Le patriarche Karim da silva a animé mardi 24 septembre 2019, une conférence de presse au cours de laquelle il a dévoilé les manoeuvres visant à nuire au Bénin et à son président dans la crise relative à la fermeture unilatérale des frontières nigérianes. Partant du fait que le Bénin n’a tracé aucune voie qui rentre directement au Nigéria, le nonagénaire va inviter les autorités nigérianes à cesser d’accuser le Bénin de tous les péchés d’Israël et d’assumer leurs responsabilités afin de sécuriser davantage leurs frontières. Karim da silva, president du Conseil des sages de la ville capitale,n’a pas oublié de revisiter avec les hommes de la presse, les très bonnes relations que le Bénin et le Nigéria ont eues et qui à jamais resteront gravées dans leurs histoires
. “Le Bénin n’est ni coupable, ni responsable de tout ce dont on l’accuse”, s’offusque le patriarche Karim Urbain da Silva au sujet de la fermeture des frontières nigérianes. D’un ton très ferme, il exhorte le président BUHARI à arrêter de faire une fixation sur le Bénin et de rechercher les véritables causes de son manque à gagner, si tant est que le préjudice est établi, dans l’économie nigériane, et l’organisation de son administration. Pour résoudre définitivement cette crise, a fait observer le président des Sages de la ville de Porto-Novo, il suffit que les douaniers nigérians découragent ce trafic en empêchant les marchandises d’entrer sur leur territoire parce qu’ils connaissent toutes les voies dont use la contrebande. Il préconisera dès lors aux douaniers nigérians de faire consciencieusement leur travail. Parlant des relations entre les deux pays, le sage a rappelé que avant la création de la CEDEAO, l’ECOWAS prônait déjà la libre circulation des personnes et des biens dans les deux Etats. C’est cela qui a d’ailleurs favorisé a en croire le sage, l’implantation des usines comme la Société Sucrière de Savè et la cimenterie d’Onigolo. Grâce aux services de renseignements nigérians; a aussi rappelé le patriarche, le Bénin a pu mettre en déroute les mercenaires qui s’apprêtaient à l’attaquer. Le Bénin à son tour a aussi informé le sage, a refusé d’abriter une base militaire occidentale qui visait le grand voisin de l’est. Pour lui, les deux pays sont liés par le destin et condamné à vivre ensemble. Lisez plutôt l’intégralité de son message.
Face aux médias, Karim da Silva parle du Nigéria et du Bénin
« Les béninois doivent se dire et se faire à l’idée que lorsqu’une porte est fermée, plusieurs autres sont ouvertes !
Dans mes récentes déclarations sur la fermeture des frontières entre le Nigéria et le Bénin, j’ai exposé, le distinguo entre les véritables raisons, celles qui sont soutenues par des arguments et les arguties, c’est-à-dire les différents faire-valoir avancés par les uns ou les autres pour dissimuler la vérité.
Nos relations avec le Nigéria, comme j’ai eu à le dire assez souvent ces derniers temps, ont tenu une place importante, dans l’économie du Bénin.
Il est arrivé, autrefois, en 1970, après la visite du Général Yakubu GOWON (1966-1975) chef de l’Etat nigérian au Bénin, que Muhamad Dicko YUSUF alias M.D. YUSUF, ancien Inspecteur Général de la Police et ancien Ministre de l’Intérieur, avec MM. Samuel IKOKU, Ayo ADEBANJO, Ibrahim BELLO dit DAMZ et d’autres amis, dont moi-même, aient reçu pour mission de constituer un conseil ad hoc dont le mandat était d’étudier les voies et moyens d’améliorer les relations entre les deux pays.
Nous avions travaillé d’arrache pied et les conclusions de nos travaux avaient abouti à des décisions d’aides substantielles que le Nigéria apporterait au Bénin. L’une des décisions proposées par le béninois Ibrahim BELLO dit DAMZ et le Nigérian Samuel IKOKU, tout deux anciens membres du cabinet du Président Kwamé NKRUMAH grand panafricaniste, fut acceptée par tous les autres membres et devenait ainsi la base de la création de l’ECOWAS ou CEDEAO. L’idée d’ECOWAS était venue de ces deux là.
Plus tard c’est L’ECOWAS, ou CEDEAO, née le 28 mai 1975, et porté, à bout de bras, par le Nigéria, son initiateur sur la place internationale, qui a permis la libre circulation des personnes et des biens.
