La France a annoncé, ce 1er août 2023, le début de l’opération « d’évacuation de ses ressortissants et des ressortissants européens qui souhaiteraient quitter le » Niger, pays où un coup d’État a eu lieu le 26 juillet 2023. Trois avions – des Airbus A330 et A330 MRTT – sont partis d’une base aérienne du sud de la France, pour l’aérodrome civil de Niamey. Un premier avion a atterri vers 1h30 à Paris Roissy.
La France va évacuer ses ressortissants du Niger, selon un message adressé par l’ambassade de France à Niamey aux ressortissants français ce 1er août 2023. Information appuyée dans la foulée par le ministère français des Affaires étrangères : « La France prépare l’évacuation de ses ressortissants et des ressortissants européens qui souhaiteraient quitter le pays. » Le Quai d’Orsay précise que « cette évacuation débutera dès aujourd’hui ».
Un premier avion s’est posé à Niamey vers 14h30, heure locale, le second, deux heures plus tard, et un troisième est attendu dans la soirée. Tous ces appareils sont partis d’une base de sud de la France ce mardi. Un Airbus A330 a atterri vers 1h30 à Paris Roissy-Charles de Gaulle, avec 262 personnes à bord.
1200 Français au Niger
Dans les prochaines heures, ces opérations vont se poursuivre. En tout, sur les 1 200 Français vivant au Niger, 600 ont demandé à quitter le pays. En plus, des ressortissants européens doivent être évacués par Paris. Côté français, on espère pouvoir achever l’opération dans les 24 prochaines heures À noter que seuls les civils sont concernés par cette opération. L’évacuation des militaires français n’est en revanche pas « à l’ordre du jour » prévient l’état-major des armées.
L’Allemagne a recommandé « à tous ses ressortissants à Niamey d’accepter l’offre » de la France de les évacuer à bord des avions qu’elle a affrétés.
Ce mardi, l’Italie a annoncé se tenir prête à rapatrier par avion ses ressortissants qui le souhaiteraient. « Le gouvernement italien a décidé d’offrir à nos compatriotes présents à Niamey la possibilité de quitter la ville avec un vol spécial pour l’Italie », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani sur Twitter.
Elle a « fait l’objet d’une coordination avec les forces nigériennes »
La France, de son côté, justifie sa décision par les « violences qui ont eu lieu contre notre ambassade avant-hier et la fermeture de l’espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens ».
L’ambassade avait indiqué, dans son message adressé directement à ses ressortissants sur place, que cette opération fait l’objet « d’une coordination avec les forces nigériennes ».
Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale, joint par RFI, explique : « Il va falloir utiliser les installations aéroportuaires de Niamey. Donc il est préférable d’avoir un accord avec les autorités locales – même si, bien sûr, derrière, il y a le contexte du putsch – pour que cette évacuation se fasse en toute sécurité. Il appartient aux autorités nigériennes de garantir la sécurité de l’évacuation des ressortissants français et également européens. Et, bien sûr, la France, elle, se charge de l’évacuation par voie aérienne vers un pays tiers, un pays où ils seront en sécurité avant de rentrer éventuellement vers la métropole. »
Coup dToujours sur nos antennes, le Général Christophe Gomart, qui a été commandant des Forces spéciales, rappelle, lui, que « l’aéroport est en partie tenu par les Français puisque ce qu’il reste de la force Barkhane, c’est-à-dire environ 1500 soldats, sont installés sur l’aéroport de Niamey, donc sont en mesure effectivement d’accueillir cet avion et de protéger les ressortissants qui seront évacués ».
Jérôme Pellistrandi prévient toutefois : « Cette opération, elle est complexe parce qu’il faut bien sûr garantir la sécurité des ressortissants. Mais surtout, il faut évacuer les ressortissants des différents lieux où ils vivent dans Niamey. Et c’est pour ça qu’il est indispensable d’avoir le feu vert des autorités nigériennes pour que cette partie, qui est la plus délicate puisse se faire en toute sécurité. »
Il conclut, au sujet de cette opération : « Ça peut prendre en fait quand même 2 ou 3 jours en fonction du nombre d’avions disponibles et surtout de la capacité des ressortissants à évacue de rejoindre des lieux sécurisés, notamment l’aéroport. Normalement, cela a déjà été préparé, anticipé. Et maintenant, tout va dépendre de l’exécution et surtout de l’attitude des autorités nigériennes, et puis aussi bien sûr de la population de Niamey. »
« Préférable d’évacuer les ressortissants de façon à éviter qu’ils deviennent des cibles »
Le 31 juillet 2023, les putschistes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie ont accusé la France de vouloir « intervenir militairement », ce qu’a démenti la cheffe de la diplomatie française. « C’est faux », a déclaré Catherine Colonna sur la chaîne française BFMTV. « Il faut démonter les intox et ne pas tomber dans le panneau », a-t-elle également ajouté au sujet de slogans anti-français lancés lors d’une manifestation devant l’ambassade de France à Niamey, le 30 juillet.
Interrogé sur cet événement, le Général Christophe Gomart décrypte, au micro de Magali Homo : « Au départ, c’était le PNDS, le parti d’opposition du président Mohamed Bazoum qui était ciblé. Puis ensuite, l’ambassade de France. Mais derrière, ça peut très vite déraper. Et je pense qu’en mesure de protection, il est préférable d’évacuer les ressortissants de façon à éviter que ceux-ci deviennent des cibles. Pour l’instant, je ne pense pas qu’ils le soient. Il est préférable de le faire en avance de phase plutôt qu’après. »
Le groupe nucléaire Orano compte poursuivre ses activités opérationnelles sur place
De son côté, l’entreprise Orano (ex-Areva), qui exploite plusieurs gisements d’uranium au nord-ouest du Niger, indique à RFI qu’à ce stade ses activités opérationnelles sur place se poursuivent. Le groupe nucléaire évoque une dizaine de collaborateurs étrangers qui pourraient être concernés et évacués s’ils le souhaitent mais rappelle que « 99% de collaborateurs sont nigériens » et que la « présence des expatriés ne conditionne pas la continuité des activités ».
Le Niger n’est plus, depuis 2021, le premier fournisseur d’uranium du continent européen mais il représente tout de même encore près du quart des importations européennes de ce combustible indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires.