Au Gabon, le dialogue politique voulu par le président Ali Bongo après la dernière crise post-électorale franchit une nouvelle étape. La phase citoyenne s’est clôturée ce mercredi 12 avril, après deux semaines de débats durant lesquels plus d’un millier d’organisations de la société civile ont proposé une série de changements pour apaiser le pays. Leurs conclusions ont été remises et seront utilisées dans la phase politique qui a commencé mercredi soir. Elle met face à face majorité et une partie de l’opposition. La coalition autour de l’ancien candidat à la présidentielle Jean Ping, elle, continue de boycotter. Pourtant, les citoyens réclament des réformes en profondeur.
La soif de réformes rappelle beaucoup la dernière crise post-électorale puisqu’en effet, les aspects politiques et institutionnels ont dominé les débats. « Il y a une volonté de modernisation, d’éviter une trop grande influence de l’exécutif et que quelqu’un reste trop longtemps en fonction », reconnaît Ali Akbar Onanga Yobeghé, co-rapporteur pour la majorité.
Les citoyens réclament par exemple un mandat présidentiel de 5 ans au lieu de 7, renouvelable une fois et non illimité, avec une élection à deux tours au lieu d’un seul.
« Ces propositions ne posent pas de problème à l’élite gabonaise », affirme Ali Akbar Onanga Yobéghé, ajoutant tout de même qu’il y aura « un débat juridique » à propos des années que le président Bongo a déjà passées au pouvoir.
Demande de changement
La demande de changement est forte vis-à-vis de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale (Cénap), vues comme des instruments du pouvoir par l’opposition. Il y a par exemple un nombre de mandats limité pour les juges constitutionnels, avec éventuellement des nominations par leurs pairs.
Sont concernés aussi les résultats électoraux, objets de nombreuses suspicions lors du dernier scrutin, pour qu’ils soient annoncés à la presse devant les bureaux de vote le soir et éviter une manipulation dans la centralisation. « Les débats s’annoncent âpres car ces réformes sont à la source du pouvoir actuel », a réagi l’opposant Pierre Claver Maganga Moussavou.