Il est arrivé par la suite, à la faveur de ce nouveau vent, que plusieurs commerçants nigérians importants par le volume des affaires qu’ils brassent, se sont intéressés à la plate forme que représente notre pays en matière d’affaires sur le Nigéria.
Ils se sont établis ici et ont accompli leurs formalités de cartes d’importateurs, régulièrement, pour certains d’entre eux. D’autres ont préféré se mettre avec des béninois pour sécuriser leurs affaires, ou accroître leurs gains.
Certes quelques béninois se livrent à cette activité, mais c’est parmi ces commerçants nigérians que l’on retrouve les importateurs qui se sont spécialisés dans le riz convoyé au Nigéria et qui irrite le régime d‘ABUJA et constitue une pomme de discorde entre nos deux pays.
Ce sont ces commerçants qui commandent le riz, le réceptionnent, le dédouanent, le sortent du port, le stockent dans des entrepôts qu’ils ont construits ou loués en ville.
Ils organisent l’acheminement de ces marchandises vers le Nigéria. Tout ce qu’ils font ici au Bénin l’est en toute régularité. L’Etat béninois n’a donc rien à leur reprocher, même s’ils sont les propriétaires des marchandises interdites d’entrer dans leur pays.
Ils les convoient chez eux avec l’accord des douaniers nigérians qu’ils entreprennent. Le directeur de la douane est le responsable de ce qui entre au Nigéria. Tous ces grands camions ne franchissent les barrières douanières pas ou n’arborent les rues au Nigéria sans qu’on les remarque.
Ils s’arrêtent ci et là pour se décharger, et ce sont des gens qui les déchargent ^parfois en plusieurs heures, ils ne sont pas invisibles. La douane nigériane a l’occasion, le temps et les moyens de les intercepter et de les saisir.
Qui voudrait-on blâmer ? Et qui devrait-on sanctionner ? Le premier responsable est le directeur de la douane nigériane, Rien ne peut entrer au Nigéria sans complicité ?
Toutes ces marchandises ne peuvent pas être vendues le même jour, elles sont stockées, on doit pouvoir les localiser : il suffit de le vouloir.
Les béninois n’ont donc rien à y voir, si les douaniers nigérians découragent ce trafic en empêchant les marchandises d’entrer sur leur territoire, parce qu’ils connaissent aussi bien toutes les voies dont use la contrebande, que les contrebandiers, ces produits ne se retrouveraient pas sur le sol nigérian.
Certains douaniers nigérians même exercent ce commerce de la prohibition, où est le problème des béninois ?
La liste produite au terme d’un dit accord de 2003, qui pullule dans les journaux, ces jours-ci, n’est pas une excuse.
Les douaniers, et c’est leur raison d’être, doivent éviter que les produits interdits d’entrer dans un pays, y pénètrent pourtant. Au-delà de la douane nigériane, il revient à l’Etat nigérian de décourager l’entrée, au Nigéria, de ces marchandises et il en a tous les moyens.
Si les douanes nigérianes font consciencieusement leur travail ; le Nigéria en récolterait les fruits. Cela se traduira dans les faits par l’interdiction effective des produits prohibés sur le territoire nigérian.
La responsabilité, voire la mission, n’en revient pas au Bénin. Les douaniers béninois, eux aussi, ont leurs missions. Pour parler de leur efficacité, on rapportera, non pour les excuser, mais pour rendre la vérité, qu’ils n’étaient pas certes des saints mais sont devenus voraces à l’image de leurs collègues nigérians, en les voyant faire.
A partir de là, ils se sont laissés entraînés au point où, la chose étant désormais connue de tous, certains ont fait des pieds et des mains pour être affectés à Kraké ou à Igolo.
Donc poser le problème du Bénin ou celui de sa responsabilité est argutie
Maintenant, pour ce qui est de la corruption de fonctionnaires, quels qu’ils soient, au Bénin, le Président Patrice TALON est entrain d’y mettre fin car la Rupture c’est l’art de se redéfinir.
Si le Président BUHARI pense que depuis qu’il a fait fermer les frontières, la situation des produits « made in Nigéria » s’est améliorée, alors c’est une mauvaise querelle qu’il fait au gouvernement béninois.
Il gagnerait plutôt à s’occuper de ses douaniers parce que les chemins par lesquels ces marchandises rentrent au Nigéria sont ceux de la contrebande.
