Qui a dit que la prolongation accordée aux conseils communaux et municipaux est mauvaise ? Même si elle est diversement appréciée, a quelque chose de positif pour les acteurs politiques eux-mêmes qui n’étaient en fait pas prêts pour les hostilités électorales prévues cette année.
A preuve, c’est maintenant que bon nombre cherchent à se donner les ressources pour une bonne campagne électorale. Les moyens à mobiliser se faisant rares, crise financière oblige, chacun cherche à se frayer le chemin qui lui a paru convenir, pourvu que la fin comble les espoirs ou les attentes. En réalité, ce n’est pas seulement la LEPI qui souffrait d’insuffisance, il y avait aussi les acteurs et ceux qui aspirent à la gestion de la chose locale. Ils sont nombreux à se battre maintenant pour constituer des réserves pour cette bataille électorale. On en veut pour preuve que les crises qui secouent certains conseillers communaux autour de la distribution des marchés publics.
Dans certaines localités, les difficultés de cohabitation sont exposées au grand jour. Ceux qui hier s’entendaient sont aujourd’hui profondément divisés, à cause de l’attitude handicapante de leurs exécutifs. Le partage qui se faisait sans bruit est exposé sur la place publique, les intérêts n’étant plus assurés comme avant. Dans une atmosphère tendue, de gifles perpétuelles et de coups bas, des conseils sont partis en lambeaux, donnant libre cours à des supputations. Ce qui divise est plus profond que ce qui a unit hier.
Dans certaines communes, le maire est monté sur certains marchés sans même chercher à respecter la procédure en vigueur au Bénin en matière de passation des marchés. Informés de la triche, d’autres conseillers déclenchent la guerre, attendant qu’on vienne leur proposer le deal avant de baisser la garde : ils font simplement du chantage au maire qui, lui, a pion sur rue auprès de l’autorité de tutelle. On amuse la galerie avec la guerre des intérêts égoïstes et on se moque ce faisant du peuple. C’est l’heure en tout cas de mobilisation des fonds pour les échéances prochaines.
Et les conseillers s’activent de toutes les manières pour s’en mettre plein les poches puisqu’on sait désormais que le seul langage compris des électeurs est celui de l’argent, « Akwè ». Cela compte pour beaucoup et il faut souhaiter en avoir assez pour ces hostilités qui s’annoncent, même dans les hostilités. A cause de ça, des pans entiers de conseils unis dans une tendance majoritaire ont volé en éclats, chacun allant de son côté pour mieux s’assurer de ce lendemain qui ne doit déchanter. La prolongation du mandat des conseils communaux et municipaux a ceci de particulier qu’elle installe davantage dans des hostilités entre les frères.