Supposées bases militaires étrangères au Bénin : L’armée clarifie, Victor Topanou demande les preuves satellitaires

Afrique

(Wilfried Houngbédji déplore « les propos mensongers » du député Ahossi et parle de «…cauchemar»))

L’état-major général des Armées rompt le silence suite aux accusations graves du capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Burkina Faso au sujet de l’existence de bases militaires étrangères destinées à déstabiliser le Burkina Faso. Faux, rétorque le représentant de l’armée béninoise qui clarifie la cartographie des bases opérationnelles avancées dans le septentrion. Sur la télévision Canal 3 Bénin, c’est le député Victor Topanou qui demande aux burkinabè d’apporter les preuves satellitaires de leurs allégations, tandis que le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji fustige les propos du député Basile Ahossi et parle de bases militaires vues dans un cauchemar.

C’est le lieutenant-colonel Ebénézer Vincent Honfoga, chef des opérations aériennes de l’opération Mirador qui est monté au créneau pour balayer du revers de la main les accusations graves du capitaine Ibrahim Traoré sur Éden télévision ce dimanche 21 juillet 2024. L’invité de l’émission « L’entretien du dimanche» de Eden Tv a formellement déclaré que le Bénin n’abrite aucune base militaire étrangère sur son sol. « Le Bénin n’a pas vocation à avoir des bases militaires étrangères. Jusqu’à aujourd’hui, je vous dis de manière péremptoire que le Bénin n’a pas de bases militaires étrangères sur son sol. Nous avons eu un air un peu abusé, quand on a appris de tels propos venant d’un militaire qui connaît la définition d’une base militaire », a déclaré le porte-parole de l’armée béninoise sur le plateau de Eden Tv.

« Nous n’ambitionnons pas d’avoir des bases militaires étrangères et nos partenaires n’ambitionnent pas non plus d’installer des bases militaires sur notre sol. D’abord, pour implanter une base militaire, il faut que le pays qui l’accueille, puisse en manifester la demande, il faut que nos partenaires, qui veulent s’installer aussi, puissent en manifester la demande. Et nos partenaires n’ont pas manifesté ces types de demandes. Donc, il n’est pas question qu’on puisse dire que le Bénin a une base militaire étrangère sur son sol aujourd’hui », a poursuivi le lieutenant-colonel Ebénézer Vincent Honfoga.

L’officier de l’armée béninoise a déploré l’inexistence de précision dans les propos du président burkinabè avant d’expliquer que des bases opérationnelles avancées existent à Bako Maka qui est le dernier village avant la frontière avec le Niger et Koulou-koualou qui se trouve être une zone litigieuse entre le Bénin et son voisin le Burkina. Koulou-koualou étant devenu une bastion du terrorisme connue des deux États, le président Talon avait fait le déplacement à Ouagadougou dès l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir en 2022 pour expliquer la stratégie du Bénin à prendre contrôle de ladite zone pour mettre fin à l’absence de l’ État. C’est ainsi que des écoles et des infrastructures socio communautaires ont été construites ainsi qu’une base opérationnelle avancée qui sert à sécuriser le Parc national de la Pendjari, un haut lieu du tourisme dans la sous-région. Ces deux bases opérationnelles avancées sont appuyées par les camps militaires de Natitingou et de Kandi. Cette disposition a permis au Bénin, selon le colonel Honfoga, de maîtriser la situation et de repousser les velléités des terroristes. Il a laissé entendre pour terminer que la piste d’atterrissage de Porga n’est pas une nouveauté, elle existe depuis la nuit des temps et a toujours été utilisée pour convoyer des touristes qui veulent visiter le Parc de la Pendjari et que des aéronefs continueront d’atterrir pour ravitailler aussi la base avancée opérationnelle de Koulou-koualou.

Wilfried Léandre Houngbédji déplore « les propos mensongers » du député Basile Ahossi

Sur un autre tableau, cette fois-ci sur la télévision Canal 3 Bénin, le député Victor Topanou a demandé à ceux qui accusent le Bénin d’abriter des bases militaires étrangères, d’apporter les preuves satellitaires qui montrent les bases militaires avec les drapeaux des pays étrangers concernés. C’est à cette seule démarche, dit-il, que ceux qui accusent le Bénin pourront être pris au sérieux. Et il leur lance ce défi important.

Toutefois, Victor Topanou a salué la médiation des anciens présidents Nicéphore Dieudonné Soglo et Thomas Boni Yayi. Les deux anciens présidents du Bénin ont conduit une médiation au Niger pour rencontrer le général Abdouramane Tiani, une médiation qui pourrait porter ses fruits avec probablement l’arrivée d’une délégation nigérienne cette semaine au Bénin pour trouver une porte de sortie dans la crise entre le Bénin et le Niger au sujet du pipeline. Bien qu’étant de l’opposition, ces deux anciens présidents ont fait honneur à la démocratie béninoise pour avoir initié cette médiation, a laissé entendre Victor Topanou sur le plateau de l’émission Zone franche sur Canal 3 Bénin.

Quant au Secrétaire général adjoint, porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, il a déploré « les propos mensongers » du député Basile Ahossi qui est membre du bureau de l’ Assemblée nationale. Il dit qu’il veut croire que sa voix a été clonée et que le député Basile Ahossi a certainement « vu les bases militaires dans un cauchemar ». Wilfried Léandre Houngbédji a expliqué qu’il n’est pas décent pour une personnalité de son rang de tenir de tels propos contre sa nation et qu’en tant que député il avait la latitude de diligenter une commission d’enquête parlementaire pour voir clair dans la situation au lieu de tenir des propos à la limite peu responsables.

Sur le plateau de la télévision nationale, le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji a expliqué que le député risque gros si c’était dans certains pays et que la démocratie béninoise laisse chaque citoyen s’exprimer librement.

Adrien HOUNVENOU

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