Et si tel n’est pas le cas, c’est-à-dire si ces produits prohibés n’empruntent pas les voies de la contrebande, alors il faut en convenir que les douaniers nigérians ne font pas leur travail en laissant les dits produits prohibés envahir le Nigéria par les voies officielles.
Ce serait alors des douaniers nigérians qui facilitent l’entrée sur le sol de leur pays, des marchandises prohibées dans leur pays par des voies toutes officielles.
Le Bénin et son port n’ont rien à voir dans ce trafic. C’est le Nigéria, initiateur et promoteur de la CEDEAO, qui est défaillant.
Plusieurs nigérians sur la place détiennent le passeport Béninois, on ne sait trop par quel type d’arrangement ou de confusion. Ils sont ici à leurs aises, parlant le fon, le goun, le Dendi et le yoruba, au point d’être confondus aux béninois. Plusieurs villas de la Cen-Sad, de la Francophonie, appartiennent à des nigérians. Même le président défunt Sanny ABACHA avait une grande maison ici, on ne sait ce qu’elle est devenue.
La communauté nigériane est si importante au Bénin qu’elle doit avoir dépassé les deux millions d’habitants si je ne m’abuse.
Il ne faut pas accabler les autorités béninoises, ni faire de l’ingérence dans nos affaires. Le Bénin est certes considéré comme le 37ième état de la fédération nigériane, mais il ne l’est pas encore, le sera-t-il même un jour à l’allure où vont les choses ?
La politique menée au Bénin n’est pas dans le champ d’action du gouvernement d’ABUJA qui est le territoire nigérian.
Le PVI est un choix politique des autorités béninoises depuis maintenant deux présidents. Car, c’est le président YAYi qui l’aurait initié et signé pour le Bénin. Tout ce qui peut s’y raccrocher comme petites histoires ne regarde que les béninois.
Et il faut le dire, le PVI rapporte à l’Etat béninois. Lorsque le président YAYI l’a signé, il n’avait pas des hallucinations, parce qu’il était un chef d’Etat en fonction et qu’à ce titre, il avait des conseillers et un cabinet. Le PVI était un choix voulu, une option mûrement réfléchie.
Donc, il faut arrêter de faire de la politique politicienne en cherchant le bouc émissaire sur lequel on chargerait tous les péchés de cinquante neuf années de gestions irresponsables tant au Bénin que dans d’autres pays d’Afrique dont le Nigéria n’est pas exclu.
La lutte que mène le Président c’est pour notre autosuffisance et notre dignité. Ce n’est pas contre le Nigéria.
Je remercie le président OBASANJO, (1976-1979) et (1999-2007), Baba Iyabo, je le comprends parfaitement bien, c’est un très bon patriote, il a promu plusieurs jeunes nigérians, de toute origine, Yoruba, Haoussa, et Ibo, comme ADENUGA, DANGOTE etc… C’est également un véritable panafricaniste. Je le félicite et prie Dieu de le Bénir.
Il a aidé le Bénin, de KEREKOU à YAYI, un Yoruba comme lui. Mais c’est ce même YAYI qui a fait venir ZINSOU, un blanc, avec lequel le Nigéria et le Bénin auraient déjà gagné sans coup férir l’installation de bases militaires le long de nos frontières pour la surveillance de leur territoire et de leurs états, s’il avait gagné, en bon cheval de Troie qu’il était venu.
L’excellence des relations, entre les deux frères YAYI et OBASANJO, n’est en rien comparable à celles de deux pays frères.
Rappelons-nous que c’est YAYI qui est allé chercher ZINSOU pour en faire un premier ministre posant ainsi les premiers pas d’une nouvelle reconquête du Bénin par nos anciens maîtres. N’y a-t- il pas d’éléments valeureux dans son parti ? Que veut-il ? Sinon nous faire recoloniser !
Je n’ai rien contre la France et je suis né citoyen français, mais force est de reconnaître qu’il y a d’autres réalités du terrain auquel nul ne peut se soustraire.
Le Président Nicolas Sarkozy dont le père est resté tout le temps hongrois avant de se naturaliser à l’occasion de l’élection de son fils, n’aurait jamais pu être président de la république française s’il avait été noir comme moi, dont pourtant le père avant ma naissance était français, ainsi que son grand frère, mon oncle Marcellin da SILVA, mort pour la France à la grande Guerre de 14-18. Ses cendres reposent au cimetière militaire de Rembercourt-aux-pots, tombe n° 140.
