Rattrapé par la vague « metoo » en 2018, le Flamand de 63 ans, a été jugé pour « violence, harcèlement ou harcèlement sexuel au travail » à l’égard d’ex-danseuses de sa compagnie Troubleyn. Douze d’entre-elles le mettaient en cause.
Douze ex-danseuses de sa compagnie le mettaient en cause. L’artiste et chorégraphe belge Jan Fabre, accusé de « harcèlement sexuel », a été condamné vendredi à 18 mois avec sursis par le tribunal correctionnel d’ Anvers (nord). Une peine de trois ans de prison ferme avait été requise contre le plasticien, figure de l’art contemporain.
Sur les douze plaintes, le tribunal a considéré que la moitié des accusations étaient prescrites ou non prouvées, certains faits remontant à 2002. Le jugement a retenu l’agression sexuelle d’une des plaignantes et les violences ou humiliations subies par cinq autres.
Absent de son procès
L’artiste flamand récuse toutes les accusations portées contre lui. Il n’a pas assisté à son procès et était également absent au prononcé du jugement. « Nous sommes satisfaits de ce jugement », a réagi An-Sofie Raes, une des avocates représentant les parties civiles, citée par le quotidien flamand De Standaard.
Rattrapé par la vague #metoo en 2018, le Flamand de 63 ans, a été jugé pour « violence, harcèlement ou harcèlement sexuel au travail » à l’égard d’ex-danseuses de sa compagnie Troubleyn. Il a dû aussi répondre d’un « attentat à la pudeur » contre l’une d’elles. Des accusations pour lesquelles il encourait jusqu’à cinq ans de prison.
La condamnation à 18 mois est assortie d’un sursis à exécution pour une durée de cinq ans, période pendant laquelle Jan Fabre est privé de ses droits civiques, précise la copie du jugement transmise à la presse.
« Une culture de la peur » dans la compagnie
Le 25 mars, au premier jour du procès, il a été dépeint par les parties civiles comme un homme tyrannique, humiliant régulièrement les danseuses et ayant même pratiqué sur certaines d’entre elles un chantage à caractère sexuel. L’une des jeunes femmes, danseuse débutante, avait décrit « un univers de travail toxique » lors de l’enquête.
Plusieurs victimes présumées ont raconté des séances photo à caractère érotique dirigées par le chorégraphe, sous le « faux prétexte » d’une publication dans une revue artistique. Certaines séances se terminaient par des rapports sexuels. Ignorer ses avances pouvait valoir des brimades et des brutalités, a témoigné l’une d’elle.
Après ce portrait accablant, trois ans de prison ferme avaient été requis par la procureure. Celle-ci avait jugé les témoignages des victimes « très crédibles » et reproché au chorégraphe d’avoir instauré « une culture de la peur » dans la compagnie.
Sa défense a livré lors du procès une tout autre image de Jan Fabre, dépeint en « anar romantique », mais certainement « pas un criminel ». Son avocate Eline Tritsmans a admis le « fort caractère » de l’artiste, connu pour ses provocations, et le fait que travailler avec lui « c’est se donner à 100 % » dans des performances éreintantes où l’on vise « le vrai épuisement, les vraies émotions ».
Pas de sexe, pas de solo »
Accusation phare du dossier, résumant aux yeux des victimes présumées sa tendance au harcèlement, la formule « Pas de sexe, pas de solo » avait été dénoncée par l’avocate comme « une rumeur, un cancan ».
Les faits reprochés portent sur la période 2002-2018. En juin 2021, à l’issue de trois ans d’enquête, l’Auditorat du travail d’Anvers, section spécialisée du parquet, avait décidé de renvoyer Jan Fabre devant la justice pénale.
Les œuvres (dessins, sculptures) de cet artiste protéiforme qui explorent les thèmes de la mort, de la métamorphose, de la religion ou des sciences, ont été exposées régulièrement en Europe, de Venise à Paris en passant par Saint-Pétersbourg. En 2002, il avait revêtu le plafond de la salle des glaces du palais royal de Bruxelles d’1,4 million d’élytres de scarabées aux reflets bleu et vert, l’une de ses réalisations les plus connues.
Avec S.E.