Guerre en Ukraine : L’Allemagne augmente ses dépenses militaires, la Suède change de doctrine

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L’Allemagne va augmenter ses dépenses de défense pour parvenir à plus de 2% de son PIB par an, soit davantage que ce que demande l’Otan. C’est Olaf Scholz qui l’a annoncé ce dimanche 27 février devant les députés. Quant à la Suède, comme Berlin au demeurant, elle va fournir des armes à Kiev. Toutes ces annonces sont historiques.

L’invasion russe en Ukraine fait voler en éclats tous les mantras de la politique allemande, en termes de diplomatie comme de défense. Face au conflit armé à ses portes, Berlin annonce un doublement de son budget militaire, rapporte notre correspondante dans la capitale fédérale, Nathalie Versieux.

C’était pourtant l’un des totems de la diplomatie nationale : le pacifisme, hérité du profond sentiment de culpabilité des Allemands depuis les atrocités commises par les nazis, vole en éclats alors que Kiev, à moins de 1 500 km de Berlin, est sous le feu des bombes russes.

L’Allemagne va donc se diriger vers une nette augmentation de ses dépenses militaires dans les années à venir, et Berlin engage dès à présent le déblocage immédiat d’une enveloppe de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée, la Budeswehr, notoirement sous-équipée.

« Nous allons à partir de maintenant, d’année en année, investir plus de 2% de notre produit intérieur brut dans notre défense », a déclaré le chancelier devant la Chambre des députés, lors d’une séance exceptionnelle du Bundestag. Cette annonce va au-delà de l’objectif que se sont fixés les pays de l’Otan, à savoir tendre vers les 2% du PIB national.

Il s’agit d’un revirement de taille pour l’Allemagne, qui ces dernières années traînait précisément des pieds au moment de se conformer aux engagements de l’Alliance atlantique dans ce domaine.

 

L’Allemagne pourrait acheter des avions de combat américains F-35, construits par Lockheed Martin, afin de remplacer sa flotte vieillissante de Tornado, a déclaré Olaf Scholz. Mais la prochaine génération d’avions de combat et de chars devra être fabriquée en Europe avec les partenaires de Berlin, la France en particulier, a-t-il ajouté.

Le dirigeant social-démocrate a également estimé que son pays devait agir rapidement pour réduire sa dépendance énergétique envers la Russie.

Soldats allemands de retour de Tachkent en Ouzbékistan, après leur évacuation d’Afghanistan, août 2021. © AP Photo/Martin Meissner

L’Allemagne est le quatrième exportateur d’armes au monde, et l’année 2021 fut exceptionnelle en matière contrats signés.

Mais depuis la fin de la Guerre froide, la RFA a nettement réduit les effectifs de son armée, passés de 500 000 personnes environ lors de la réunification du pays en 1990, à tout juste 200 000 aujourd’hui. Par ailleurs, les responsables militaires se plaignent régulièrement de pannes sur leurs avions de combat, navires de guerre ou chars.

Depuis des jours, les stratèges de l’armée rappellent que l’Allemagne serait, en l’état actuel, ni capable de voler au secours des pays baltes en cas d’agression contre ces alliés, ni même capable d’assurer sa propre défense.

L’invasion de l’Ukraine a donc agi comme un électrochoc : le chef de l’armée de terre lui-même, suite au déclenchement de la guerre par Moscou, a admis que la Bundeswehr était « nue ».

« Le monde est entré dans une nouvelle ère », a martelé Olaf Scholz pour justifier ce changement de cap. Un changement de cap néanmoins particulièrement radical pour son allié écologiste, et pour sa longue tradition anti-militariste.

  • La Suède rompt avec sa doctrine d’armement

Le conflit en Ukraine fait bouger les lignes partout en Europe, même dans les pays qui cultivaient jusque-là une certaine neutralité. C’est le cas de la Suède, qui a annoncé dimanche soir l’envoi de 5 000 lances-roquettes antichar, une arme essentielle pour les Ukrainiens.

Ce que Magdalena Anderson, Première ministre sociale-démocrate, a annoncé constitue un tournant majeur dans la politique étrangère suédoise, qui excluait jusque-là d’envoyer des armes dans un pays en guerre. La Suède va livrer aux militaires ukrainiens 5 000 lance-roquettes antichar, 5 000 casques et gilets pare-balles, 135 000 rations de combat. Coût total : 50 millions d’euros.

Les lance-roquettes sont en mesure de « mettre hors d’usage des tanks et des blindés », souligne le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist. « Un système simple à utiliser, qui ne nécessite pas de formation et peut être utilisé par un soldat seul », fait-il remarquer. Stockholm n’a toutefois pas inclus son arme antichar la plus puissante, de classe NLAW/Robot 57, souhaitée à Kiev.

Cette décision est sans précédent depuis 1939, quand la Suède avait apporté son aide à son voisin finlandais, attaqué par l’URSS de Staline. Mais elle est aussi dans la logique des menaces toujours plus appuyées de Vladimir Poutine envers ces deux pays.

S’ils ne sont pas membres de l’Otan, Suède et Finlande collaborent de plus en plus étroitement avec l’Alliance atlantique, rappelle notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux. La Suède, qui a rejoint le Partenariat pour la paix de l’Otan en 1994, avait aussi décidé après l’annexion russe de la Crimée en 2014 de rééquiper son armée, et de rétablir le service militaire.

Avec RFI & agences