En Afrique, bon nombre d’entre nous sommes français et pensons français. Mais nous demeurons Africains et notre cadre de vie pour la plupart c’est l’Afrique.
C’est dans ce contexte qu’est apparue, un matin, l’affaire des déchets nucléaires. Le Nigéria a volé à notre secours à cette occasion.
Nul ne sait comment les autorités nigérianes en ont été informées. Toujours est-il que le SG Samuel IKOKU est venu vers moi pour cette mission délicate d’étude de la situation et rencontre avec Feu le président Mathieu KEREKOU, paix à son âme.
Lorsque je me suis retrouvé nez à nez avec le Président, Feu Mathieu KEREKOU, il me révéla que ce n’était pas lui, mais son ministre, aujourd’hui disparu, Feu Lt Colonel S.D.
Par la suite, une délégation de trois personnes vint du Nigéria, et fut dépêchée vers l’ancien président, feu Mathieu KEREKOU.
Pour mettre fin à cette mauvaise affaire, le Nigéria n’hésita guère, il remboursa au Bénin le montant perçu par nos autorités pour abriter sur notre sol, ces déchets nucléaires de l’opprobre et de la mort. Et, le Bénin, alors, arrêta d’en recevoir.
Mais, que savons-nous des conséquences de ce qui fut déposé ici, malgré l’opposition du ministre André ATCHADE ? Feu Lt Colonel S. D. le fameux ministre, artisan de cette affaire, dira plus tard, qu’il ne savait pas que c’était si dangereux, ce qui lui vaudra la réponse de Feu, Mathieu KEREKOU, paix à son âme, qui lui demanda alors pourquoi donc il n’était pas allé enterrer cela, chez lui, dans son village.
Toujours est-il, que ce qui est resté, ici, a été enterré, dans une région dont je ne peux dire le nom… Il y a des choses qu’il faut savoir taire, tout ne se dit pas. Après l’échec de Cotonou, ces sans foi ni loi, ces sans foi ni loi se sont retrouvés en côte d’ivoire à Abidjan.
Mais, lorsqu’on sait que, ce qui a été déposé en Côte-d’Ivoire, a fait des irradiés, causé des morts, soulevé des contestations et imposé un procès au terme duquel les commanditaires ont été obligés de revenir sur les lieux, déterrer et emporter leurs déchets nucléaires, on devrait se poser la question de savoir jusqu’où va la sincérité de nos anciens maîtres, et constater que le Nigéria, ici au Bénin, nous a retiré du pied une grosse épine.
En conséquence, il ne sied pas du tout que les actuels dirigeants du Nigéria, par l’incurie de leurs douaniers, fassent, aujourd’hui, une mauvaise querelle au Bénin.
Même lorsqu’il serait établi que notre pays ne se dérangerait pas outre mesure pour empêcher le transport des marchandises prohibées vers le Nigéria, ce qui n’est pas le cas, il ne pourra être considéré comme étant à l’origine du mal dont souffre l’économie nigériane.
Et pour cause : le Nigéria a les moyens de surveiller ses frontières et de protéger sa population.
Tout produit prohibé entrant au Nigéria par les chemins de contrebande ou par les voies officielles, l’est du fait des douaniers nigérians et peut faire l’objet de saisie, de destruction ou servir de nourriture aux enfants dans les orphelinats.
Ce pays ne manque pas d’imagination et ce ne sont pas dix ou vingt camions qui rentrent par jour dans ce pays mais des centaines.
Ce qui n’est ni fair play, ni honorable, mais salissant et désobligeant, c’est la polémique inutile que nous font dans la presse, les autorités nigérianes en procédant à une honteuse publication des dettes du Bénin envers le Nigéria au titre de la consommation électrique. C’est porter atteinte à notre dignité de béninois. Avons-nous refusé de payer ?
Il aurait même mieux valu fermer les frontières, sans rien dire, plutôt que de chercher à nous humilier et à nous honnir de cette façon là. Cela dénote d’une intention manifeste de nuire.
Alors, il faudrait que le Président BUHARI, arrête de faire une fixation sur le Bénin et recherche, les véritables causes, de son manque à gagner, si tant est que le préjudice est établi, dans l’économie nigériane, et l’organisation de son administration.
Et si les causes de la fermeture des frontières avec le Bénin sont ailleurs qu’il le dise en toute franchise ! »
Karim Urbain da SILVA