Comme attendue, la partie « recettes » du Budget a été très largement rejetée par l’Assemblée nationale. Le texte soumis au vote était très largement remaniée par la gauche. C’est tout simplement la première fois que ça se produit sous la Ve République.
Beaucoup de Français l’apprennent ce soir. Ce rejet de la première partie du budget empêche l’examen de la seconde partie, le volet dépenses. Le texte part au Sénat dans sa version initiale, celle proposée par Michel Barnier et ses 60 milliards d’économies pour arriver à un déficit de 5 % du PIB l’an prochain.
Un projet largement modifié, pour ne pas dire totalement défiguré, par les députés, notamment de gauche et du Rassemblement national. Beaucoup d’impôts sur les superprofits, les superdividendes, la fin également de la contribution française à l’Europe a été votée. Il y avait, selon les estimations, jusqu’à 75 milliards d’euros de taxes.
« Ce budget est le budget du Nouveau Front populaire, il est le budget que le peuple français a choisi le 7 juillet dernier », a commenté le député LFI Aurélien Le Coq, en estimant à « 75 milliards » les « recettes nouvelles proposées par le Nouveau Front populaire et La France insoumise, pour un excédent positif de 58 milliards d’euros. »
Déception et colère chez les uns, sourire chez les autres
Chiffre contesté par le rapporteur général du Budget, le centriste Charles de Courson, qui a estimé que les amendements votés ces dernières semaines aboutissaient « apparemment » à 65 milliards de recettes supplémentaires, mais en réalité à une « perte sèche de recettes fiscales de plus de six milliards d’euros. » « Nombre d’amendements adoptés, à hauteur de 50 milliards, ne respectent ni nos droits constitutionnels, ni le droit européen, voire sont inapplicables », a-t-il pointé du doigt.
Déception, voire colère ce soir dans les rangs du Nouveau Front populaire. Agacement palpable chez les macronistes, qui en veulent, notamment, aux socialistes d’avoir trop suivi les insoumis.
Chez les républicains, eux aussi membres de la coalition au pouvoir, des sourires ce soir, car le texte part maintenant au Sénat, où la droite et le centre sont majoritaires et devraient aller dans le sens du chef du gouvernement, Michel Barnier. Ce dernier sera de toute façon obligé de revenir à l’Assemblée nationale, avec peut-être cette fois un 49.3 sous la main.