Niger : L’ambassadrice américaine Kathleen FitzGibbon présente ses lettres de créance aux autorités

Afrique

Les États-Unis confirment leur volonté d’avoir des relations diplomatiques avec la junte au Niger. Malgré leur condamnation du coup d’État perpétré fin juillet, les Américains avaient envoyé une diplomate en poste à Niamey. Kathleen FitzGibbon était arrivée dans le pays mi-août. Auparavant, elle avait été cheffe de division Afrique de l’Ouest et australe, puis directrice du Bureau d’analyse de l’Afrique au département d’État, avant d’être envoyée en poste à Abuja, au Nigeria. Samedi 2 décembre, elle a franchi une nouvelle étape en remettant les copies figurées de ses lettres de créance aux autorités. Un geste apprécié par la junte.

Les médias d’État nigériens ont largement couvert et exploité la cérémonie durant laquelle l’Américaine Kathleen FitzGibbon a remis les documents au ministre des Affaires étrangères Bakary Yaou. Selon le chef de la diplomatie, Kathleen FitzGibbon présentera bientôt ses lettres de créances au nouvel homme fort du pays, le général Tiani. Cette seconde phase officialiserait la nomination et l’accréditation de l’Américaine auprès du pouvoir. Une bonne nouvelle, selon le ministre, malgré la législation qui interdit au gouvernement américain de coopérer avec des régimes militaires issus d’un coup d’État.

Washington avait condamné le putsch, entraînant la suspension de toute coopération civile et militaire avec la junte. Malgré tout, les Américains continuent d’aider l’armée nigérienne dans le survol de son territoire, dans la cadre de la lutte anti-terroriste. Ses avions volent presque quotidiennement. Selon des sources diplomatiques, les États-Unis défendent leurs intérêts en choisissant de rester à Niamey, alors que les forces françaises, elles, ont dû quitter le pays.

Washington dispose de plus de 1 300 soldats au Niger, et d’une base de drones armés qui surveillent tout le Sahel. Des facilités obtenues surtout grâce au chef d’état-major, le général Moussa Salaou Barmou, formé par les forces spéciales américaines et très influent sur la question de la présence américaine, présence qu’une partie de la population commence néanmoins à critiquer.

Vers une reprise progressive de la coopération militaire Niger-US

Il faut rappeler que la reconnaissance de l’interruption du processus démocratique a imposé aux USA de suspendre leur coopération au Niger. Le pays de l’oncle Sam a toutefois maintenu ses aides humanitaires ainsi que la présence de ses soldats stationnés sur le territoire nigérien notamment sur la base aérienne 201 d’Agadez.

Selon le Département d’Etat américain, la nouvelle ambassadrice  va travailler en priorité avec toutes les parties prenantes de la situation actuelle pour avaner vers le rétablissement des institutions démocratiques. «Les États-Unis sont solidaires et engagés auprès du peuple nigérien dans ses aspirations à la démocratie, à la prospérité et à la stabilité. Depuis le coup d’état, nous soutenons  l’action de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui cherche à travailler avec le Niger en vue de parvenir au rétablissement d’un régime démocratique », avait indiqué dans la déclaration du 10 octobre,  Matthew  Miller, porte-parole du Département d’Etat US. Et d’ajouter que « toute reprise de l’aide des Etats-Unis  est subordonnée à la prise le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) de mesures propres à instaurer une gouvernance démocratique dans les meilleur délais et de manière crédible ».

Les autorités nigériennes savent pertinemment que la législation américaine leur interdit toute coopération avec un régime militaire. Toutefois, ils espèrent faire évoluer les choses et se contentent de profiter de la présence militaire américaine pour obtenir d’autres gains.  « Ils sont là et c’est à nous donc de les convaincre maintenant pour qu’ils sachent que les militaires ne sont pas là pour rester éternellement », a indiqué le ministre des Affaires étrangères.

« Nous nous sommes  entendu qu’au fur et à mesure que nous avançons dans cette transition, ils vont revoir l’enveloppe de la coopération car toutes les coopérations sont suspendues sauf pour le volet humanitaire et nous sommes entrain de travailler sur la prochaine étape qui sera la coopération militaire, car nous en avons besoin, pas pour que leurs soldats viennent combattre auprès de nos soldats, mais qu’ils nous aident dans des domaines où pour le moment nous n’avons pas suffisamment de moyen, notamment la maîtrise du ciel, et les informations ». a déclaré  Bahary Yaou Sangaré, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

En septembre dernier, l’Armée américaine avait déjà annoncé la reprise de ses vols de surveillance à partir de leur base du Niger.