La réaction de Rosine Soglo à l’hémicycle

Politique

Le parlement a été officiellement saisi du projet de révision de la constitution initié par le chef de l’Etat. Le président Adrien Houngbédji l’a notifié à ses collègues dans la matinée de ce jeudi 16 mars, en marge de la session extraordinaire en cours. Se prononçant sur le dossier, l’honorable Rosine Soglo s‘oppose à « toute révision en procédure d’urgence ».

En rendant compte aux députés, le président Adrien Houngbédji a expliqué que le chef de l’Etat a demandé l’examen du projet de révision constitutionnelle en procédure d’urgence. « Nous ne pouvons pas porter une appréciation sur l’opportunité de cette demande. Ce que nous pouvons faire par contre, c’est de voir si en application du Règlement intérieur de notre Assemblée nationale, nous devons accéder à la demande. Nous ne pouvons pas accéder à la demande pendant que nous sommes en session extraordinaire, puisque l’ordre du jour d’une session extraordinaire est précis, mais une fois la session terminée, nus devons accéder à la demande(…) A quelle date précise, nous verrons cela à la fin de la session… », a déclaré le président de l’Assemblée nationale.

La première réaction, suite à la présentation du président de l’Assemblée nationale est venue de la doyenne d’âge du parlement, Madame Rosine Soglo. Forte de ses 83 ans, l’ex première dame s’est opposé à la révision de la constitution du 11 décembre 1990 en procédure d’urgence.

« Moi je ne suis pas d’accord pour la question d’étudier notre constitution en urgence. Que cela soit fait en une nouvelle session extraordinaire, je suis d’accord, mais en urgence, qu’est ce qu’il y a d’urgent actuellement, pour que toute affaire cessante, on se mette à réviser la constitution alors qu’il y a tellement d’autres problèmes ? se demande l’ex présidente de la Renaissance du Bénin avant d’enchaîner « la misère du peuple, le développement ». « Notre constitution, il y a un quart de siècle que nous l’avons. Je ne dis pas qu’elle est parfaite. Aucune œuvre humaine n’est jamais parfaite … Dans la constitution, il a été dit qu’elle peut être révisée, mais il n’a jamais été dit qu’il y ait une révision d’urgence », tranche celle que les Béninois appellent la Dame de fer . « Cette constitution, elle concerne toute la nation, elle concerne notre vie. Qu’est-ce qui y a d’urgent ? Qu’est-ce qui pousse le président Patrice Talon à vouloir réviser une constitution en urgence ? Mais en urgence ! Qu’est ce qui y a d’urgent ? Le pays brûle ? On est en guerre ? Qu’est-ce qu’il y a ?, s’interroge la doyenne d’âge du parlement qui demande qu’on laisse les honorables aller consulter les populations ».

Rosine Soglo n’a pas manqué de faire le point de la situation sociale. « Mais le pays n’est pas content. Est-ce que le président Talon écoute le pays ? Qu’il fasse comme certains sultans, qu’il sorte la nuit, pour écouter le peuple. Il saura combien son peuple est insatisfait, que son peuple meurt de faim, et que son peuple n’a rien à ficher avec une révision en urgence de la constitution. Son peuple demande à manger, à ne plus avoir un problème de lèpre qui est revenu dans notre pays, de poliomyélite qui fait qu’à Malanville des enfants ne marchent pas. C’est en ce moment qu’on nous demande de réviser la constitution d’urgence. Ah non ! Je suis d’accord qu’il y ait session extraordinaire, mais pas d’urgence », martèle Rosine Soglo. Elle promet prendre son « bâton de pèlerin avec Hercule (son époux Nicéphore Soglo ndlr) … pour dire non et non ». Il n’y a pas urgence à réviser la constitution, il n’y a aucune urgence », insiste l’Honorable Rosine Soglo.