Le 15 août 2024, la France a marqué le 80e anniversaire du débarquement de Provence à la nécropole de Boulouris. Emmanuel Macron, aux côtés de dirigeants africains, a salué le sacrifice des soldats africains, qui constituaient plus de la moitié de l’armée B française lors de cette opération décisive.
Constituée en grande partie de soldats des anciennes colonies françaises, l’armée B est celle à laquelle le président français Emmanuel Macron a largement rendu hommage. Après le chant des commandos d’Afrique, interprété par le chœur de l’armée française, le chef de l’État français a commencé son discours en parlant de l’armée d’Afrique, avec laquelle il a aussi conclu ses propos. Il a rappelé que parmi les 230 000 soldats qui ont débarqué en 1944, beaucoup n’avaient jamais foulé le sol français auparavant. Le président a insisté sur la diversité de cette armée, « pas de la même génération, pas de la même confession et pas de la même condition », mais qui représentait néanmoins « l’armée de la nation ». Il a alors dit s’incliner devant ces soldats français d’Afrique : « La part d’Afrique en France, c’est aussi ce legs qui nous oblige. La France n’oublie rien des sacrifices. » Paul Biya rend hommage aux soldats africains
Juste avant lui, le président camerounais Paul Biya, en tant que doyen des dirigeants présents, a ouvert les discours. À 91 ans, il a rendu un hommage appuyé aux héros de cette guerre, soulignant que « la contribution de l’Afrique a été significative pour rompre les chaînes de l’occupation allemande » et que les « valeureux soldats » ont payé « un lourd tribut ».
Michel Boyer, professeur associé à Sciences Po Rabat, a commenté la situation en soulignant le manque de reconnaissance dont ont souffert ces combattants après la guerre. « L’armée d’Afrique reste une armée profondément marquée par le statut de l’indigénat. Il n’y a pas eu la reconnaissance politique suffisante à la hauteur du sacrifice consenti. Il va falloir attendre très longtemps pour que les indemnisations soient obtenues », a-t-il affirmé au micro de Matthias Raynal.
Nombreux présents
Outre Emmanuel Macron et Paul Biya, la cérémonie a vu la présence de plusieurs dirigeants africains. Au premier rang, trois anciens combattants, une résistante, un volontaire français et un goumier marocain, tous âgés d’environ 100 ans, ont été décorés de la Légion d’honneur. Parmi eux, Larbi Jawa, 99 ans, a exprimé sa fierté d’être enfin reconnu, même si le geste lui semble tardif. Son fils, très ému, a déclaré : « Il a donné son âme et son sang pour la France. »
L’assemblée à la nécropole de Boulouris comptait également 17 vétérans français, 5 sénégalais dont un porteur de la flamme, ainsi que deux marocains, certains accompagnés de leur famille. Samba Diao, fils d’un ancien combattant sénégalais et président d’une association de familles de tirailleurs sénégalais, a réagi après les discours présidentiels : « Les discours ont été très éloquents. J’ai beaucoup apprécié les discours de Paul Biya et d’Emmanuel Macron. Ce que j’ai noté, c’est qu’Emmanuel Macron a dit “on n’a rien oublié, on pense beaucoup à l’Afrique”. J’ai l’impression qu’il a compris et apprécié l’apport des Africains lors des théâtres d’opérations. Cependant, il y a encore des choses à faire, et je crois qu’un seul issu des colonies mérite d’être inscrit au Panthéon. »
La cérémonie s’est clôturée par le passage de la patrouille de France qui a marqué le ciel des couleurs bleu-blanc-rouge au-dessus des pins.
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