La France a décidé de fermer son ambassade au Niger, où « elle n’est plus en capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions », a-t-on appris jeudi auprès de sources diplomatiques, alors même que Paris achève le retrait de ses troupes du pays.
C’est une nouvelle étape dans le profond divorce entre la France et le Niger. Paris a décidé de fermer son ambassade dans la capitale, Niamey, où « elle n’est plus en capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions », a-t-on appris jeudi 21 décembre de sources diplomatiques.
Cette mesure, extrêmement rare, intervient alors que le Niger avait annoncé le 12 décembre le départ de tous les soldats français déployés dans le pays dans le cadre de la lutte antijihadiste d’ici le 22 décembre, soit ce vendredi.
Une rupture qui intervient après des mois de tensions avec les généraux qui ont pris le pouvoir à Niamey, lors d’un coup d’État le 26 juillet.
« Après l’attaque contre notre ambassade le 30 juillet dernier, et après l’instauration d’un blocus autour de notre emprise par les forces nigériennes, nous avions procédé, fin septembre, au départ de l’essentiel de nos personnels diplomatiques », ont expliqué les sources diplomatiques.
« L’ambassade de France au Niger n’est donc plus en capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions. Prenant acte de cette situation, nous avons décidé la fermeture prochaine de notre ambassade », ont-t-elles poursuivi. « C’est dans ce cadre que nous avons dû procéder au licenciement et à l’indemnisation de nos agents de droit local. »
Ambassadeur « otage »
Après le coup d’État du 26 juillet, les militaires au pouvoir avaient rapidement exigé le départ des quelque 1 500 soldats français déployés dans le pays pour lutter contre les jihadistes et dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec Paris.
Le régime militaire avait aussi prononcé fin août l’expulsion de l’ambassadeur de France, Sylvain Itté. Celui-ci était resté coincé à l’intérieur de la représentation diplomatique pendant près d’un mois avant de pouvoir la quitter. Il était « pris en otage », avait commenté le président français Emmanuel Macron.
Les entreprises nigériennes fournissant du ravitaillement à l’ambassade étaient « dissuadées, voire menacées » par le nouveau pouvoir, et avaient fini par ne plus venir, avait déclaré Sylvain Itté fin septembre sur la chaîne TF1.
« Il fallait sortir les poubelles sans que nos amis de la junte s’en aperçoivent », avait-il relaté, ajoutant : « Il s’agissait de faire rentrer de la nourriture, de l’eau, là aussi en faisant preuve d’ingéniosité. »
Le 30 juillet, une manifestation violente qui avait visé l’ambassade de France s’était muée en « attaque » et avait « duré plus de 2 h 30 », avait-il raconté. « Ce jour-là, nous étions collectivement en danger et nous sommes passés très, très près du drame, parce qu’il y avait plus de 6 000 personnes qui étaient là pour en découdre, qui étaient là pour rentrer dans l’ambassade », avait relaté le diplomate.
Avec AFP