des forces vives de la nation en 1990 et les états généraux de l’éducation en octobre 1990 ont fait revenir dans le système les anciennes appellations des diplômes(   CEP,BEPC, BAC  A,B,C,D…..)

– réaménagement de la semaine de travail  pour dégager la matinée du samedi.

L’application des programmes intermédiaires.

 

La réforme de 2003 à nos jours.

– loi d’orientation numéro 2003-17du 11 novembre 2003,

– l’école en république du bénin est publique et laïque,

– l’enseignement est subdivisé en trois degrés que sont: le 1er degré qui prend en compte l’enseignement maternel et primaire; le 2nd degré, fait de l’enseignement secondaire général et de l’enseignement secondaire technique et professionnel, le 3eme degré qui prend pour cheval de bataille l’enseignement supérieur et la recherche scientifique.

_ les objectifs de la démocratisation de  l’enseignement ne sont pas atteints car les moyens humains, financiers, matériels, intellectuels à la dimension de l’entreprise n’existent pas.

_ la main mise des partis politiques sur l’école béninoise.

Comme l’a si bien dit le Cardinal Bernardin GANTIN, » je souhaite une seule chose à mon pays, la conscience, la conscience, encore plus de conscience et si nous y croyons fermement et que nos actes la reflètent, nous pouvons être sauvés et notre école aussi. »

 

2- Les infrastructures.

Pendant longtemps, les salles de classes étaient réalisées  par les colons dans les grandes agglomérations du pays. Au cours de la période révolutionnaire, et de la période du renouveau démocratique des efforts sont faits pour la création de plusieurs écoles et la construction des salles de classes dans le primaire , dans le secondaire et l’Université.

De CEMG, nous sommes passés au CES ,Collège d’Enseignement Secondaire et ceci dans les chefs lieux de toutes les sous préfectures avec un plan identique de construction des salles de classe.

Toujours dans la période révolutionnaire, toutes les écoles privées et confessionnelles ont été fermées par l’État. C’est seulement, la conférence des forces vives de la nation de février 1990 qui a autorisé la réouverture de ces établissements. Des efforts ont été fait de 1990  à ce jour pour plusieurs créations des écoles maternelles, primaires, secondaires dans presque toutes les localités de notre pays. Des universités et sites universitaire sont installés dans toutes les régions de notre pays.

Les cantines scolaires sont devenues une priorité  pour le régime actuel.

3- la qualité de l’enseignement.

Plus de rigueur pour exiger un enseignement de qualité pendant les premières années de l’indépendance. Notre pays était appelé le quartier latin de l’Afrique.

Au fil des années, notre école s’est dégradée et les enfants sont formés au rabais. Cela se justifie par le pléthore des élèves dans les classes, le manque criard des enseignants, la mauvaise gestion du système éducatif par les gouvernants, les grèves intempestives des enseignants ,la politisation à outrance de la chose éducative, etc…

Le gouvernement de la rupture a pris conscience des maux qui minent l’école béninoise et a mis en place un mécanisme plus rigoureux de gestion de l’école .

Depuis quatre ans les résultats aux examens académiques connaissent une amélioration. La mise en place d’une base de données des aspirants au métier d’enseignants est devenue une réalité et les besoins en enseignant dans nos classes sont comblés. Nous devons apprécier à juste titre une telle innovation dans l’école du bénin car depuis les indépendances, c’est pour la première fois que le problème de pénurie d’enseignants dans nos écoles primaires et secondaires trouve une solution.

Des la rentrée prochaine, l’État béninois envisage gérer ces aspirants par des agences privés de placement. Notre souhait est que cette initiative soit bien mûrie et bien préparée  pour un meilleur rendement de l’école béninoise. Aussi, me plait_ il de rappeler que de telle initiative ne devrait en aucun cas empêcher la mesure de recrutement des enseignants fonctionnaires de l’État tel que cela est prévu dans le programme d’action du gouvernement. Je voudrais en ma qualité de technicien du système éducatif, dire que les programmes d’études en vigueur méritent une révision car ils sont en déphasage avec les réalités actuelles de la société béninoise. J’aurais voulu que des experts y réfléchissent en trichant le modèle des pays anglophones.

L’école, oui, mais la chose la plus importante dans la vie est l’intégration sociale de l’être l’être  humain. Cessons de former des diplômés sans emplois.

Il revient à chaque béninois et béninoise de prendre au sérieux le devenir de notre école, voire le devenir de notre nation. Nous reviendrons   sur plus  d’amples informations sur la gestion de l’école de notre pays dans nos prochaines éditions.

 

HOUNSA Djidjoho Lucien

Inspecteur des enseignements maternel et de base à la retraite.

Fils du paysan

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